Le gouvernement initie une réforme des salaires dans le secteur privé. Business Mauritius, représentant le patronat, soutient l’idée, soulignant l’importance d’intégrer des critères comme la productivité. Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees’ Federation, appelle à une approche inclusive, englobant les secteurs public et privé, ainsi que les PME, pour garantir un traitement équitable des travailleurs.
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Soodesh Callichurn, ministre du Travail, a récemment annoncé la création d’un Comité technique chargé de réformer les salaires dans le secteur privé. Cette initiative, approuvée par le Conseil des ministres, prévoit la mise en place d’un Steering Committee chargé d’élaborer un « White Paper » à circuler parmi les parties prenantes.
Business Mauritius, représentant le patronat, ne s’oppose pas à l’idée de réviser la méthode de détermination des salaires. Il insiste toutefois sur la nécessité d’adapter cette méthodologie en tenant compte du niveau de développement économique.
De son côté, Radhakrishna Sadien, président de la State and Employees’ Federation, plaide pour un comité technique inclusif, englobant à la fois les acteurs de la fonction publique et du secteur privé, ainsi que des représentants des petites et moyennes entreprises (PME). Il estime qu’une telle approche permettrait d’avoir différentes dimensions lors des échanges.
« Quid du National Remuneration Board (NRB) ? Les Remuneration Orders n’ont pas été révisés depuis plusieurs années. Le secteur privé mérite également une révision salariale sur une fréquence précise. Cela devrait se faire par le biais de la nomination d’un Salaries Commisioner. Il est crucial d’assurer un traitement équitable pour les employés du secteur public aussi bien que pour les salariés du privé. Aucune de ces catégories se devrait se sentir désavantagée », argue le syndicaliste.
Il souligne l’importance de tenir compte des réalités des conditions de travail. La réalité, dit-il, est que le secteur privé attire beaucoup de fonctionnaires. Il est donc essentiel pour la fonction publique de préserver ses compétences.
« Dans le privé, il est question de l’offre et de la demande. Celui-ci recrute également la main-d’œuvre étrangère et cet aspect ne doit pas être négligé dans la réflexion de réformer les salaires, tout comme la problématique de l’exode des talents. Il faut de la transparence », ajoute Radhakrishna Sadien.
Business Mauritius a, dans un communiqué, exprimé son soutien à la réforme des droits des travailleurs, tout en insistant sur la nécessité de maintenir un équilibre entre justice sociale et santé économique. « La productivité et la valeur ajoutées sont des variables qu’il faut impérativement inclure dans l’équation de la détermination des salaires. Les salaires ne doivent pas être pris comme un enjeu politique. La main-d’œuvre est au cœur même des fondamentaux macroéconomiques et il faut impérativement qu’elle soit prise comme telle », indique l’organisme.
François de Grivel : « Un dialogue constructif est la meilleure façon de créer un développement »
François de Grivel, industriel et chef d’entreprise, met en garde contre les risques économiques associés à des augmentations salariales excessives dans le contexte actuel. « La situation économique de notre pays ne permet pas de proposer de telles augmentations de salaires. Au cours de ces 18 derniers mois, depuis janvier 2023, les entreprises ont dû supporter de fortes augmentations salariales, dépassant les taux d’inflation annuels, alors que les niveaux de productivité n’ont que faiblement augmenté », explique-t-il.
Il souligne l’importance d’une stratégie économique à moyen terme, qui doit être clairement exprimée et partagée avec toutes les parties prenantes. « Une concertation et un dialogue constructif sont la meilleure façon de créer un développement, et non une frustration ou un fait accompli », affirme-t-il.
François de Grivel reconnaît l’intérêt national d’un comité technique, à condition qu’il soit objectif. Il insiste sur le rôle crucial des institutions du secteur privé, telles que Business Mauritius, la Mauritius Export Association, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry, ainsi que l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice. Selon lui, ces institutions sont des interlocuteurs avisés, capables de représenter les diverses activités économiques et d’alerter les autres partenaires sur les dangers imminents avant que des entreprises ne sombrent ou ne se délocalisent.
Il conclut en avertissant des risques d’inflation supplémentaire si les salaires augmentent sans que les activités de création de richesse ne suivent : « Nous risquons aussi de créer une inflation additionnelle si la société de consommation prend le dessus sur les activités de création de richesse et si les salaires prennent l’ascenseur. »
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