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Meurtre de Vanessa Lagesse en 2001: reconnu coupable, Bernard Maigrot en attente de la peine qui lui sera infligée 

Vanessa Lagesse avait été retrouvée morte, le 10 mars 2001, à son domicile à Grand-Baie. L’homme d’affaires faisait face à une accusation de « manslaughter » devant la cour d’assises.
  • Vingt-trois après, un verdict intervient dans cette affaire 

Le 16 juillet 2024, Bernard Maigrot sera fixé sur son sort. L’homme d’affaires, âgé de 62 ans, a été reconnu coupable, le 27 juin 2024, du meurtre de Vanessa Lagesse, âgée de 35 ans, devant la cour d’assises. Cela après qu’un verdict de culpabilité a été prononcé contre lui par les jurés à une majorité de sept contre deux. Celui-ci intervient vingt-trois ans après les faits qui remontent au 10 mars 2001, à Grand-Baie.

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C’est un procès qui s’est étalé du 20 mai au 25 juin 2024 devant la cour d’assises. Le 27 juin 2024, Bernard Maigrot a été reconnu coupable du meurtre de Vanessa Lagesse à une majorité de sept contre deux par les jurés. Ces derniers ont été séquestrés depuis le 21 juin 2024.

Après la délibération des jurés, Bernard Maigrot a été menotté par la police et conduit à la prison centrale de Beau-Bassin sous l’escorte de la Special Supporting Unit (SSU). Le sexagénaire sera de retour devant la cour d’assises pour les plaidoiries entourant la peine qui lui sera infligée. 

Dans cette affaire qui a défrayé la chronique, Bernard Maigrot faisait face à une accusation de « manslaughter » en vertu de l’article 215, 223 (3) du Code pénal. Il était accusé du meurtre de Vanessa Lagesse. Délit commis, le 10 mars 2001, à Grand-Baie. 

L’homme d’affaires avait plaidé non coupable. Il est défendu par Me Gavin Glover, Senior Counsel.

Qu’encourt l’homme d’affaires… 

Selon Me Ravi Rutnah, vu que l’homme d’affaires est poursuivi sous l’ancienne loi de « manslaughter », la peine maximale est de vingt-cinq ans. Car, dit-il, le délit remonte à 2001. Donc, la loi n’est pas rétroactive. Tout en ajoutant que cette loi a été amendée en 2007, soit six ans après les faits. Alors qu’actuellement, la peine maximale pour « manslaughter » est de quarante-cinq ans.

Les possibilités de peine à être infligée

D’autre part, Me Ravi Rutnah soutient que la cour doit prendre en considération plusieurs aspects avant de prononcer le verdict. Notamment les circonstances aggravantes et atténuantes de l’affaire. « Il ne faut pas négliger le délai entre la commission de l’infraction et le verdict. Sans oublier le temps que Bernard Maigrot a passé en cellule policière. Donc, il encourt une peine de moins de vingt-cinq ans ». 

Peut-il contester la décision des jurés ainsi que sa condamnation

Après sa condamnation, souligne Me Ravi Rutnah, Bernard Maigrot aura vingt-et-un jours pour contester la décision des jurés et aussi la peine infligée par la cour d’assises. En appel, il aura à soulever des erreurs de droit. Entre-temps, il pourra réclamer le gel de sa condamnation et sa remise en liberté sous caution en attendant une décision de la Cour d’appel.

Ils ont dit….

Le juge Luchmyparsad Aujayeb : « Les jurés doivent parvenir à une conclusion basée uniquement sur les preuves »

Dans son résumé, le juge Luchmyparsad Aujayeb a affirmé que ce sont les jurés qui sont les seuls à décider sur les faits et quels poids attachés aux preuves mises devant eux. Pour lui, le verdict ne doit pas être basé sur des spéculations. Il a précisé aux jurés qu’ils doivent parvenir à une conclusion uniquement basée sur les preuves. Tout en expliquant la différence entre preuves directes et circonstancielles. Autre point du juge est qu’il incombe uniquement à la poursuite de prouver que Bernard Maigrot est coupable. Il est revenu sur plusieurs témoignages, notamment de l’ex-chef du département médico-légal, le Dr Satish Boolell, du Professeur Christian Doutremepuich, du Dr Susan Pope et de Christophe Champod. Il a aussi indiqué il n’y a aucune preuve directe contre l’homme d’affaires. Tout en indiquant que la poursuite s’est appuyée sur les preuves scientifiques dans cette affaire. 

Me Gavin Glover, Senior Counsel : « Aucun mobile du crime »

Me Gavin Glover, Senior Counsel, quant à lui, a plaidé que cette affaire n’est pas ordinaire. Tout en soulignant que des témoins sont morts, d’autres introuvables et certains n’ont pu témoigner avec conviction vu le délai écoulé entre la commission de l’infraction et le procès. Pour lui, l’enquête de police est menée de façon aléatoire. Autre point est que la poursuite n’a pas établi le mobile de ce crime à ce jour. Pour lui, son client n’était pas sur le lieu du crime, car son alibi tient la route.

Après la délibération des jurés

Me Gavin Glover, Senior Counsel : « On fera appel »

Sollicité pour une réaction par le Défi Plus, Me Gavin Glover, Senior Counsel et l’avocat de Bernard Maigrot, a expliqué que leur marche à suivre est d’effectuer des plaidoiries sur la sentence le 16 juillet 2024. Suite à cela, une peine de prison sera prononcée contre son client. Un appel contestant cette sentence est définitivement prévu. Étant donné que Bernard Maigrot est poursuivi sous l’ancienne loi, il est passible à une peine maximale de 25 ans. Dans cette affaire, Me Gavin Glover, SC, était assisté par Mes Nabil Moolna, Ezra Colimalay, Guillaume Gillot et Rayan Proag. 

Après délibération des jurés

Le DPP, Me Rashid Ahmine : « La famille de la victime peut enfin faire son deuil »

Le Directeur des Poursuites Publiques, Me Rashid Ahmine, s’est exprimé suite au verdict de culpabilité prononcé par les jurés contre Bernard Maigrot. Il a évoqué sa satisfaction « non pas parce qu’un homme vient d’être condamné, mais que la justice a été faite ». 

Me Rashid Ahmine se dit d’autant plus satisfait que « ce procès est enfin terminé vu que le délit a été commis en 2001 », et principalement parce que la famille de Vanessa Lagesse peut dorénavant faire son deuil. 

D’autre part, le DPP a tenu à exprimer ses remerciements à l’équipe des avocats de son bureau qui ont travaillé dur « pour pouvoir arriver là où nous sommes aujourd’hui, avec le résultat qu’on connaît ». 
Au final, il a affirmé qu’il défendra la décision des membres du jury devant la cour d’appel, comme dans tous les cas, si la défense fera appel. 

Les avocats qui représentaient la poursuite dans ce procès sont Mes Darshana Gayan, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, Audrey Sandra Sunglee, Principal State Counsel, Kevin Moorghen, Principal State Counsel, Mohammad Irfaan Mittoo, State Counsel, et Yanish Rao Jeerasoo, State Counsel. 

Pourquoi après 23 ans ….

L’homme d’affaires Bernard Maigrot a, le 24 mars 2001, été interrogé pour la première fois dans le cadre du meurtre de la styliste Vanessa Lagesse. Le 23 avril 2001, il a été arrêté. À cette époque, l’élément d’ADN et des preuves scientifiques n’étaient pas à la portée des autorités. Bernard Maigrot a retrouvé la liberté, le 6 juillet 2001, après deux mois de détention policière. 

Le 7 mai 2003, une enquête préliminaire a été initiée devant le tribunal de Mapou par le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) pour faire la lumière sur ce meurtre. L’homme d’affaires a été déféré aux assises, le 28 novembre 2007. Un « discontinuance of proceedings » a ensuite été déposé, le 2 juin 2008, à son encontre par le DPP en cour d’assises. 

L’enquête policière entourant le meurtre de la styliste est relancée, le 28 novembre 2010, après que la police ait obtenu de nouvelles preuves scientifiques. Cela après que des pièces à conviction recueillies dans ce cas avaient été envoyées en juin 2009 au laboratoire d’hématologie médico-légale à Bordeaux pour analyse. C’est le Professeur Christian Doutremepuich qui avait eu la tâche d’effectuer ces examens. 
Le 23 mai 2011, Bernard Maigrot est de nouveau arrêté. Il a retrouvé la liberté sous caution après dix jours de détention. Par la suite, le 18 mai 2012, une accusation formelle de « manslaughter » a été logée contre lui en cour d’assises.  

Le premier juge à présider ce procès a été feu Prithiviraj Fekna. Toutefois, le 15 septembre 2015, le procès est recommencé à zéro suite au décès de ce dernier. C’était ensuite au tour du juge Benjamin Marie Joseph de prendre le relais. Le 9 février 2022, le DPP avait une nouvelle fois déposé un « discontinuance of proceedings ». Ce procès n’avait encore jamais été entendu, car plusieurs points de droit avaient été soulevés. Au final, c’est en 2023 que le juge Luchmyparsad Aujayeb a fixé un calendrier pour que l’affaire soit entendue sur le fond, du 20 mai au 28 juin 2024.


 

  • LDMG

 

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