
Les examens ont commencé pour certaines classes et s’apprêtent à démarrer pour les autres. Et il y a une certaine tension dans l’air. Tandis que certains jeunes redoublent d’efforts, d’autres peinent à bien faire. Les pédagogues, pour leur part, multiplient les initiatives pour soutenir, encadrer et motiver leurs élèves dans cette phase cruciale.
Alex, un élève de Grade 8 dans un collège privé de Port-Louis, n’a pas suivi ses cours avec attention. Il a pris du retard dans ses travaux et doit passer ses examens dans une semaine. Il se dépêche de terminer son programme, mais il est inquiet et doute de sa réussite. Il se met à étudier, mais n’arrive plus à se concentrer, car il a développé la peur de l’échec. Sharon, pour sa part, a travaillé dur durant toute l’année. Elle a été très régulière dans ses études. Ses parents, conscients des efforts de leur fille, l’encouragent. Les examens sont dans une semaine et tout d’un coup, Sharon semble douter d’elle-même. Elle a des crampes à l’estomac et les sautes d’humeur deviennent récurrentes, car elle commence à développer la peur de l’échec.

Amal Gopaul, enseignant et membre de la commission de l’éducation AHEAD Association, trouve qu’il y a là deux cas de figure différents, mais qui convergent vers un seul souci. La peur de l’échec alimentée par le doute.
« Tout le monde peut briller et accomplir des choses inimaginables. De plus, la véritable éducation ne se résume pas à réussir des examens, elle consiste à développer un profond désir d’apprendre et à aiguiser l’esprit », précise cet éducateur.
Il propose ainsi que l’élève reste concentré sur son objectif. De ce fait, il est de la responsabilité de chacun de décider comment utiliser son smartphone et non l’inverse.
Amal Gopaul explique aussi qu’il faut avoir le contrôle de ses pensées. « On réfléchit trop ce qui crée un manque d’harmonie dans notre esprit. Normalement, penser au-delà de ses limites est nécessaire pour atteindre des objectifs. Le problème se situe à partir du moment où on ne sait pas comment maintenir l’harmonie dans son esprit. Donc, un manque d’harmonie engendrera des frictions et du stress. Ainsi, il s’agit de maintenir l’harmonie dans son esprit afin d’éviter les tensions inutiles. Souvent, la source de la tension se trouve dans l’obsession de contempler le passé comme le centre de notre vie. Ce que j’ai fait durant les examens appartient désormais au passé, je fais le vide dans mon esprit et je contemple désormais mes autres papiers. »
Il ajoute qu’il est important de comprendre le sens des examens. Selon lui, les élèves les considèrent comme un moyen de réussir ou d’échouer. « Essayons de voir au-delà des notes et de comprendre que les examens sont un moyen de développer l’esprit. Et chaque élève a sa propre façon de créer son propre chemin vers la réussite. »
Aux parents, Amal Gopaul dira qu’il faut lever un peu le pied sur la pédale. « Fréquemment, les parents décident du sort de leurs enfants selon leurs propres ambitions. Il n’y est pas parvenu, il croit y parvenir grâce à ses enfants. Devrait-on condamner ou justifier cette mentalité ? Quoi qu’il en soit, une vérité est établie : l’enfant suit l’idée de quelqu’un d’autre sur ce qu’il devrait être, d’où l’amplification du stress des deux côtés – parents et enfant, surtout à l’approche des examens. Donc, parents, soyez calme et évitez de projeter votre stress sur votre enfant. »
Doutes
Selon le recteur du collège Bhujoharry, Didier Moutou, « les élèves prennent cette étape très au sérieux. Ils révisent, écoutent les conseils des professeurs, et certains font même des efforts supplémentaires sur la recommandation de leurs enseignants. »
Mais cette période est aussi synonyme de doutes et de découragement pour certains. Le recteur note que plusieurs élèves réalisent tardivement l’importance d’un travail régulier qui doit être fait tout au long de l’année.
« C’est maintenant qu’ils mettent en œuvre les efforts qu’ils auraient dû fournir dès le début de l’année. »
Le stress lié aux examens a également eu certaines conséquences : plusieurs élèves ne se sont pas présentés à l’épreuve d’Art & Design du National Certificate of Education (NCE) notamment pour le volet théorique, dit Didier Moutou.
« La plupart sont doués pour la pratique, mais le stress était fort. Ce qui nous pousse à nous interroger sur leur capacité à gérer la pression », explique le recteur.
Une enquête interne a révélé que certains élèves sont confrontés à des problèmes familiaux ou personnels, aggravant leur anxiété. Et Didier Moutou appelle à une mobilisation collective.
« C’est à nous de motiver les élèves. Je salue les enseignants qui prennent contact avec ceux qui étaient absents. Il faut relancer les jeunes avec une bonne planification, les encourager à réviser en groupe, à bien gérer leur temps et à ne pas négliger le sommeil. »
Pour le recteur, l’usage de l’intelligence artificielle dans le cadre scolaire est un sujet qui divise. « Il y a deux écoles de pensée. L’une considère que l’IA apporte des éléments utiles, des structures. L’autre estime qu’elle affaiblit la valeur de l’effort et du travail assidu. Pour ma part, je pense qu’il faut encourager le sacrifice et le travail rigoureux. Je préfère que notre esprit et notre cœur travaillent de concert. »
Équilibre
Le pédagogue Harrish Reedoy observe pour sa part une montée du stress chez les élèves à l’approche des examens. Il confirme que ce phénomène est réel, bien que modéré chez certains, et qu’il s’explique par l’importance que les élèves accordent à cette étape souvent perçue comme décisive pour leur avenir. Pour y faire face, il insiste sur la nécessité d’un dialogue ouvert entre enseignants, parents et élèves, afin de créer un climat de confiance et de sérénité.
Selon lui, le stress scolaire résulte d’une combinaison de facteurs. La pression liée à la performance académique est particulièrement marquée chez les candidats aux examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC). La compétition est intense et chaque point peut faire la différence dans l’obtention d’une bourse d’études. À cette situation s’ajoute une charge de travail conséquente, difficile à gérer pour les élèves qui manquent de méthode. Les comparaisons entre pairs, amplifiées par les réseaux sociaux, contribuent également à cette anxiété. C’est pourquoi le pédagogue souligne l’importance de sensibiliser les élèves à l’équilibre entre les études, les loisirs et le repos, tout en leur offrant un accompagnement émotionnel.
Pour aider les élèves à mieux gérer cette période, des sessions de sensibilisation et de conseils sont organisées au sein de l’établissement, animées par un psychologue. Ces sessions, destinées principalement aux candidats du SC et du HSC, portent sur la gestion du stress, la préparation aux examens et la manière de faire face à l’anxiété post-résultats. Toutefois, durant les examens, les élèves restent à la maison et le rôle des parents devient alors crucial. Ils sont invités à observer leurs enfants, à les encourager et à maintenir un environnement calme. En cas de comportement inhabituel, il est essentiel qu’ils alertent le recteur pour qu’un accompagnement adapté soit mis en place.
Harrish Reedoy est convaincu que le soutien psychologique et les séances de préparation mentale sont indispensables. Il estime que l’école doit aller au-delà de la transmission des savoirs et accompagner les élèves sur le plan émotionnel. Ces séances permettent aux jeunes de renforcer leur confiance en eux, d’adopter une attitude positive et de développer des techniques pour gérer la pression. Un suivi psychologique ponctuel peut également être bénéfique pour ceux qui vivent un stress intense.
Interrogé sur les formes d’évaluation, Harrish Reedoy considère qu’il est pertinent d’envisager des alternatives aux examens traditionnels, comme les projets ou les évaluations continues. Ces méthodes permettraient de mieux mesurer les compétences globales des élèves. Cependant, il reconnaît que le système éducatif mauricien reste très compétitif, avec un fort accent sur les résultats. Ces performances conditionnent l’accès aux bourses, aux institutions d’enseignement supérieur et à certaines opportunités professionnelles. À long terme, il est souhaitable que les autorités éducatives trouvent un équilibre entre les examens classiques et des formes d’évaluation plus diversifiées, valorisant des compétences comme la créativité, la collaboration et la pensée critique.
Enfin, le pédagogue rappelle que le rôle des parents est fondamental pendant cette période. Ils doivent créer un environnement serein et motivant à la maison, encourager leurs enfants, les rassurer et éviter une pression excessive. Un dialogue bienveillant est essentiel pour que les élèves se sentent soutenus, quelle que soit l’issue des examens. Les parents peuvent aussi aider à organiser le temps d’étude, veiller à une alimentation saine, au repos et à des pauses régulières. En cas de signes d’anxiété ou de découragement, il est crucial d’informer le recteur ou les enseignants. Pour Harrish Reedoy, le partenariat entre l’école et la famille est un pilier de la réussite et de l’épanouissement des élèves.

Témoignages des élèves
Grace Raoul - Loreto College Curepipe : « Il est essentiel de prendre du temps pour soi «
« Pendant la période des examens, pour évacuer mon stress, j’essaie toujours de prendre un peu de temps pour moi. Parfois, je fais des masques ou je regarde des documentaires ou je prends juste un moment pour réfléchir et me détacher un peu des examens. Le week-end avant mes épreuves du troisième trimestre en grade 12, par exemple, je suis sortie seule pour m’évader vraiment. J’ai goûté à quelque chose de nouveau et j’ai fait un peu de « window shopping », uniquement pour le plaisir. Le samedi, j’étais seule, et le dimanche, j’ai partagé ces moments avec des amis et avec ma famille. J’aime aussi consacrer du temps à mes passions ; assembler des vêtements pour des occasions, chercher des inspirations dans la mode, lire des livres, réfléchir à des idées de philosophes ou cuisiner des plats fins et sains. Je privilégie ma santé en cuisinant des recettes avec beaucoup de protéines, avec des fibres et des salades, plutôt que des plats gras, sucrés ou salés. Pour moi, il est essentiel de prendre du temps pour soi et de trouver un hobby agréable et utile, pour évacuer le stress et se détacher un peu de la pression. »
Heshina Toolsee - Royal College Curepipe : « Une révision continue pendant des heures» n’est pas efficace»
« Les périodes d’examens sont mentalement épuisantes, alors gérer ce stress m’aide à mieux me concentrer sur mes épreuves. D’abord, je m’organise en faisant une liste de contrôle claire concernant tout ce qu’il me reste à faire pour être prête et éviter la panique la veille des examens. De plus, je trouve qu’une révision continue pendant des heures n’est pas efficace, alors j’essaie de faire des pauses pour éviter la fatigue mentale. Écouter de la musique durant la révision m’aide aussi à réduire le stress et à mieux me concentrer. En outre, avant de commencer un examen, je me rappelle que si je me stresse, je ne pourrai pas faire de mon mieux. Il faut se rappeler que si on ne gère pas ce stress efficacement, les résultats seront pires. »
Andrew Julie - Queen Elizabeth College : « Je pratique aussi des exercices de respiration et de méditation»
« Pendant les périodes d’examens, il est essentiel d’apprendre à gérer le stress pour rester concentré et performant. Pour ma part, je commence par adopter une bonne hygiène de vie : dormir suffisam-ment et manger équilibré. Ce qui m’aide à garder l’énergie nécessaire pour réviser sereinement. Ensuite, je planifie mes révisions à l’avance en alternant les matières difficiles et plus légères pour éviter la surcharge. Je pratique aussi des exercices de respiration et de méditation pour calmer mon esprit avant d’étudier. Parler avec mes amis ou mes proches m’aide également à relativiser et à me sentir soutenu. Enfin, je me dis que les examens ne sont qu’une étape et qu’il est important de rester confiant. Une attitude positive fait toute la différence. »
Kistnen Savilen - GMD Atchia : « Je planifie mes révisions à l’avance»
« Le stress des examens est une expérience commune à tous les étudiants. Pour ma part, j’essaie de le transformer en énergie positive. Je planifie mes révisions à l’avance afin d’éviter la panique de dernière minute. J’accorde aussi une grande importance au sommeil et à une alimentation équilibrée, car un esprit reposé est plus efficace. Avant chaque examen, je pratique la respiration profonde pendant quelques minutes pour calmer mon esprit. Enfin, je me dis que les examens ne définissent pas entièrement ma valeur. L’essentiel est de faire de son mieux et d’apprendre de chaque expérience. Avec une bonne organisation et une attitude positive, le stress devient une source de motivation plutôt qu’un obstacle. »

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