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Milieu carcéral : Richelieu, la prison de toutes les libertés

Il n’y a ni de caméras de surveillance, ni maître-chiens susceptibles d’effectuer des rondes la nuit. Il n’y a ni de caméras de surveillance, ni maître-chiens susceptibles d’effectuer des rondes la nuit.

L’évasion de Jean Berty Babet de l’Open Prison de Richelieu, samedi, remet en question les normes de sécurité qui y ont cours. Outre le trafic de drogue et de téléphones portables, des gardiens avancent que des détenus profitent des failles pour faire des sorties nocturnes.

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Inaugurée en 1953, la Richelieu Open Prison était au départ un centre de réhabilitation. L’administration pénitentiaire entend accorder des conditions de détention « de qualité » à certains prisonniers ayant fait preuve d’un bon comportement et ayant envie de changer de vie. Un poulailler et un potager sont donc mis à leur disposition pour leur permettre de s’occuper et de développer certaines aptitudes qui leur éviteraient de rechuter en retrouvant la liberté.

Les « standing orders » au sein de l’administration pénitentiaire sont clairs : tout détenu à l’Open Prison de Richelieu doit obligatoirement être issu de la catégorie D. Soit des « First offenders ». Ceux appartenant aux catégories A, B et C sont incarcérés à la Prison centrale de Beau-Bassin, la prison de haute sécurité de Melrose, ou encore celle de la Grand River North West Remand Prison. Il arrive, cependant, que des récidivistes y soient transférés.

La superficie du centre de réhabilitation est trois fois plus grande que celle de la Prison centrale, mais le niveau de sécurité n’est pas forcément le même. « Il n’y a ni de caméras de surveillance, ni maître-chiens susceptibles d’effectuer des rondes la nuit, entre autres », expliquent des gardiens. Richelieu, qui a une capacité d’accueil de 200 détenus, ne possède ni clôture, ni zone tampon. Ce qui, selon des officiers de la prison, « favoriserait l’évasion et donnerait l’occasion aux étrangers de déposer des colis en mains propres une fois la nuit tombée. »

Processus de sélection enclenché

Selon Vinod Appadoo, le commissaire des prisons en poste, un processus de sélection a déjà été enclenché pour transférer les fortes têtes de Richelieu vers les autres établissements pénitentiaires. Tout détenu ayant l’intention de prendre la fuite sera immédiatement transféré vers la prison de haute sécurité de Melrose, la prison de Petit-Verger et la Prison centrale de Beau-Bassin, a ainsi souligné Vinod Appadoo. « Des mesures ont été prises à la suite de ce malheureux incident survenu samedi. Les détenus de la prison de Richelieu, qui ont tendance à fuguer, ont été transférés. Et il en sera de même pour tous ceux qui sont en voie d’être relâchés », déclare le commissaire des prisons.

Drogue

« L’évasion survenue samedi après-midi confirme le manque de sécurité », disent les officiers. Selon eux, « un autre facteur favorisant l’évasion est la proximité des régions telles que Coromandel et Richelieu. » Jackie Kamanah, ancien responsable de Richelieu, ne mâche pas ses mots, soutenant avoir fait des propositions qui sont restées lettre morte. Il fait mention de « l’absence de clôture adéquate », critiquant au passage le commissaire des prisons, Vinod Appadoo.

« La prison de Richelieu devait être un exemple. Mais par la faute de l’administration, il est aussi pire que les autres prisons du pays. La saisie de drogue et de portables est chose courante, et une fois la nuit tombée, les cellules se transforment en de véritables fumeries. La drogue est introduite de mille façons dans les dortoirs. D’anciens détenus et autres proches, qui sont domiciliés dans les régions avoisinantes, viennent également déposer des colis une fois la nuit tombée. C’est parce qu’il n’y a pas de clôture adéquate et qu’il y a un manque d’effectifs les dimanches et autres jours fériés », martèle Jackie Kamanah.

Fugues

L’évasion de samedi est cependant relativisée par l’administration pénitentiaire. « Il ne s’agit pas d’une évasion, mais d’une fugue ! D’ailleurs, c’est courant à la prison ouverte de Richelieu », lançait le DCP Vishnu Hanumanthadu au Défi-Plus quelques heures après que les officiers de la prison avaient remarqué que le détenu Jean Berty Babet manquait à l’appel du soir.

Responsable de la prison ouverte depuis quelques mois, le DCP Hanumanthadu souligne que la Richelieu Open Prison est un espace de détention ouvert, où l’accent est mis sur le concept de « self-responsibility » et que les détenus « sont libres de leurs mouvements ».

En décembre 2013, six détenus de la prison ouverte avaient également pris la fuite. « Ils ont voulu faire un petit tour avant de regagner leur dortoir », disent les officiers de la prison. Les prisonniers, qui s’étaient enfuis durant la soirée, manquaient à l’appel du matin. Le responsable de la prison, Vishwanath Bumma, avait nié « toute tentative d’évasion » et avait déclaré au Défi Quotidien, en date du 13 janvier 2014, « qu’aucun détenu de la prison de Richelieu ne sort sans la permission d’un officier de service. »

 

 

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