À mobylette avec « Catwoman » !

Déguisée en « Catwoman », Wendy Dormente est la seule femme à avoir participé à la course de mobylettes Red Bull Pata Pata. Dans cet article exclusif accordé à Le Dimanche/L’Hebdo, elle relate son expérience.

Imaginez... Une pâtissière talentueuse, maman de deux enfants, qui troque son tablier et son fouet pour une combinaison en cuir noir. Non, ce n’est pas le scénario d’un film d’action hollywoodien, mais bien la vie de Wendy Dormente, alias « Catwoman » de la Red Bull Pata Pata ! Âgée d’une trentaine d’années, elle a décidé de relever un défi fou : participer à la course de mobylettes Red Bull Pata Pata, qui s’est tenue en juin dernier, et ce, en tant que seule femme parmi les concurrents ! De quoi nous intriguer. Nous décidons d’en savoir un peu plus sur elle. 

15 heures, un samedi de juillet. Nous patientons à la place des taxis à La Louise, Quatre-Bornes. « Catwoman » est en retard. Avec elle, nous avons prévu de faire un tour sur sa mobylette pour une balade au pied de la montagne Trois Mamelles, loin du trafic de la ville des fleurs. Le ciel commence à se couvrir de nuages noirs, laissant échapper quelques fines gouttes de pluie. 

Trente minutes plus tard, Wendy Dormente arrive, vêtue d’une salopette bleue. Elle est accompagnée de son neveu Himanshu et de son beau-frère Sanju, eux aussi à moto. Nous sommes amusés, notre aventure sera donc en compagnie de « Catwoman » et de « Batman » et « Robin »...

Himanshu (Robin) nous propose de monter sur sa Pulsar NS 200 pour nous rendre à Trois-Mamelles. Dès le vrombissement du moteur, la pluie commence à tomber. « Il pleut, non ? » disons-nous quelque peu appréhensifs. « Ne vous inquiétez pas. C’est encore plus fun avec de la boue ! » répond en riant notre trio de superhéros improvisés. Et nous voilà partis.

Nous empruntons la route Bassin. Les mobylettes vintages numérotées 36 et 49 conduites par Wendy et Sanju ne passent pas inaperçues, attirant le regard des passants. Moins de quinze minutes plus tard, nous sommes à la rivière Bassin. Il pleut des cordes. Et nous sommes déjà couverts de boue sur la moto de « Robin » qui roulait à toute allure. 

La route vers Pierrefonds étant en construction, nous changeons de direction et atterrissons sur une route à Palma menant vers la montagne Corps de Garde.

Wendy Dormente ouvre son sac. Elle enlève sa salopette sous laquelle elle avait caché sa combinaison noire. « Robin » l’aide à enfiler ses bottes et ses oreilles de chat. Il lui tend ensuite son fouet. « Catwoman » saute sur sa Peugeot 50 et pédale pour la démarrer en nous lançant : « Miaaaaawwww ! » Nous éclatons de rire. Une fois le moteur pris, elle fait un tour sur la route, exprimant une joie immense de rouler sous la pluie. Puis, elle revient nous chercher. 

Nous montons sur sa mobylette. Elle nous tend son fouet et nous nous amusons à le taper sur le bitume pour le coup d’envoi de notre tour à mobylette avec « Catwoman ». Sanju et Himanshu, qui regardent toute la scène, se tordent de rire.

Les cheveux dans le vent avec ses oreilles de chat, « Catwoman » accélère pour faire semblant qu’elle est en pleine mission de justicière. Cela finit vite en éclats de rire et des allers-retours de la montagne au point de départ. Cette aventure nous rappelle notre enfance, lorsque notre cousine nous emmenait à mobylette sur la route de Hillcrest, à Sodnac, pour vivre des sensations fortes.

Nous sommes trempés jusqu’aux os. Un gardien qui veille sur le site de construction de cette route nous invite à nous réfugier dans le conteneur qui abrite les machines de travaux. Nous acceptons volontiers. « Catwoman » essuie d’un revers de main les gouttes de pluie qui ruissellent sur son visage et sa combinaison en cuir. Ensuite, prenant place sur un banc en bois, elle nous raconte pourquoi elle a participé au concours Red Bull Pata Pata. 

C’est son beau-frère Sanju qui lui a parlé de ce concours. Employé de mairie et mécanicien à ses heures perdues, Sanju, alias « Batman », explique qu’il collectionne les mobylettes et qu’il est un habitué du concours Red Bull Pata Pata. « Nous montions une équipe pour cette course de mobylettes. Nous en avons parlé à Wendy et elle a voulu se joindre à nous. Je l’ai encouragée à le faire », dit-il. 

Il fallait cependant trouver une mobylette pour elle. L’oncle de Wendy Dormente, qui en a une, a été sollicité. « Il m’a dit que c’est bon pour lui. Cependant, comme il ne l’utilise pas, il fallait mettre à jour sa Peugeot 50 », précise-t-elle. 

Sanju, expert en la matière, s’est occupé des réparations. « Je lui ai dit de ne pas se soucier de tout ça et qu’elle n’avait qu’à la piloter pour la course », souligne-t-il. Il confie qu’il s’en est chargé pour encourager Wendy à participer à la course Red Bull Pata Pata, car les femmes n’y participent pas d’habitude.

Le hic, c’est que Wendy Dormente, qui a fait du vélo, enfant, et qui conduit une voiture, n’a jamais roulé une mobylette. Pour son premier essai, ses neveux lui font faire un tour de sa localité au réservoir de La Ferme à Bambous. C’est ainsi à la veille de la compétition Red Bull Pata Pata qu’elle a tout appris !

Jour J, le lendemain. « Catwoman » est à Alexandra Falls dès 7 heures. Lors des formalités pour son inscription, elle constate que la roue de sa mobylette est plate. Comme les organisateurs sont stricts sur les règles de participation, tout laisse croire qu’elle va être éliminée. Mais pas question pour Sanju et son équipe, déguisée en Casa de Papel, de laisser « Catwoman » à terre. Les neveux reprennent leur moto et roulent d’Alexandra Falls à Quatre-Bornes pour aller chercher une chambre à air. Ils sont de retour en un rien de temps. Sanju s’occupe de remettre la roue en bonne condition. Et c’est ainsi que « Catwoman », dont la Peugeot 50 est numérotée 36, parvient à être sur la ligne de départ à Chamouny pour participer in extremis à la Red Bull Pata Pata. 

Le coup d’envoi donné, « Catwoman » accélère à fond parmi la quarantaine de participants, tous des hommes. Comme elle est sportive, sa condition physique lui procure un avantage. 
Sur la montée, épreuve la plus difficile mais toutefois la plus amusante, elle pédale aussi vite qu’elle peut pour dépasser ses concurrents, notamment le Lapin, le « Jockey », ou encore « Spiderman », « Superman », « Iron Man » et « Freddie Mercury », pour finir 21e à la course Red Bull Pata Pata. Quant à Sanju, qui était 49e sur la ligne de départ, il franchit la ligne d’arrivée en 4e position. 

« J’étais très contente de ma performance, surtout que j’étais la seule femme de ce concours », confie Wendy Dormente. Parlant d’une expérience « sensationnelle », elle entend bien remettre ça l’année prochaine ! Aux femmes qui hésitent à participer à des concours tels que Red Bull Pata Pata, elle conseille : « N’ayez pas peur. Osez et vivez l’expérience à fond. »

En aparté

Pâtissière autodidacte, Wendy Dormente travaille à son compte. Pour cette maman de deux enfants, qui a exercé pendant un temps comme secrétaire dans une école de chants, être sa propre patronne est la meilleure chose qui lui soit arrivée.

Avait-elle des notions de pâtisserie ? « Non, pas du tout. Mais j’apprends très vite », répond l’habitante de Beau-Séjour. C’est de sa mère, ajoute-t-elle, qu’elle a appris cet art.

Dans son atelier, elle confectionne des gâteaux d’anniversaire, de mariage ainsi que pour d’autres événements. Elle fait également des « napolitaines », des tartes à la banane, des choux à la crème, etc. Pour avoir une idée de ses créations, rendez-vous sur sa page Facebook ou Instagram : Wendy Dormente. 

Bien qu’elle ait connu des hauts et des bas après ses études secondaires au collège Lycée de Beau-Bassin, la jeune maman affirme que c’est un mental fort et positif qui lui a permis de braver les aléas de la vie et devenir la personne qu’elle est aujourd’hui.