
Face à une situation économique fragile héritée du passé, le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs insiste sur la nécessité d’un effort collectif pour redresser Maurice. Avec des mesures fortes sur les prix et un encadrement rigoureux, le gouvernement mise sur deux ans de solidarité pour rétablir la stabilité et alléger le coût de la vie.
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Comment jugez-vous les réactions de la population face aux mesures budgétaires ?
Les réactions sont diverses. Certaines personnes approuvent les mesures budgétaires tandis qu’un nombre non négligeable les critique ouvertement. Pour ma part, je prends ces critiques de manière positive, car il est impossible de plaire à toute la population. En ce qui concerne mon ministère, je trouve que les mesures adoptées sont satisfaisantes.
Pouvez-vous préciser l’impact du « maximum mark-up » sur les prix des produits alimentaires ?
Le maximum mark-up a joué un rôle majeur dans la réduction des prix, permettant à certains produits de diminuer parfois de plus de 50 %. Cependant, il est important de souligner que ce plafonnement s’applique uniquement aux nouvelles cargaisons. Plusieurs produits ont déjà été placés sous ce régime récemment, et je signerai les régulations dans les prochains jours pour renforcer ces mesures.
Concernant les légumes frais commercialisés en supermarchés, la marge bénéficiaire autorisée sera limitée à 20 %, au lieu des marges souvent exorbitantes allant jusqu’à 200 ou 300 %. Cette mesure entrera en vigueur dès la semaine prochaine.
Le « maximum mark-up » s’applique-t-il également aux légumes vendus sur les marchés locaux ?
Pour les légumes vendus sur les marchés, la situation est un peu différente. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l’Agro-industrie pour trouver une solution adaptée.
Est-il vrai que le sel de table connaîtra une baisse significative ? Quelle différence faites-vous entre le sel de table et le sel de mer ?
Permettez-moi d’abord d’expliquer la différence. À Maurice, nous produisons principalement du sel de mer, un produit local dont il faut protéger la production et les emplois liés. Le sel de table, en revanche, est commercialisé à un prix souvent autour de Rs 25 à Rs 26 pour un sachet. Or, ce produit coûte seulement entre Rs 5 et Rs 5,50 à produire localement. C’est pourquoi le ministère a décidé de plafonner le prix maximal du sel de table à Rs 12.
Cette mesure ne concerne pas le sel de mer, afin de préserver la filière locale.
Pouvez-vous donner des exemples concrets de produits dont le prix a baissé grâce à ces mesures ?
Bien sûr. Prenons l’exemple des mixed vegetables de la marque Ardo (400 grammes). Avant l’instauration du maximum mark-up, le prix était de Rs 101,50. Après application de ce plafond, il est tombé à Rs 52,82, puis à Rs 45,93 suite à l’exemption de la TVA, soit moins de la moitié du prix initial. Autre exemple, les Emborg Organic Mixed Vegetables (400 grammes), dont le prix est passé de Rs 145 à Rs 96,35 après le mark-up, puis à Rs 83,90 après exemption de la TVA.
Quel est le mode opératoire pour s’assurer que les prix sont bien respectés ?
C’est une très bonne question. Nos officiers du ministère se déplacent régulièrement dans les supermarchés à travers le pays pour vérifier les prix affichés. Dès qu’une nouvelle cargaison arrive, l’importateur est tenu d’en informer le ministère, qui calcule alors le prix maximal auquel le produit peut être vendu. Le commerçant doit impérativement respecter ce tarif. Ces informations sont également publiées sur le site officiel pfu.govmu.org, ce qui permet au public de consulter la liste des produits concernés et leurs nouveaux prix.
Quelles sanctions sont prévues en cas de non-respect des prix imposés ?
Des marges ont été définies : 25 % pour les légumes en conserve, 34 % pour les légumes surgelés. Ces marges incluent celles des importateurs et des détaillants. Le ministère effectue des contrôles réguliers et verbalise les commerçants qui ne respectent pas la loi. À ce jour, une dizaine d’amendes ont été infligées à des détaillants qui n’ont pas appliqué la baisse de la TVA. Toutefois, ces commerçants ne sont pas toujours entièrement responsables, car certains importateurs tardent à communiquer les nouveaux prix.
Êtes-vous satisfait des premiers résultats de ces mesures pour alléger le coût de la vie ?
Oui, je suis satisfait, mais il ne s’agit que d’un commencement. C’est un travail d’équipe et le gouvernement met tout en œuvre pour alléger le panier des ménages. La situation reste cependant difficile, en partie à cause de la mauvaise gestion héritée du gouvernement précédent. C’est pourquoi certains produits, comme les conserves et les produits pour bébés, connaissent d’ores et déjà une baisse effective. Le gouvernement sortant avait mis l’accent sur la dévaluation de la roupie. Un dollar américain qui coûtait Rs 28 est maintenant à Rs 47. L’Euro, qui était à Rs 38 l’unité est maintenant à Rs 52. Des milliards de roupies de billets ont même été imprimés.
À quand peut-on s’attendre à une baisse significative du prix du carburant ?
Il faut comprendre que les contrats d’approvisionnement de la State Trading Corporation (STC) sont conclus pour une durée fixe. Le contrat actuel pour l’essence expire le 31 juillet 2025. Un nouvel appel d’offres est déjà lancé, et le futur contrat prendra effet à partir du 1er août 2025, avec un coût inférieur d’environ Rs 1 milliard pour l’État. Cela devrait entraîner une baisse des prix à la pompe, mais il est difficile de préciser la date exacte.
Quelle est l’avancée de la restruc-turation de la STC ?
J’aimerais que la STC soit plus agressive sur le marché. Par exemple, les produits locaux comme ceux de la marque Smatch sont peu visibles dans les rayons des supermarchés. C’est pourquoi j’ai insisté pour renforcer leur présence et leur visibilité, afin de mieux promouvoir les produits mauriciens.
Que répondez-vous aux critiques concernant la hausse de l’âge de la pension universelle à 65 ans ?
Le gouvernement hérite d’une situation catastrophique. Si nous restions dans une politique business as usual, personne ne bénéficierait d’une pension à la retraite. Je comprends l’inquiétude des travailleurs manuels, mais il faut agir pour assurer la pérennité du système. Moody’s a déjà attribué une mauvaise note au pays, ce qui est préjudiciable. Notre priorité est de bâtir un avenir stable pour nos enfants. Avant, la liberté d’expression était réprimée, mais ce temps est révolu. Maintenant, il faut s’atteler aux affaires sérieusement.
Comment se porte la cohésion au sein du gouvernement suite aux contestations liées au budget ?
Nous analysons la situation attentive-ment. Nous savons que certains expriment leur mécontentement, tandis que d’autres comprennent la réalité économique. Je lis tous les commentaires sur les réseaux sociaux. Nous sommes aussi conscients que certaines personnes sont payées pour attiser les tensions, mais nous restons concentrés sur notre mission.
Selon vous, quand Maurice pourra-t-elle retrouver une stabilité économique durable ?
Écoutez. Je reviens au ministère du Commerce après 15 ans. À l’époque, les problèmes étaient moins graves. Aujourd’hui, nous avons une dream team, mais il faut du temps. Je dirais qu’il faudra environ deux ans pour observer une amélioration réelle. En attendant, il faut faire preuve de solidarité.
Quelles sont vos perspectives à moyen terme pour l’amélioration des conditions de vie ?
Nous faisons tout pour rétablir la situation au plus vite. Nous ne sommes pas là pour faire souffrir la population. Le gouvernement précédent a laissé le pays dans une situation difficile, avec une dévaluation de la roupie et une inflation galopante. Il a passé son temps à fer labous dou et c’est cette stratégie qui nous a mis dans la situation actuelle. Nous sommes déterminés à inverser cette tendance et à offrir des jours meilleurs à tous les Mauriciens.

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