Mort suspecte sur son lieu de travail : Gaël Thomas cumulait deux emplois pour subvenir aux besoins de sa famille

Il souhaitait plus que tout se libérer de l'emprise de la drogue. Gaël Thomas, âgé de 22 ans, avait à cœur de bien faire les choses. Cependant, le destin s'est montré cruel envers cet habitant de Camp Levieux. Le 1er décembre dernier, alors qu'il s'occupait du ramassage de vieilles ferrailles, le malheur s'est abattu sur lui. Gravement blessé à la tête lors de ce qui semblait être une chute, il a rendu l'âme le 4 décembre.
Cependant, après son autopsie, cette affaire a pris une tout autre tournure. Suspectant un acte malveillant, la Major Crime Investigation Team a procédé à l'arrestation de deux suspects le 9 décembre dernier. Mais ces derniers nient toute implication.

La famille de Gaël est profondément affectée par sa disparition. Le jeune homme faisait partie d'une fratrie de cinq enfants, composée de trois sœurs et deux frères. « Gaël était le benjamin de la famille », confie sa sœur aînée. Celle-ci explique que son frère était quelqu'un de jovial, mais malheureusement, il s'est retrouvé sur une mauvaise voie. « Il a étudié jusqu'à la Form 3 avant d'arrêter le collège », raconte-t-elle. Par la suite, il a commencé à travailler pour aider ses parents. Toutefois, sa vie a basculé. « Il a eu de mauvaises fréquentations et s'est laissé entraîner dans l'enfer de la drogue », regrette sa sœur.

« Il n'était pas violent. Nous l'avions toujours aidé pour qu'il sorte de cette situation. Il y a quelque temps, Gaël avait pris la ferme résolution de se tenir loin de tout problème. Notre sœur a eu un bébé, et Gaël aimait cette petite fille plus que tout. Quand notre sœur rendait visite à nos parents, Gaël s'occupait de la petite comme si c'était la sienne. Il voulait s'en sortir. Il avait commencé son traitement à la méthadone et avait arrêté de se droguer. Je l'accompagnais et le soutenais », relate sa sœur.

Il y a deux ans, le jeune homme avait trouvé du travail auprès d'un entrepreneur domicilié à Stanley. Il effectuait le ramassage de vieilles ferrailles pour le compte de ce dernier. « Il s'était adapté et aimait ce qu'il faisait », ajoute sa sœur. « Je voulais l'emmener dans un centre spécialisé. Il était intéressé, mais je pensais que s'il s'absentait, il allait perdre ce travail. Je lui disais qu'il pouvait en avoir un autre, mais lui ne voulait pas ».

Maltraitance

Il était généreux dans l'effort. « Le patron de mon frère construisait une maison et avait demandé à Gaël de travailler comme gardien le soir. Il n'a pas hésité une seconde. Il bossait sur le camion le matin, retournait à la maison vers 18 h 30, puis à 20 heures, il se rendait sur le site de construction comme vigile pour aider nos parents », explique sa sœur.

Cependant, il y a environ trois mois, le jeune homme a commencé à se confier à ses sœurs. « Il disait qu'il y avait des personnes qui le maltraitaient dans son travail », dit-elle. Malgré tout, il ne voulait pas arrêter de travailler.

Le 1er décembre, avec ses sœurs et leur mère, ils avaient prévu d'aller faire un tour à Rose-Hill. « Il souhaitait acheter des gâteaux et quelque chose pour le bébé », avance sa sœur. Gaël est parti au travail en pensant qu'il allait rentrer tôt. C'est au cours de cette journée que le drame s'est produit. « Nous l'appelions mais n'obtenions aucune réponse de lui. Nous étions déjà à Rose-Hill », indique-t-elle. Puis, la maman a reçu un appel l'informant de cette terrible chute. « Ma mère s'est précipitée à l'hôpital. Nous l'avons rejointe. Le médecin a demandé à nous parler et nous a expliqué que mon frère avait subi des blessures à l’avant et à l'arrière du crâne. Cela ne ressemblait pas à une chute. Ce n'était pas un accident ». Placé en soins intensifs, le jeune homme ne s'est plus réveillé. Il a rendu l'âme le 4 décembre.

Après son autopsie, qui a révélé qu'il avait succombé à une fracture du crâne, une enquête approfondie a été réclamée. C'est ainsi que la MCIT a pris l'affaire en main, et les enquêteurs ont procédé à deux arrestations, notamment Franco Walter N. et Samia L., qui travaillaient avec Gaël. Ces deux suspects soutiennent que la victime a fait une chute, mais cette version est loin de convaincre les enquêteurs. Ils ont été inculpés provisoirement de meurtre et demeurent en cellule policière.