Spécial 1er mai 2019

MMM à Rose-Hill - Bérenger : «Un gouvernement sans mandat est un crime pour le pays»

Paul Bérenger s’adressant à l’assistance, le 1er mai. Paul Bérenger s’adressant à l’assistance, le 1er mai.

Les prochaines élections générales ont longuement été commentées du côté du MMM. Paul Bérenger a réclamé les élections générales avant le 22 décembre. Si Pravind Jugnauth reste au pouvoir après la dissolution du Parlement, le pays aura à sa tête un gouvernement sans mandat, a énoncé Paul Bérenger. Ce dernier a affirmé que le MMM ne contracterait pas d’alliance électorale.

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« Pravind Jugnauth et le Mouvement socialiste militant (MSM) feront beaucoup de mal au pays s’ils se maintiennent au pouvoir après la dissolution automatique du Parlement en décembre. » Propos de Paul Bérenger, le leader du Mouvement militant mauricien (MMM), dans son discours prononcé mercredi à la Place Edward VII, Rose-Hill.

D’emblée, Paul Bérenger a évoqué « une drôle d’ambiance qui se vit dans le pays ». Et de faire ressortir que « Pravind Jugnauth a parlé de partielle, mais il n’y en aura pas, car le Parlement meurt de lui-même le 22 décembre ». Il s’est aussi remémoré que Ramgoolam-père avait « truqué » en 1982, tenant pendant cinq mois après la dissolution automatique du Parlement. « Il faut faire attention à ne pas jouer avec ce pays », a-t-il prévenu.

Le leader du MMM juge que même s’il continuera à y avoir un gouvernement à la tête du pays, ce sera sans Parlement et sans mandat. « Un gouvernement sans mandat est bien mauvais pour le pays et l’économie. C’est un crime contre le pays s’ils font cela ». D’où sa réclamation pour que les élections générales aient lieu avant le 22 décembre.

Paul Bérenger a également touché à un sujet lié directement aux élections: le problème de la déclaration obligatoire de l’appartenance ethnique. « À moins que Pravind Jugnauth et le MSM veuillent être maudits, il faut un mini-amendement constitutionnel avant la dissolution du Parlement, a indiqué Paul Bérenger. S’ils ne le font pas, ce sera un crime contre l’histoire de notre pays. »

« Le MMM n’ira ni avec Ramgoolam, ni avec le MSM »

Il n’a pas manqué de faire ressortir que la Commission des Droits de l’homme des Nations unies estime que « pour être candidat aux élections, on ne peut contraindre un candidat à déclarer son appartenance ethnique, basée sur un recensement qui remonte à 1972 ». Et de poursuivre qu’en 2014, le Parti travailliste (PTr) et le MMM avaient voté un amendement constitutionnel pour rendre la déclaration optionnelle. Sauf que l’amendement était prévu uniquement pour les élections de 2014 et Pravind Jugnauth n’a pas été clair sur l’obligation de déclaration d’appartenance ethnique en l’absence d’une réforme électorale complète.

Le leader du MMM, comme d’autres orateurs, a également martelé que son parti ne contracterait pas d’alliance. « Le MMM n’ira ni avec Ramgoolam ni avec le MSM, avec ce qu’il est devenu aujourd’hui, a-t-il affirmé. Nous n’allons pas finaliser notre liste avant le Nomination Day. »

Il se dit toutefois conscient que certaines personnes doutent de sa sincérité quand il parle d’aller seul aux élections qui, dit-il, sera une lutte à trois. « Je sais que parmi vous, il y a un petit doute. On parle de lutte à trois, mais on se dit attention… Il n’y a pas à faire attention », a-t-il insisté. Et de poursuivre que « le déclic sera le Nomination Day ». Selon lui, une fois la liste des candidats déposée et le pari d’aller seul confirmé, cela provoquera un déclic au niveau de l’électorat.

« Attention au money politics »

« Faites attention au money politics, a prévenu le leader du MMM. Cela va jouer un rôle terrible dans ces élections : l’argent de la drogue, des courses illégales, de la corruption, des commissions… » Pour contrer ce danger, Paul Bérenger a lancé un appel aux jeunes et aux femmes du pays : « Mon message aux jeunes est de ne pas croire que tous les politiciens sont les mêmes. Tous ne s’occupent pas que de leur famille », a-t-il déclaré.

Il a insisté sur le fait qu’en 2000–2005, la dernière fois que le MMM s’est retrouvé au pouvoir, il n’y avait pas d’ingérence des politiciens dans les corps parapublics. De plus, a-t-il dit, il n’y avait pas de politique de copinage pour les nominations. Paul Bérenger a promis qu’il y aura plus de justice sociale. « Il y en a ceux qui possèdent beaucoup et d’autres qui sont dans la misère ».

« Il n’y a jamais eu autant de trafic de drogue »

Le bilan du gouvernement a aussi fait l’objet de critiques de Paul Bérenger, notamment le dossier du trafic de drogue. « Il n’y a jamais eu autant de trafics de drogue à Maurice. À Madagascar, ils ont saisi Rs 4 milliards de drogue qui devait venir à Maurice. Selon le leader du MMM, il n’y a jamais eu non plus autant de corruption dans le pays. De plus, « la MBC n’a jamais autant été abusée. C’est un viol de la démocratie. »

Paul Bérenger a également exprimé ses inquiétudes sur la situation économique qui s’appesantit, notamment le tourisme qui bat de l’aile, chose que personne n’aurait cru possible selon lui. « Il faut faire très attention là où nous en sommes », a-t-il conclu.


Quelques priorités d’un futur gouvernement MMM

Durant son discours, Paul Bérenger a passé un temps considérable à annoncer certaines des mesures qui figureront dans le prochain programme électoral du parti. C’est le Policy Council présidé par Sheila Bunwaree, à travers des consultations avec les groupes de citoyens concernés, qui a la responsabilité de finaliser les propositions. « En temps et lieu, nous viendrons de l’avant avec notre programme », a indiqué Paul Bérenger avant de donner quelques indications des priorités d’un futur gouvernement MMM.

  • « Nous prenons l’engagement solennel d’amender en priorité la loi du travail et l’Insolvency Act », a annoncé Paul Bérenger. Le but est de protéger les travailleurs et d’assurer leurs droits, surtout en amendant l’Employment Rights Act. Les amendements à l’Insolvency Act visent à faire passer les travailleurs en priorité en cas de liquidation.
  • « Il faut un programme national de crèches pour libérer au maximum nos sœurs qui veulent travailler », a annoncé le leader du MMM en deuxième lieu.
  • Paul Bérenger s’est également engagé à inclure les handicapés du pays dans le développement.
  • Le fonctionnement de la PSC, la DFSC et la LGSC sera revu : « Nous allons revoir de fond en comble ces institutions importantes et annulerons cette affaire de pouvoirs délégués ». Selon Bérenger, cette délégation fait qu’au final, c’est le ministre qui décide des recrutements. La politisation de ces institutions est dangereuse, estime-t-il.

Bhagwan défend les radios privées

Le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, a pris le temps de voler à la défense des trois radios privées du pays, notamment Radio Plus, Radio One et Top FM. Les trois sont en litige avec Multicarrier Mauritius Ltd (MCML) qui veut changer leurs fréquences de diffusion. Rajesh Bhagwan a évoqué une nouvelle loi pour l’Independent Broadcasting Authority (IBA) en vue de limiter les abus.

« Ils cherchent à voler les ondes des radios privées pour les donner aux radios de lakwizinn, a-t-il expliqué, nous pouvons nous brouiller avec elles, mais nous les défendrons parce que nous croyons dans la démocratie. »

 

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