Il est certainement le Mauricien lambda le plus connu du pays. À 47 ans, Afzal Goodur est celui qu’on surnomme Monsieur Météo, tant ses prévisions météorologiques s’avèrent exactes. Suivi par plus de 100 000 facebookers, ce père de famille affirme qu’il ne dirait pas non à un emploi comme prévisionniste à la station de Vacoas, si cette chance lui était offerte.
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La mine sympathique, Afzal fait partie de ces gens dont on se souvient longtemps après une rencontre. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce sont des personnes authentiques. Et c’est le cas pour Afzal Goodur.
Originaire de Vuillemin, Quartier-Militaire, Afzal est le cadet d’une famille de quatre enfants. Comme beaucoup d’habitants de la région, ses parents possèdent une plantation de thé, où le petit Azfal a passé son enfance. « Nous étions si pauvres à l’époque que nous n’avions d’autres choix que d’aider nos parents à cueillir le thé tôt le matin avant d’aller à l’école. »
Fréquentant le collège Eden, Afzal décide toutefois de mettre fin à ses études en Form IV : « À l’époque, tous mes amis se faisaient embaucher dans les usines de textile. Je me suis laissé influencer. C’est ainsi que j’ai travaillé comme machiniste pendant un an, avant d’être embauché comme vigile. »
Trois ans plus tard, Afzal entend l’appel de la terre et quitte son emploi de vigile pour cultiver des légumes. « Avec le temps, mon père a préféré cultiver des légumes à la place du thé. Je lui ai prêté main-forte à partir de 1990. »
Peu de temps après, il rencontre l’amour en la personne de Sazana, une jeune femme qu’il ne tarde pas à épouser . « C’était une fille de la localité et je l’ai épousée en 1991. Ensemble, nous avons eu trois enfants. Deux filles et un fils. »
Puis, pour subvenir aux besoins des siens, le père de famille enchaîne les petits boulots. De boulanger à distributeur de sacs en plastique, avant de faire carrière comme chauffeur de van scolaire : « Dans le passé, j’avais toutes les peines du monde pour aller chercher ma fille après ses leçons particulières. Aucun chauffeur ne voulait la récupérer. Il fallait que je me débrouille. J’ai commencé à aller la chercher dans le van que j’utilisais pour distribuer mes sacs en plastique. C’est ainsi que d’autres parents m’ont demandé si je pouvais faire la même chose pour leurs enfants. Ce que j’ai fini par accepter. Et aujourd’hui, j’ai deux vans scolaires. »
Les affaires étant florissantes, notre homme ouvre par la suite une supérette : « Mon dur labeur et mon sens du sacrifice ont fait que j’ai pu ouvrir une supérette. Mais je n’ai jamais pu m’éloigner de la terre. Parce qu’aujourd’hui encore, je continue à cultiver des légumes. »
En dehors du monde des affaires, Afzal est surtout connu des Mauriciens comme un amoureux de la météorologie : « Depuis petit, j’ai toujours beaucoup aimé les cyclones. Plus grand, j’ai commencé par suivre leurs trajectoires sur des cartes que je réalisais moi-même. Le reste n’est que documentation et flair. »
Et quand il s’agit de cyclones et d’inondations, il faut admettre qu’Afzal a du nez. « Je passe mon temps à me documenter sur les cyclones et les inondations. Tant et si bien que j’ai pu prévoir les inondations du 8 mars 2008 et celles du 30 mars 2013. C’est d’ailleurs à partir de 2013 que j’ai commencé à me faire connaître sur Facebook. »
En effet, au cours de la même année, il s’est imposé un défi. « J’ai demandé aux facebookeurs s’ils voulaient que je poste mes prévisions. Pour que je commence à le faire, il me fallait 50 likes. Et en moins d’une minute, j’ai obtenu 200 likes. C’est à ce moment que j’ai commencé avoir des centaines de followers. »
Et pour cause, rien que pour son compte Facebook, Afzal dispose de 50 000 followers alors que ce chiffre passe à 60 000 pour sa page. Un exploit que ce passionné attribue à l’exactitude de ses prévisions : « Une fois que j’analyse les cartes synoptiques, j’arrive à dire avec une marge d’erreur minime ce que nous réserve la météo. Je peux même dire à quelle heure il y aura des précipitations, par exemple. De plus, je pense que j’ai aussi fait mes preuves avec mes prévisions cycloniques. Celles concernant Berguitta peuvent ainsi en attester. »
Afzal tient toutefois à apporter une précision : « Je ne veux nullement créer une rivalité avec la station de Vacoas. Je respecte les prévisionnistes. Ils ont la formation et les équipements nécessaires pour informer la population. D’ailleurs, dans le passé, j’ai transmis à certains prévisionnistes mes analyses sur Facebook, mais ils m’ont par la suite bloqué, alors que je souhaitais seulement les aider. »
Par ailleurs, Afzal ne dirait pas non si la chance lui était offerte de collaborer avec les météorologues de la station de Vacoas : « Si un jour, on me donne la possibilité de travailler de concert avec les prévisionnistes de Vacoas, j’accepterai volontiers. Certaines de mes compétences peuvent être utiles à la station météo. »
Un homme de courage
Afzal Goodur est aussi un homme qui a dû surmonter beaucoup d’épreuves dans la vie. En effet, ce dernier qui était très attaché à sa mère, l’a vu partir en 1996. En 2008, il perd cette fois son épouse. Elle menait une lutte acharnée contre le cancer, mais la maladie a finalement eu raison d’elle, raconte Afzal d’une voix étranglée par l’émotion. Quelque temps plus tard, la famille apprend une autre mauvaise nouvelle.
« Peu après le décès de ma femme, et de mon père en 2016, les examens médicaux sont venus attester que ma fille aînée est aussi atteinte d’un cancer. Âgée de 25 ans, elle se retrouve désormais dans l’incapacité de s’occuper de ses enfants. Pour qu’elle puisse suivre ses traitements, j’ai pris sous mon aile la benjamine. J’ai connu beaucoup d’épreuves dans ma vie et je dois dire qu’aujourd’hui je suis un autre homme. Je suis plus calme et je tente toujours de positiver. »
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