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Mi-parcours 2023 : une reprise visible mais la conjoncture demeure incertaine 

Les observateurs sont unanimes : la reprise est palpable alors qu’on va aborder le second semestre. Cependant, certains facteurs risquent de jouer les trouble-fête.

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Questions à…  Mala Chetty, entrepreneure : « Si on veut la croissance, il faut innover » 

Mala ChettyLa reprise dans le tourisme a été au-delà de nos espérances, affirme Mala Chetty. Si l’entrepreneure s’attend à une meilleure année sur le plan économique, elle s’inquiète cependant du manque criant de main-d’œuvre ou encore de la prolifération de la drogue dans le pays. 

La reprise semble être bien partie cette année. 2023 s’annonce-t-elle meilleure sur le plan économique ? 
2023 est nettement meilleure que 2022. On a progressé plus vite que beaucoup de pays en Europe. Au niveau du secteur touristique, la reprise a été au-delà de nos espérances. Tous les hôtels sont remplis. Idem pour les avions. Et cette situation perdurera jusqu’à fin août. C’est la première fois qu’on constate autant de touristes à pareille époque de l’année. 

Le secteur touristique est à nouveau sur les rails. Comment va-t-il participer à la croissance ?
Le pays en profitera, d’abord, en termes de rentrée de devises. Ce qui n’est pas négligeable. Nous avons ainsi des devises pour nos importations. Par ailleurs, beaucoup de Mauriciens vivent du tourisme. Un exemple flagrant, c’est Grand-Baie où la circulation routière est aussi dense qu’à Port-Louis pendant les heures de pointe. C’est une région touristique toujours en effervescence et où beaucoup de Mauriciens travaillent. 

Dans quelle mesure le Budget va-t-il permettre de relancer les activités économiques ?
Le Budget a donné confiance aux entrepreneurs, il encourage le business et, par ricochet, favorise les activités économiques. Lors de son discours, le ministre des Finances a déclaré qu’il attend plus d’innovation de la part du secteur privé. Certainement, nous manquons d’innovation à Maurice. Si on veut la croissance, il faut innover. Mais, cela prendra du temps à mettre en place. 

Il y a aussi des incertitudes notamment par rapport à l’inflation. Vos commentaires ?
L’inflation demeure parce que nous dépensons trop sur les importations sans compter les effets de la dépréciation de la roupie face à l’euro et au dollar. Par ailleurs, le taux bancaire constitue un frein au développement des entreprises et limite la croissance du pays. 

Pour vous, le manque de main-d’œuvre est tout aussi préoccupant… 
Ce qui freine la croissance, c’est le manque de personnel qualifié. Pendant la pandémie, une bonne partie de la main-d’œuvre qualifiée a été mise en préretraite ou en retraite. Ils ont été remplacés par des jeunes qui ne sont pas assez formés. Et cela se ressent dans le tourisme et la restauration. Il y a aussi les bateaux de croisière qui prennent notre personnel. 

Il est impératif aujourd’hui d’avoir un mix de personnel avec expérience et de jeunes. Malheureusement, le bât blesse au niveau de la formation. Il nous faut être visionnaire sur le plan de la formation tout en étant été conscient que la situation ne va pas s’arranger du jour au lendemain. Il faudrait augmenter le nombre d’académies qui forment les jeunes aux métiers du tourisme. Mais, dans l’immédiat, si l’on veut maintenir la croissance, il faudrait permettre aux entreprises d’importer de la main-d’œuvre. 

Le pays connaît une crise institutionnelle sans compter la prolifération de la drogue et du blanchiment d’argent. Quelle incidence sur l’économie ? 
C’est vrai que le pays est miné par la drogue. Il faut le dire ! On ne peut pas le cacher ! Nous devrons aujourd’hui faire ce qu’il faut pour protéger nos jeunes de la drogue. Faut-il plus de répression ? Faut-il resserrer les lois ? Il faut penser à toutes les solutions. Je pense qu’il faudrait en premier lieu empêcher la drogue d’entrer dans le pays. Il faut agir en amont. Il faudrait aussi, comme pour le contrôle d’alcoolémie, qu’il y ait des contrôles de consommation de drogue sur nos routes, dans les quartiers, dans les écoles, etc. Par ailleurs, il faut ouvrir les discussions sur la question de dépénalisation de la drogue. Ce sujet doit être discuté pas seulement par les institutions et la police, mais aussi par la société civile. La drogue est un problème de société. Tout le monde doit participer au débat et trouver des solutions.

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