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Mise sur pied du drug users administrative panel : les travailleurs sociaux veulent y croire mais...

La cure de désintoxication proposée sera dispensée uniquement à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard.

La lutte contre l’abus de substances illicites est un enjeu majeur de notre société. Dans ce contexte, la création du Drug Users Administrative Panel représente une étape significative vers une approche plus inclusive et participative. Les attentes des travailleurs sociaux spécialisés sont grandes.

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Le Drug Users Administrative Panel (DUAP), qui sera présidé par l’ancien juge Abdurafeek Hamuth, sera opérationnel au plus tard début mars. Le but : traiter et réhabiliter les consommateurs de drogue. Le DUAP, qui figure dans le Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, viendra revisiter tout le processus concernant la politique de drogue, considérée comme « trop répressive » à Maurice.

Le travailleur social Sam Lauthan, qui était l’un des assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue (présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen) avance que « les consommateurs de drogue n’ont définitivement pas leur place en prison ». Un bon nombre de consommateurs, dit-il, sont détenus en prison pendant plusieurs années sans même qu’ils soient jugés. Chose qui, déplore Sam Lauthan, est injuste.

Anciens toxicomanes pour servir d’exemple

« Je m’attends à une politique de porte ouverte afin que les spécialistes dans le domaine de la lutte contre la drogue soient partie prenante dans ce programme de désintoxication. Je pense que les anciens toxicomanes qui ont raccroché doivent également être pris en considération dans ce programme. Ils doivent servir d’exemple et de motivation », souligne-t-il.

Sam Lauthan indique par ailleurs qu’un « traitement basé sur la méthadone n’est pas crédible ». « La cure de désintoxication doit comprendre la collaboration des ONG spécialisées dans la lutte contre la drogue. En sus de cela, il faut à tout prix initier des thérapies de groupes, car l’addiction est une maladie très grave. Il faut un suivi sur le long terme afin de prévenir la rechute. D’où l’importance d’un programme personnalisé », dit-il.

Traitement

Une fois le DUAP institué, les consommateurs de drogue qui sont arrêtés avec de la drogue destinée uniquement à leur consommation personnelle auront le choix entre des poursuites légales et la désintoxication. Cela, à la lumière de l’enquête policière et après que le Directeur des poursuites publiques (DPP) aura analysé leur dossier.

Ceux qui opteront pour le traitement de désintoxication verront leur dossier être référé au DUAP. La cure de désintoxication qui sera dispensée uniquement à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard, Beau-Bassin, s’articule autour de huit programmes tels que le traitement à la méthadone, le suboxone, le naltrexone, la thérapie de famille, le counseling, ou encore le cannabis counseling, entre autres. Le processus de désintoxication s’étalera sur au moins trois mois et ne sera soumis à aucune limite de temps.

Pas un réel modèle de décriminalisation

Le psychologue et addictologue Kunal Naik estime que l’institution du DUAP est « un grand pas en avant », mais « il ne s’agit pas d’un réel modèle de décriminalisation ». Ce dernier rappelle ensuite le modèle proposé dans le passé par lui-même et le travailleur social Danny Philippe. Kunal Naik se dit « sceptique » par rapport à la composition de la plateforme. « Le modèle de décriminalisation qui était prôné est basé sur celui du Portugal. Ce qui n’est pas exactement la même chose. D’abord, le fait que des juristes fassent partie du panel pose, à mon sens, problème.

En sus de cela, la plateforme doit comprendre des experts en psychologie et addictologie afin que chaque dossier soit étudié au cas par cas », souligne-t-il. Kunal Naik dit vouloir étudier le fonctionnement du panel une fois le DUAP sur les rails. Il propose la formation, au niveau universitaire, du personnel qui travaillera avec les patients souffrant d’addiction. Le psychologue et addictologue s’attend toutefois à une phase pilote du programme de désintoxication afin d’ajuster certains éléments si nécessaire.

Résultats escomptés

Au niveau du ministère de la Santé et du Bien-être, on se dit convaincu que le programme de désintoxication va produire les résultats escomptés. Un bon nombre de détenus, fait-on comprendre, purgent des peines d’emprisonnement liées à la consommation de drogue. Le pire, poursuit-on, c’est qu’une fois en prison, ils continuent à consommer de la drogue par voie intraveineuse. « La mise en opération du DUAP va définitivement aider à diminuer la population carcérale dans le sens où un bon nombre de détenus auront la chance d’être traités », souligne-t-on.

Mais une fois le programme enclenché, ajoute-t-on au niveau le ministère, les patients devront afficher le plus grand sérieux. « Atendons voir. Nous sommes en train de placer la barre très haut afin de permettre aux consommateurs de drogue de décrocher. Le traitement est ‘evidence based’ et rien n’est fait au hasard », fait-on comprendre. Et d’ajouter : « Au niveau du ministère, nous sommes optimistes par rapport à la mise en oeuvre de ce projet. Il n’y aura aucune différence entre les traitements des patients du DUAP et les patients qui viennent nous voir pour des traitements.

D’ailleurs, nous n’avons aucune intention de forcer les patients, car le programme de désintoxication est volontaire. Toutefois, les patients qui ne sont pas d’accord avec le traitement n’échapperont pas aux poursuites judiciaires. » Le ministère de la Santé et du Bien-être rappelle également qu’environ 100 patients seront traités par mois.

 

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