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Mieux Comprendre : la roupie numérique s’annonce pour fin 2022

Le régulateur bancaire bénéficie du soutien technique du Fonds monétaire international pour son projet de monnaie numérique.

Après la conception, la mise en place et le lancement d’une plateforme où la technologie de pointe s’enracine dans nos modes de paiement, la Banque de Maurice dirige ses ressources vers le vaste chantier qu’est la numérisation de notre monnaie locale. Dans cet univers où s’entassent les termes techniques et ronflants, l’utilisateur futur serait hésitant avant d’accepter les changements continus. L’heure est à la vulgarisation. La Banque centrale apporte des éléments de réponse. 

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Roupie numérique

La description générale est la Central Bank Digital Currency, une forme électronique de la monnaie émise par les banques centrales. A Maurice, le régulateur bancaire a pris les devants dans cette course vers la e-rupee, un nom approprié pour notre monnaie numérique mauricienne. Elle aura les mêmes fonctions que les billets de banque. Elle sera disponible aux ménages et entreprises pour effectuer des paiements. Elle aura une unité de valeur.

Cryptomonnaie

Elles existent sous de multiples noms à travers le monde. Le plus commun est la Bitcoin, dont la valeur s’est rapprochée des 50 000 dollars (Rs 2,1 millions) à la fermeture des marchés, lundi 4 octobre. 

Les échanges sur la Bitcoin sont suivis avec intérêt. D’une part, il n’en demeure pas moins que la Bitcoin et autres cryptomonnaies ont été émises par des instances privées et ne bénéficient du soutien d’aucune Banque centrale. D’autre part, la valeur d’une cryptomonnaie est trop volatile pour être fiable et acceptée comme un moyen de change. Ce faisant, elles ne sont pas utilisées comme une unité de compte.

De devise inconnue à….

Une cryptomonnaie n’est pas considérée comme une devise ou de l’argent. Elle n’a pas les fonctions essentielles de l’argent qui est : 

(i) une réserve de valeur avec laquelle on pourrait transférer le pouvoir d’achat d’aujourd’hui à demain. Car l’argent ne devrait point perdre de sa valeur de manière significative entre le moment de recevoir une somme et l’heure d’effectuer des paiements,  (ii) c’est un moyen pour effectuer des paiements pour des biens et services. Par exemple, on pourrait détenir 10 unités de Bitcoin faisant de la personne un millionnaire (Rs 21 millions) et c’est tout, et (iii) Une monnaie permet de mesurer la valeur d’un produit, un service, un prêt ou des économies. Peut-on acheter une berline avec trois Bitcoin ? Non.

…Monnaie reconnue

A l’opposé d’une cryptomonnaie, la monnaie – ou roupie – numérique sera émise par le régulateur bancaire. Sur ce projet, la Banque de Maurice bénéficie de l’assistance technique du Fonds monétaire international. 

La prochaine étape sera sous forme de consultations avec les proches partenaires du monde financier et bancaire. Le public aura son mot à dire. 

La Banque de Maurice compte lancer, sur une base pilote, sa monnaie digitale au cours du second semestre de 2022. L’annonce initiale, rappelons-le, a été faite par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, dans le discours budgétaire 2021-22.

Valeur exacte

La monnaie numérique sera stockée dans un portefeuille digital qu’on pourrait activer d’un écran de smartphone. De prime abord, on pourrait conclure que la e-rupee aura une valeur différente et qu’une unité, par exemple, pourrait représenter Rs 1 000 ou Rs 500. La Banque centrale rassure. La valeur sera équivalente, soit 100 unités de monnaie digitale pour Rs 100. Elle sera accessible aux particuliers et commerces. Ce sera une facilité de paiement numérique, de pair à pair, semblable à de l’argent liquide (mais elle sera stockée dans les coffres digitaux).

Investissements conséquents

La technologie financière est évolutive. Il suffit d’un mauvais choix pour que le meilleur des projets et ambitions soit voué à l’échec. A partir de ce constat, est-ce que la roupie numérique exigera des investissements conséquents tant pour la Banque de Maurice, les banques commerciales et l’usager ? 

A cette question, le régulateur répond d’emblée que tout dépendra du modèle qu’il adoptera. Cela étant dit, en termes d’infrastructures, une monnaie numérique émise par une Banque centrale requiert de la résilience, un niveau élevé de sécurité et une disponibilité continue. De facto, des investissements en infrastructures seront requis tant pour la Banque de Maurice que les banques commerciales. (Le régulateur n’a pas encore finalisé son choix de la technologie). 

Concernant le consommateur, la Banque de Maurice s’assurera que sa monnaie numérique soit disponible par le biais de canaux existants dont les téléphones cellulaires.

Terrorisme, blanchiment

Mettons de côté les billets de banque. Un transfert sans que le système s’en aperçoive pourrait blanchir un montant acquis de manière illicite. Qui plus est, un transfert sera source de financement du terrorisme avec des pertes conséquentes à tous les niveaux. Or, la monnaie numérique dispose de sa signature électronique, facilitant sa traçabilité dans le système. De plus, cette monnaie offrirait une possibilité de stopper les transactions illégales à sa source.

Frais, commissions

La Banque de Maurice rassure. Indépendamment du modèle qui sera adopté, le coût de la transaction sera minimal. Elle sera en ligne avec l’objectif majeur d’offrir aux Mauriciens un choix de méthodes de paiements efficaces, sécurisées et à moindre coût.
 

 

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