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Meurtre à Roche-Bois : la descente aux enfers de Maëva Edouard, 23 ans 

C’est dans une cabane sur ce terrain en friche à Roche-Bois que le cadavre de Maëva Edouard a été trouvé mercredi. Maëva Edouard, du temps où elle était plus jeune et loin de l’univers de la drogue.
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Prisonnière du fléau de la drogue, Maëva Edouard était devenue SDF, mendiant pour survivre et se payer sa dose. Le cadavre de cette femme de 23 ans a été découvert le mercredi 19 octobre 2022 dans une cabane sur un terrain en friche à Roche-Bois. Sa mère Sandra Victor a accepté de se confier au Défi Plus. 

Sa vie n’aura pas été de tout repos. Maëva Edouard, qui avait 23 ans, était tombée dans la spirale infernale de la drogue à un jeune âge avant d’entrer dans l’univers de la prostitution. Elle avait fini par devenir SDF, mendiant pour survivre et se payer sa dose. Ce mode de vie a fini par causer sa perte. 

Son cadavre ensanglanté a été découvert par la police à l’arrière du jardin Sir Gaëtan Duval à Roche-Bois dans l’après-midi du mercredi 19 octobre 2022. La jeune femme a été victime d’une agression. Son concubin Stephan Simon, qui n’est pas inconnu des services de police, a été arrêté puis inculpé de meurtre. Cet homme de 42 ans nie les faits qui lui sont reprochés (voir encadré). 

S’il y en a une qui regrette amèrement la descente aux enfers de Maëva Edouard, c’est sa mère Sandra Victor, 38 ans. « Gete kouma li ti sourian », lâche-t-elle alors qu’elle tient une photo de sa fille aînée du temps où celle-ci était plus jeune. Elle explique qu’elle a pourtant tout fait pour que son enfant ne manque de rien. 

« Nous n’avions pas de maison quand elle est née. Nous habitions chez des proches un peu partout avant de nous installer à Chebel chez ma belle-mère. C’est en majeure partie là-bas qu’elle a vécu », explique Sandra Victor. Elle ajoute que sa fille était une enfant joviale et active. 

Après l’école primaire, elle avait fréquenté un collège de Beau-Bassin. « Elle était en prevoc », se souvient sa maman. Durant son adolescence, Maëva Edouard s’était fait beaucoup d’amis. « Elle avait commencé à rentrer tard à la maison. Je n’aimais pas ce comportement. Quand je lui demandais des explications, elle me disait qu’elle était avec des amies à faire leurs devoirs. » 

Puis Sandra Victor avait fini par apprendre que sa fille passait beaucoup de temps avec des garçons aussi. « Enn madam ti dir mwa ki linn trouv mo tifi pe sikann garson ek pe rod zot nimero telefone. Mo ti dir mo tifi ki mo pa kontan sa bann manier malelve la. So papa osi ti dir li », raconte la mère de famille. 

Un jour, elle était rentrée à la maison mais sa fille n’était toujours pas là. « Ce jour-là, elle s’était rendue avec une amie à Port-Louis sans m’en informer. Ma fille devait avoir 15 ans. Cela m’avait mise hors de moi. Je l’avais frappée avec un rotin pour qu’elle retienne la leçon », explique la maman. 

À l’âge de 16 ans, Maëva Edouard avait fini par faire la connaissance d’un jeune homme. « Kan mo ti tann sa, mo ti demann li eksplikasion. Li ti dir mwa ki garson la aranz motosiklet. Li ti abitie donn li sokola », explique Sandra Victor. 

Un jour, elle avait reçu un appel de ce jeune homme. « Li ti dir mwa ki mo tifi zoli ek ki li kontan li. Mo ti dir li tro boner ek ki so papa nanie pa o kouran. Mo ti dir li les mo tifi gagn 18 an ek fini so letid », relate-t-elle. Le jeune homme avait commencé à se rendre chez elle pour voir Maëva. « Elle poursuivait ses études et elle voyait son copain après le collège », indique Sandra Victor. 

Mais ce qu’elle redoutait avait fini par se produire. « Un beau jour, ma fille avait commencé à se plaindre de douleurs à l’estomac et de nausées. Lorsque je l’avais emmenée chez le médecin, il nous avait annoncé qu’elle était enceinte. J’avais alors dit au jeune homme de prendre ses responsabilités. »

Changement radical 

Sandra Victor regrette de ne pas avoir pu ramener sa fille sur le droit chemin.
Sandra Victor regrette de ne pas avoir pu ramener sa fille sur le droit chemin.

Maëva Edouard ne voulait plus continuer ses études. Elle était allée s’installer chez son compagnon à Lallmatie. Après son premier fils, elle avait accouché de son second enfant peu de temps après. « Elle venait me voir, mais elle ne restait pas longtemps », se remémore Sandra Victor. 

Toutefois, la vie de la jeune femme allait connaître un changement radical. « Li ti pe bwar enn ti labier koumsa dan enn fe. Enn zour, enn kamarad ti demann li si li pa ti anvi sey enn lot kiksoz. Koumsa mem linn al tom dan ladrog. Li ti nepli kapav. Li ti pe bizin sa pou li reste. »

L’attitude de la jeune femme avait fini par avoir raison de son couple. « Li ti koumans fer brit ek so bann zanfan. Li ti fer ner pou enn wi pou enn non. Li ti kit so misie. » Maëva Edouard était allée habiter un moment avec sa mère, qui avait trouvé une maison à La Butte. 

« Li ti bwar. Li ti droge. Li ti koumans fer insinifian ek dimounn. Li ti fatig vwazin. Li ti ena tou dan lakaz, me li ti al dimande kouma dir pena nanie », raconte sa mère avec regret. La situation empirait et Sandra Victor affirme qu’elle avait tout tenté pour que sa fille arrête de se droguer. 

« Mo ti amenn li dan sant. Li pa ti le. Mo ti mem fer demars pou ki li al pran metadonn. Sa ousi li pa ti le. Li ti fer prostitision pou gagn kas ek droge », se désole la mère de famille désemparée face à la mauvaise voie qu’empruntait sa fille. « Mo ti dir li arete ek sa lavi la ek pans inpe so bann zanfan. » 

Il y a environ un an, Maëva Edouard avait quitté le domicile de sa mère pour ne plus revenir. « Li ti dir mwa ki li tinn al kot enn kamarad Terre-Rouge. Selman pa kone ki ti ariv li apre. Mo laport ti touletan res ouver pou li. Mo ti anvi li revini », confie Sandra Victor. 

Elle précise que des gens qui les connaissent venaient la voir pour lui dire qu’ils avaient vu sa fille à tel ou tel endroit, demandant l’aumône et qu’elle demandait de mes nouvelles. « Je ne savais pas où elle se trouvait exactement », dit-elle au bord des larmes. 

La dernière fois où elle avait entendu Maëva remonte à deux semaines précédant le drame. « Elle m’avait appelée pour me demander un peu d’argent. » Sandra Victor ignorait que c’était la dernière fois qu’elle lui adressait la parole. 

Dans l’après-midi du mercredi 19 octobre 2022, elle a reçu un coup de massue sur la tête. Elle a appris que sa fille aînée a été victime de meurtre. « J’ignorais qu’elle se trouvait à Roche-Bois. Elle serait en vie si j’avais pu la ramener à la maison », lâche-t-elle en pleurs. 

Les funérailles de la jeune femme étaient prévues jeudi après-midi. C’est finalement dans la matinée du vendredi 21 octobre 2022, à Bambous, qu’ont eu lieu ses obsèques. Elle laisse derrière elle deux enfants âgés de cinq et six ans. 

Le suspect nie les faits 

Stephan Simon, le principal suspect, est provisoirement inculpé de meurtre.
Stephan Simon, le principal suspect, est provisoirement inculpé de meurtre.

Dans le sillage de l’enquête, la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord a arrêté Stephan Simon. Selon la police, cet homme de 42 ans, proche de la victime, a été l’une des dernières personnes à l’avoir vue avant la découverte macabre. Il est provisoirement inculpé de meurtre. 

Le suspect continue de nier les faits qui lui sont reprochés. Cet homme n’est pas inconnu des services de police. Il avait été arrêté en 2007 pour trouble à l’ordre public, puis en 2011 pour vandalisme à Sainte-Croix. En 2015, il s’était fait épingler par la police de Souillac pour vagabondage. Pas plus tard qu’en juillet 2022, il avait été arrêté pour vol par la CID de Port-Louis Nord.

 

 

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