Live News

Mise à pied illégale dans la force policière : une constable de 26 ans saisit la Cour suprême pour demander réparation 

Tisha Neergheen, une habitante de Bon-Accueil de 26 ans, souhaitait servir son pays en rejoignant la force policière, le 23 juillet 2024. Mais sa vie a basculé lorsqu’elle a été mise à pied le 17 juin 2025. Pour elle, cette décision était irrationnelle et arbitraire. Elle s’est donc tournée vers la Cour suprême pour réclamer justice.

Publicité

Dans un affidavit rédigé par Me Koolvesh Kumar Dawky, Tisha Neergheen a eu recours à une révision judiciaire. Elle demande au commissaire de police (CP) et à la Disciplined Forces Service Commission (DFSC), cités comme défendeurs, de revoir leur décision concernant sa mise à pied. Elle sollicite également l’annulation de cette décision, qu’elle juge illégale, irrationnelle, injuste et contraire aux principes de justice naturelle. En outre, la constable demande le gel de sa mise à pied en attendant que la Cour statue sur son cas.

La jeune femme réclame aussi une déclaration de la Cour, affirmant que sa mise à pied constitue une violation de ses droits constitutionnels, notamment en raison de l'absence d'une audience équitable. Les codéfendeurs dans cette affaire sont le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) et le tribunal de Flacq.

Le 1er septembre 2025, sa requête a été appelée devant la Cheffe juge Bibi Rehana Mungly-Gulbul. Me Kamni Devi Ramessur, Principal State Attorney, représentant le CP et la DFSC, a demandé un renvoi afin de faire connaître la position des défendeurs. L’affaire a donc été renvoyée au 15 septembre prochain. La policière est assistée par Mes Pravesh Nuckcheddy et Rama Valayden.

Deux parents malades

Fille d’un planteur ayant subi l’amputation de trois doigts de la main droite, et d’une mère malvoyante, Tisha Neergheen pensait que la vie lui souriait enfin, le 23 juillet 2024. Ce jour-là, elle a reçu un courrier officiel, signé par le commissaire de police, lui annonçant son recrutement en tant que Temporary Woman Police Constable (TWPC), avec un salaire de Rs 18 650 au sein de la force policière mauricienne. Elle en était fière, tout comme sa famille.

La jeune femme a accepté l’offre sans tarder, signé tous les documents exigés et, surtout, n’a rien dissimulé. Elle a révélé, en toute transparence et de bonne foi, un fait potentiellement compromettant : une accusation d’agression datant de 2020, toujours en cours devant le tribunal de Flacq depuis son instruction, le 1er août 2023. Les autorités n'ont alors soulevé aucune objection. Conformément à son contrat, après une période d’essai satisfaisante d’un mois, elle devait verser une caution de Rs 260 650, garantie par deux cautions, achever sa formation, puis servir pendant deux ans à compter de sa nomination effective.

Elle a immédiatement commencé sa formation, qu’elle a terminée avec succès. Affectée au poste de police des Casernes centrales à Port-Louis, elle a exercé ses fonctions sans faire l’objet d’aucune plainte ni mesure disciplinaire.

Tout semblait enfin se stabiliser, jusqu’à ce qu’elle reçoive, en date du 17 juin 2025, une lettre annonçant sa mise à pied de la force policière. Le motif évoqué : une violation de son contrat, en lien avec une affaire criminelle dans laquelle elle serait impliquée.

Tisha Neergheen soutient qu’il a été aussi question d’une prétendue violation de son contrat. Par ailleurs, dit-elle, la lettre de résiliation faisant expressément référence au paragraphe 9(iii) des Conditions d’Engagement et de Formation. Or, souligne-t-elle, ledit paragraphe concerne l’octroi de pensions, ce qui ne saurait en aucun cas constituer un motif valable ou suffisant pour mettre fin à son contrat.

Stupéfaite, elle a cherché à comprendre et a contacté les instances concernées. Celles-ci lui ont répondu verbalement qu’elle aurait été reconnue coupable. Pourtant, elle n’avait reçu aucune notification de jugement. Elle n’avait reçu aucune lettre et aucune convocation. Elle n’avait eu droit à aucune possibilité de réponse. Refusant de baisser les bras, elle a sollicité un document officiel du tribunal de Flacq, qui a confirmé que l’affaire avait été rayée et qu’elle n’avait jamais été condamnée.

Le 1er juillet 2025, elle a donc saisi la Cour suprême pour demander justice. Elle affirme que ses droits constitutionnels ont été violés, que la procédure ayant conduit à sa mise à pied est entachée d’irrégularités, de négligence administrative et d’abus de pouvoir. Elle invoque les principes fondamentaux du droit : notamment le droit à un procès équitable, le droit d’être entendue et le respect d’une procédure régulière.

Pour Tisha Neergheen, il ne s’agit pas seulement d’un emploi perdu, mais d’un rêve brisé, d’une réputation entachée et d’une famille plongée dans la précarité. Elle rappelle qu’elle était le seul soutien financier de ses parents. Ainsi, elle réclame un ordre de la Cour pour annuler la décision des défendeurs qu’elle juge illégale, de geler cette décision en attendant que l’instance statue sur son cas et de reconnaître qu’il y a eu violation de ses droits fondamentaux.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !