Mort tragique du petit Ezra Firmin - Nathan, son oncle : «Il devait commencer la garderie cette semaine»

Le petit Ezra Firmin, âgé d’un an et huit mois, est décédé jeudi. Son père et la compagne de celui-ci ont d’abord affirmé qu’ils avaient retrouvé son corps dans un puits d’absorption. Mais très vite, les enquêteurs ont mis en doute leur version des faits et soupçonnent maintenant un cas de maltraitance. Le couple a été arrêté.

La voix, les rires et les pas du petit Ezra, un an et huit mois, ne résonneront plus dans la maison de sa grand-mère paternelle, Marie-Thérèse Bhoyroo. Le garçonnet, qui faisait le bonheur de ses proches à Résidences Kennedy, a quitté ce monde le jeudi 9 février dans des circonstances troubles. Son corps sans vie a été retrouvé sur un élevage de poulets à La Marie, Vacoas, où résidaient son père Christophe Firmin, 29 ans, et la compagne de celui-ci, Élodie Jules, 19 ans. Le couple est actuellement en détention pour homicide involontaire.

Marie-Thérèse et Nathan, le frère de Christophe, ont du mal à accepter cette soudaine disparition. « Ezra était notre joie de vivre », lâche la grand-mère de 57 ans, encore sous le choc. Elle explique que son benjamin et elle avaient commencé à s’occuper du petit quand il avait deux mois : « Patricia, l’ex-compagne de Christophe, l’avait quitté en lui laissant le bébé sur les bras. Ils habitaient à Chemin-Grenier. Christopher est retourné vivre avec nous à Résidences Kennedy. »

L’arrivée d’Ezra a bouleversé le quotidien de la famille. « Mon frère travaillait déjà à la ferme. Ce n’était pas évident d’y emmener un enfant. Il partait travailler et laissait Ezra à la maison », raconte Nathan, le parrain du petit. « Ezra était une boule d’énergie. Il était gâté et choyé par tout le monde. Il apportait du bonheur et une joie immense dans cette maison », ajoute le jeune homme de 27 ans. La douleur l’étreint quand il se souvient des premiers mots, des premiers pas de son filleul. « Tous les soirs, il dormait à mes côtés. Parfois, c’est lui qui me réveillait le matin... »

Nathan garde également le souvenir d’un petit farceur, toujours prêt à jouer des tours. « Sa lazla li konn fer mesanste ! Ena kout, si finn les savat devan laport, li al kasiet savat la. Kan kriye li, li fer inosan, kouma dir pann tande », se remémore notre interlocuteur. Ezra allait être envoyé en garderie. « Il devait commencer ce lundi 13 février. Nous avions déjà tout prévu. J’avais déjà rempli un tiroir de gâteaux pour lui », raconte son oncle.

Après le drame, Christophe est venu récupérer l’acte de naissance d’Ezra chez Marie-Thérèse. Il n’a pas voulu lui faire part de la terrible vérité, mais la quinquagénaire a su que quelque chose de terrible s’était passé. « Mo leker granmer ti pe averti mwa ki finn ariv mo ti zanfan kitsoz », lâche-t-elle en pleurs. Les funérailles d’Ezra ont eu lieu vendredi après-midi. Christophe a été autorisé à voir la dépouille de son fils quelques minutes, puis il a été présenté en cour de Curepipe pour sa mise en accusation provisoire.

Circonstances douteuses

Christophe Firmin, le père d’Ezra, vivait en concubinage avec Élodie Jules, 19 ans, déjà mère de deux filles. Selon ses proches, Christophe voulait avoir son fils à ses côtés pour quelques jours, raison pour laquelle il avait emmené Ezra à la ferme. Élodie Jules a déclaré que jeudi, elle avait donné à manger aux enfants avant de s’endormir avec eux. à son réveil, elle aurait constaté qu’Ezra était sorti de la maison et qu’elle elle se serait lancée à sa recherche.

Christophe, qui travaillait un peu plus loin sur la ferme, aurait alors aperçu le corps inerte du petit, la tête dans une flaque d’eau. Il aurait tenté de ranimer son fils, mais c’était déjà trop tard. Toutefois, très rapidement, les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de Vacoas ont mis en doute la version du couple, en raison des incohérences qu’ils ont relevées. L’autopsie a révélé qu’Ezra avait succombé à un œdème cérébral et pulmonaire, écartant ainsi la thèse de noyade.

De plus, le petit n’avait rien dans l’estomac, ce qui contredisait les dires de la jeune femme. Croyant avoir affaire à un cas de maltraitance, la police a arrêté le couple. Christophe a avoué que, pris de panique, et par crainte de perdre les autres enfants, il a demandé à sa compagne de mentir. Vendredi, Christophe Firmin et Élodie Jules ont été provisoirement inculpés d’homicide involontaire. Un rapport est attendu dans une dizaine de jours, afin de confirmer si l’enfant souffrait de malnutrition et/ou de maltraitance.

Les proches rejettent la thèse de maltraitance

Les proches du couple estiment que Christophe Firmin et Élodie Jules ne sont pas coupables de maltraitance sur le petit Ezra. Nathan croit dur comme fer que son frère n’aurait jamais levé la main sur son fils. Il ne pense pas non plus que Christophe aurait pu ne pas nourrir l’enfant. « Christophe travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Ezra était tout pour lui. Il voulait passer du temps avec son fils, c’est pourquoi il a demandé à l’avoir avec lui », affirme le parrain du petit.

Patricia, la mère biologique d’Ezra, affirme que Christophe aimait son fils plus que tout. « Depuis cette tragédie, j’en ai perdu le sommeil. Je veux savoir ce qui s’est passé », lâche-t-elle en larmes. Chantal, la mère d’Élodie, soutient également que l’enfant ne manquait de rien : « Ma fille s’occupait très bien du petit. Elle faisait tout son possible pour veiller sur lui, comme si c’était son enfant. Je ne crois pas qu’ils aient maltraité le petit, c’est impossible. »