Le vicaire général du diocèse de Paris Mgr Benoist de Sinety a dénoncé lundi une "absence totale d'humanité" dans le sort fait aux migrants installés à Paris dans le campement du Millénaire, dont la gestion fait l'objet d'un bras de fer entre État et mairie. "Ils sont aujourd'hui près de 2.000, et chaque jour des dizaines de nouveaux s'installent - des hommes, des femmes, des enfants - dans de petites tentes, et pour toutes ces personnes il n'y a que six sanisettes et huit robinets", s'est indigné Mgr de Sinety sur Radio Notre-Dame.
"On peut objecter tout ce qu'on veut, il n'en demeure pas moins que rien ne pourra jamais justifier cette indifférence et ce silence. Aucune raison, fût-elle d’État, ne peut expliquer cette absence totale d'humanité", a-t-il ajouté. Ce campement de tentes grossit depuis des semaines le long du canal de Saint-Denis, caché des regards par le périphérique, dans un climat de tensions croissant et des conditions sanitaires alarmantes.
Dimanche, un Soudanais a été blessé sur ce campement lors d'une rixe qui a éclaté entre quatre migrants, a-t-on appris par ailleurs de source policière. La victime, dont le pronotic vital était engagé lors de sa prise en charge, était lundi hors de danger, a-t-on indiqué de source proche du dossier. L'un des agresseurs a été placé en garde à vue et les deux autres étaient toujours en fuite.
Cette rixe intervient quelques jours après qu'un jeune migrant s'est noyé accidentellement dans le canal Saint-Martin, où un autre campement, essentiellement composé d'Afghans, s'est installé. Dans l'espoir d'obtenir une évacuation, la maire de Paris Anne Hidalgo a écrit vendredi au Premier ministre pour l'alerter sur l'"impasse" de cette situation.
Estimant que "la commune reste garante de la salubrité et la propreté de son espace", Gérard Collomb avait sèchement invité Mme Hidalgo, dans un courrier la semaine dernière, à "entamer les procédures judiciaires" pour permettre à l’État de mener à bien une évacuation. "Il ne s'agit pas pour la Ville de demander l'expulsion" mais "pour l’État de prendre en charge" ces personnes, avait répliqué Mme Hidalgo, en rappelant que cela avait été possible "lors des 29 opérations" menée avec l’État depuis 2015.
AFP/ Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
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