Milieu carcéral : une sonnerie pour discipliner les prisonniers

L’administration pénitentiaire envisage d’introduire une sonnerie pour réveiller les détenus et indiquer leur heure d’entrée. Ces derniers seront rapportés s’ils font « la grasse matinée » ou s’ils tardent à rentrer en cellule à la fermeture des dortoirs. La proposition d’introduire une sonnerie a été soulevée par le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, dans le courant de la semaine dernière.

L’interdiction des cigarettes dans les cellules ne sera donc pas la seule mesure répressive qui sera mise en pratique en prison. La sonnerie vise à « discipliner les détenus » surtout après que certains se permettent de se réveiller « à des heures tardives » et sont réticents à regagner leurs cellules à la fermeture des portes.

À ce jour, seule la prison centrale de Beau-Bassin est pourvue d’une sonnerie. L’appareil est utilisé pour réveiller les détenus, pour les informer de l’heure du repas vers 10 h 30 et lors de la fermeture des portes aux alentours de 15 heures. Les autres prisons du pays, situées à Grande-Rivière-Nord-Ouest, Petit-Verger, Richelieu, la prison des femmes, Phoenix, ou encore l’Eastern High Security Prison de Melrose, sont dépourvues de sonneries. Seule la prison de haute sécurité de Phoenix ne sera pas dotée de sonnerie en raison du régime d’incarcération strict.

Des hauts gradés des prisons émettent « des doutes » quant à l’introduction de la sonnerie en prison. Selon nos interlocuteurs, « la mise en opération de cette sonnerie prêtera à confusion ». « Les prisons du pays sont dotées d’une sonnerie qui est déclenchée en cas de mutinerie uniquement. Mais la mise en opération de l’appareil visant à réveiller les détenus et les faire rentrer, prêtera à confusion. On ne saura pas si nous avons à faire à une mutinerie ou si c’est un simple rappel. Des protocoles doivent être établis afin que la sonnerie ne soit pas une source de confusion pour les gardiens », précisent nos interlocuteurs. Hanson Mungrah, le secrétaire de la Prisons  Officers Association (POA) est également dubitatif par rapport au nouveau mécanisme.

Cette mesure est toutefois saluée à la prison des femmes. « L’introduction de cette sonnerie est une bonne initiative dans le sens que la prison des femmes  est à court d’effectifs. Cette mesure va alléger la tâche des gardiennes. Les détenues sauront qu’elles doivent se réveiller à une certaine heure et se préparer pour reprendre leurs cellules après la sonnerie, au risque d’être rapportées », avancent des responsables de la prison.

Vinod Appadoo, le commissaire des prisons, déclare que l’introduction de cette sonnerie « vise à inculquer un sens de discipline dans le comportement des détenus ». Il explique ensuite que chaque sonnerie aura une signification. Le détenu fera l’object d’un rapport s’il arrive qu’il ne se soumette pas aux règlements durant les 15 minutes suivant la sonnerie.