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Meurtre de Noorezzah Abdoolah - Nahiir : «Mo mama pe vey lor mwa lao, mo bizin rann li fier»

Noorezzah Abdoolah laisse derrière elle un veuf et deux enfants.

Le mercredi 2 octobre, Noorezzah Abdoolah, 46 ans, a été tuée lors d’une violente altercation à son domicile, laissant sa famille et la communauté sous le choc. Un adolescent de 15 ans a été arrêté par la police le lendemain. Nahiir, bouleversé par la perte de sa mère, exprime sa colère et son chagrin face à cette tragédie qui a chamboulé leur vie.

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«Mo mama pe vey lors mwa lao, mo bizin rann li fier. Li touledan dir mwa ki li anvi mo travay dan gouverman », confie Nahiir, 22 ans, le fils de Noorezzah Abdoolah. Cette infirmière de 46 ans a été froidement tuée, mercredi à son domicile, lors d’une altercation avec l’ami de sa fille de 13 ans. C’est jeudi, dans une salle de classe d’un collège de la capitale, que le suspect, âgé de 15 ans, a été arrêté par la Major Crime Investigation Team (MCIT). Il a avoué le meurtre, plongeant la famille Abdoolah dans un chagrin incommensurable.

Nahiir ne cache pas sa colère face à cet crime odieux : « Linn pran lavi mo mama, li bizin kondane a vi. » Le jeune homme était au travail quand il a reçu un coup de fil l’informant que des voleurs s’étaient introduits chez lui. Jamais il n’aurait imaginé recevoir la pire nouvelle de sa vie. Il s’est rué chez lui, à la rue Alma, dans ce faubourg de Port-Louis, mais devait découvrir sa mère sans vie gisant dans la cuisine.

Selon Nahiir, sa mère était une femme « stricte au travail ». « So bann koleg dir kouma li ti enn dimounn drwat dan travay. » Plusieurs d’entre eux ont exprimé leurs condoléances à la famille. « Zot tou dir li ti enn madam serye dan so travay. Sete enn madam ki ti ena enn karakter for », ajoute-t-il. 

« Mo mama ti kontan viv de fason ouver. » Pour Noorezzah, sa priorité était ses enfants, Nahiir et sa sœur. « Li ti kontan viv fran, nou asize koze, bon zafer ou mem bann problem ki nou gagne », dit le fils. Selon lui, quelques jours avant le drame, sa mère avait exprimé ses inquiétudes concernant la présence suspecte d’un garçon dans leur quartier. « Enn zour li ti dir nou linn trouv enn garson lor sime, li ti dan lakaz kan linn trouv sa garson-la », poursuit-il.

Cependant, la famille Abdoolah ne pouvait imaginer que la situation prendrait une tournure aussi tragique. L’adolescent de 15 ans avait précédemment exprimé ses sentiments pour la fille de Noorezzah. La famille, en particulier Noorezzah, n’approuvait pas cette relation, estimant que sa fille était encore trop jeune. « Pa akoz sa ou pran lavi mo mama. Li dir li kontan mo ser, me mo mama pa ti dakor. Lerla ou al koz ar mo mama ou pran so lavi », dit Nahiir tristement.

Nahiir travaille dans un garage automobile et est passionné de voitures. Sa mère veillait toujours à sa sécurité. « Li ti gagn traka pou mwa. Toulezour monn viv bann bon souvenir ar mo mama. Li ti touzour dir mwa roul mo moto dousman kan mo al travay », se remémore-t-il.

Le meurtre de Noorezzah Abdoolah a rapidement secoué la communauté de Vallée-Pitot, mercredi. Ce quartier de Port-Louis, initialement plongé dans une psychose autour d’un vol, a vu les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) mener des recherches intensives dans cette région montagneuse. « Nou pe rod de voler, si zot pe sove par montagn nou pou gagn zot », nous avait dit un enquêteur ce jour-là. 

Sur la scène de crime, les habitants et des députés sont mobilisés, tous pensant qu’il s’agissait d’un cambriolage ayant viré au drame. « Dimounn andeor pa vini isi pou nanye », dira un élu, tandis qu’Acbar, l’époux de la victime, lançait un appel à témoins pour remonter aux criminels.

Des images de deux « voleurs » inconnus du quartier circulent parmi les habitants. Ces individus se seraient rendus au domicile des Abdoolah pour réclamer de l’argent le samedi précédent. Pendant ce temps, la fille de la victime, une collégienne de 13 ans, traumatisée après avoir été témoin de l’agression mortelle, est prise en charge par une équipe de psychologues. Sous le choc, elle est incapable de parler.

Dans l’après-midi du même mercredi, la brigade criminelle explore une nouvelle piste : celle d’un inside job. La fille de Noorezzah, connue pour des troubles du comportement, est interrogée par le limier Chamroo. Elle finit par craquer et révèle qu’elle connaît le meurtrier, un dénommé Noah, rencontré via TikTok.

Les enquêteurs de la MCIT prennent rapidement le relais de l’interrogatoire, écartant la thèse du vol. Progressivement, ils soupçonnent une relation entre le présumé meurtrier et la fille de la victime. Après son arrestation, l’adolescent de 15 ans finit par avouer être l’auteur du meurtre de Noorezzah, en présence d’un parent et de son homme de loi.

Dans ses premiers aveux, le mineur confirme qu’il était présent au domicile des Abdoolah au moment du drame. Il explique qu’il était proche de la fille de la victime et s’était rendu chez elle pour la voir. Mais, une fois sur place, il aurait été repoussé par la mère, qui aurait menacé d’alerter la police. Dans un accès de colère, il dit avoir étranglé Noorezzah avant de quitter les lieux. Selon les premières indications, la fille, présente au moment du drame, s’est enfermée dans sa chambre en criant pour alerter les voisins.

Virginie Bissessur : « Nou tou koupab dan enn fason… »

Pour mieux comprendre les raisons psychologiques derrière un acte aussi terrible, la psychologue Virginie Bissessur évoque des éléments clés, notamment l’importance de l’imposition des limites. « Sa zanfan-la li pa konpran ki ete enn limit », souligne-t-elle. Cet acte est souvent le résultat de crises de colère, entraînant un passage à l’acte. La société et l’entourage de l’adolescent portent également une part de responsabilité dans ce drame. « Dan enn fason, nou tou koupab kiksoz dan sosiete », fait-elle ressortir.

La psychologue met en exergue le besoin d’éducation et l’établissement de limites claires. « Boukou paran sede e ena enn mank sanksion pou responsabiliz bann zanfan, adolesan. » Les adolescents d’aujourd’hui appartiennent à la « génération Internet », où tout est accessible en quelques clics. « On n’a plus la notion de l’attente et des efforts. Zanfan zordi gagn saki zot anvi deswit », explique Virginie Bissessur. Certains adultes auraient échoué dans leur devoir d’inculquer les valeurs de l’effort. 

En analysant les relations amoureuses et les pulsions sexuelles chez les adolescents, elle déplore le tabou persistant dans notre société. Selon elle, il est normal que les adolescents ressentent des sentiments amoureux, mais le manque de dialogue familial rend la situation encore plus complexe. « Li difisil pou enn zenn tifi pou dir so paran li ena ti-kopin », conclut Virginie Bissessur.

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