- L’enquête se poursuit, affirme-t-il
Un « acte criminel » a été commis contre l’économie. « Zot finn ‘default public funds’ ». En conférence de presse, samedi au bâtiment du Trésor, le Premier ministre Navin Ramgoolam a fait une sortie en règle contre l’ancien ministre des Finances Renganaden Padayachy et l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth.
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Selon Navin Ramgoolam, Renganaden Padayachy aurait créé des sociétés écran « pou fer aprouv bann ‘loan’ a traver Mauritius Investment Corporation (MIC). Il s’agit d’emprunts qui n’avaient pas été approuvés. Ti pe aprouve apre. La Banque centrale continue d’enquêter sur la MIC ».
Pulse Analytics
Un volet de l’intervention de Navin Ramgoolam a été consacré à Pulse Analytics. Cette compagnie, qui tombe dans la catégorie des entreprises ayant un niveau de risque 5 (NdlR, risque très élevé), a obtenu 1 milliard de dollars (Rs 45 millions) de la MIC. « Nous étions en pleines élections générales. Ce qui n’a pas freiné la vitesse à laquelle cette transaction a abouti », avait indiqué le gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, lors de sa conférence de presse, le samedi 7 décembre dernier, sans toutefois citer implicitement Pulse Analytics.
Le gouverneur de la Banque de Maurice avait d’ailleurs déclaré qu’il s’agissait clairement un cas de détournement de fonds publics : « Il est clair qu’il y avait une connivence entre la Banque centrale et la MIC pour ‘defraud public funds’ dans ce cas spécifique ». Les officiers de la MIC ont déjà fait une déposition à la police sur ce « clear cut case ».
En conférence de presse, samedi, le Premier ministre est revenu sur la genèse de ce décaissement. Il explique que Pulse Analytics avait sollicité un prêt auprès de la MIC. Le conseil d’administration de cette institution avait rejeté cette demande. « Li dir ‘it is a very, very high risk project, unlikely’ li pou kapav ranbours lamone ki pou donn li la », explique Navin Ramgoolam.
Il avance que des « pressions » ont été exercées sur le Chief Executive Officer (CEO) de la MIC, à savoir Jitendra Bissessur, pour qu’il revoie cette décision. « Gouverner labank central kit so biro, al dan biro MIC pou sanz sa desizion-la. Proze-la revinn lor latab. Ek la osi ena ofisie inn dir be si pe met presion, met bann kondision. Okenn bann kondision pa ‘meet’ », poursuit-il.
Un tournant se produit le 28 octobre. « Enn sel kou, tou aprouve. Fini. » Selon Navin Ramgoolam, une fois le financement obtenu, « li retir toutswit Rs 10,2 millions pou li depans lor limem. Tou kas li, so fami ek so bann konplis inn pran ». Le Premier ministre déclare que la Banque centrale a réussi à bloquer Rs 34,8 millions grâce à une injonction. « Mais les 10,2 millions ont déjà été dépensées. »
La Banque de Maurice s’est engagée à « recupérer l’argent détourné de la MIC ». Le gouverneur Rama Sithanen avait indiqué, en conférence de presse, que « la Banque de Maurice a la capacité de faire un ‘audit trail’ sur tout l’argent qui a quitté la banque et pour voir comment celui-ci a été utilisé. Je pense qu’on peut récupérer une partie de cet argent, mais une autre partie a déjà quitté le pays ».
Il est prévu que l’ancien CEO de la MIC, Jitendra Bissessur, s’explique sur cette affaire. Il a déjà été interrogé une première fois par la police, le vendredi 6 décembre. « Il était ‘on leave without pay’. Quand il a démissionné de la MIC, il a voulu réintégrer la Banque de Maurice. Je lui ai dit qu’il y a des allégations et qu’il faut attendre que l’enquête se fasse. Il devra assumer ses responsabilités », avait prévenu Rama Sithanen.
L’ancien ministre des Finances a été sollicité à plusieurs reprises au téléphone pour une déclaration. Mais il est resté injoignable. Le directeur de Pulse Analytics, Stephan Adam, a également été sollicité. En vain.
Le scandale Silver Bank
Le Premier ministre est également revenu sur le scandale de la Silver Bank (ex-Banyan Tree Bank), dont Ginny Gupta, l’épouse de l’homme d’affaires controversé Prateek Gupta (NdlR, poursuivi par Trafigura pour une fraude alléguée de 577 millions de dollars), détient 75 % des actions. « Plis ki 60 % ‘loan’ done ek kontrole par misie Gupta (NdlR, Prateek Gupta). Il n’a donné aucune garantie. Bann-la pa donn sekirite, nek gagn ‘loan’ », a-t-il fait savoir.
Ce qu’a confirmé le gouverneur de la Banque de Maurice lors de sa conférence de presse, le samedi 7 décembre dernier : « C’est l’époux de la propriétaire de la banque qui a obtenu la majorité des prêts accordés. » Et Rama Sithanen avait ajouté : « Quand la Banque de Maurice est intervenue, s’inquiétant de la vitesse à laquelle cette banque accordait des prêts au risque de faire faillite, il y a eu des interventions pour continuer à accorder des ‘loans’. »
Des prête-noms utilisés
Au dire de Navin Ramgoolam, « minis finans lepok dir gouverner labank aret donn ‘loan’. Me apre, limem met presion pou donn ‘loan’ sertin Morisien. » Selon lui, des individus auraient utilisé des prête-noms afin de bénéficier d’emprunts. « Ena de gran voler kinn gagn ‘loan’ koumsa. Je ne mentionnerai pas leurs noms pour le moment. Me seki finn arive li kriminel. Zot inn pran sa larzan-la ek zot finn kokin », déplore-t-il. Le gouverneur de la Banque de Maurice avait, lui aussi, fait savoir que « ceux qui ont obtenu des prêts sont des gens qui ne les méritaient pas ».
Lors de sa conférence de presse, le samedi 7 décembre dernier, Rama Sithanen avait précisé que « c’est un comité de l’ancien ministère des Finances qui a pris l’argent de l’État pour injecter dans cette banque, connaissant très bien qu’il y avait connivence ». Dans ce cas également, le gouverneur de la Banque de Maurice a dénoncé « une complicité pour détourner les fonds publics ».
Si le ministère des Finances a pu retirer une partie de ses placements dans cette banque, il reste, au total, quelque Rs 522 millions de l’argent du ministère dans la Silver Bank. Selon Rama Sithanen, « les ‘loans and advances’ de cette banque s’élèvent à environ Rs 8,3 milliards, alors que son ‘impairment’ est de Rs 8,1 milliards. Aucun des actifs donnés par cette banque ne vaut quelque chose. Les chances de récupérer ces sous sont très faibles ».
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