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Meurtre de Mark Yeung Shi Yin - Sa sœur Marie Noëlle : «Il pardonnait toujours...»

Marie Noëlle et son frère Mark étaient très complices.

Plus d’une semaine après la mort tragique de son frère Mark, retrouvé dans sa maison incendiée à Baie-du-Tombeau, sa sœur Marie Noëlle brise le silence. Un témoignage déchirant sur un drame qui a bouleversé toute l’île Maurice.

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Il y a des histoires qui brisent le cœur d’une nation. Celle de Mark Yeung Shi Yin, retrouvé mort dans sa maison incendiée à Baie-du-Tombeau le 2 octobre, en fait partie. Selon les premiers éléments de l’enquête, le commanditaire présumé du meurtre ne serait autre que son propre fils, Allan.

Derrière les titres, les analyses et les enquêtes policières, il reste une voix tremblante, celle d’une sœur. Plus d’une semaine après la tragédie, Marie Noëlle Yeung parle avec pudeur, entre sanglots et silences : « Les nuits sont longues, le silence est lourd, et les souvenirs s’entremêlent aux larmes. Je n’arrive pas à trouver la paix. »

Marie Noëlle et Mark faisaient partie d’une fratrie de neuf enfants. Entre eux, un lien indéfectible, tissé dès l’enfance. « Nous étions très proches. Mark était un grand frère qui me comprenait, il me soutenait dans les moments difficiles, m’aidait à me relever. Il m’emmenait danser pour la Fête du Printemps. J’avais 14 ans, et je m’en souviens encore avec beaucoup de nostalgie. »

Philosophe dans l’âme

Bon vivant, blagueur et généreux, Mark illuminait ceux qui l’entouraient. « Même après une longue journée, il gardait le sourire. C’était sa force. » Philosophe dans l’âme, il croyait profondément aux enseignements bouddhistes. « Il voyait toujours le bon côté des choses. C’était quelqu’un de calme, de sage et d’intelligent. Jamais je ne l’ai vu s’emporter. Son travail était sa passion, et il donnait toujours le meilleur de lui-même. »

Les voisins, eux, l’appelaient affectueusement Monsieur Mark. Mais pour Marie Noëlle, il restait avant tout « le frère taquin, celui qui me faisait rire ».

Rien n’avait été facile pour Mark. Derrière sa réussite se cachait un parcours de persévérance et de courage. « Il a beaucoup étudié. Quand il voulait quelque chose, il se donnait à fond. Il croyait au mérite, à la discipline, au travail bien fait. Il disait souvent : “Personn pa pou donn twa nanye, to bizin gagn to lavi avek to lame prop.” C’était sa philosophie. »

Leur enfance modeste leur avait enseigné la valeur du travail et du respect. « Nous n’avons jamais manqué d’amour, mais la vie n’a pas toujours été douce. C’est pour ça que Mark tenait tant à la réussite. Il voulait que ses enfants aient une vie meilleure que la sienne. »

Au-delà du frère, il était surtout un père attentionné. « Il ne faisait jamais de différence entre ses enfants. Il leur préparait à manger, les accompagnait à l’école, suivait leurs études. Il adorait ses trois enfants. »

Elle s’interrompt, les yeux embués : « C’est pour ça que ce drame est encore plus insoutenable. Comment un fils a-t-il pu faire cela à un père pareil ? »

Le ton change. La douleur laisse place à une colère contenue, celle de l’incompréhension. « Je n’ai pas de mots pour décrire l’acte de son fils. J’ai coupé contact avec Allan depuis longtemps. Je savais qu’il y avait des tensions, qu’il causait beaucoup de problèmes, mais Mark lui pardonnait toujours. Il croyait qu’avec le temps, tout s’arrangerait. Il avait ce grand cœur, il espérait toujours le meilleur, même quand tout allait mal. Jamais je n’aurais imaginé une telle tragédie. »

Quand elle évoque la nuit du drame, sa voix se brise. « Quand j’ai appris ce qui s’était passé, j’étais en état de choc, abasourdie. Je ne pouvais donner de sens à tout ça. C’est trop douloureux de penser qu’on lui ait ôté la vie d’une façon aussi violente. »

Les mots se figent, les larmes coulent. « C’est un cauchemar dont on ne semble pas pouvoir se réveiller. Mark ne méritait pas ça. Personne ne mérite ça. Personne. »

« Une blessure pour tout le pays »

Aujourd’hui, Marie Noëlle parle de sa famille comme d’un arbre mutilé. « On essaie d’avancer, mais c’est difficile. Il a laissé un grand vide. Il nous manque énormément. » Concernant l’enquête, elle reste sobre : « Que la lumière soit faite sur ce qui s’est réellement passé. Mon frère mérite la paix. Nous avons besoin de réponses pour pouvoir faire notre deuil. » Puis elle ajoute d’une voix douce : « Ce n’est pas seulement un drame pour nous. C’est une blessure pour tout le pays. Un père tué par son fils… c’est inimaginable. »

Malgré la douleur, Marie Noëlle refuse que la mémoire de son frère soit réduite à ce drame: « Je veux qu’on parle de lui comme d’un homme de bien, pas comme d’une victime. » Elle insiste : Mark était la gentillesse incarnée : « Il ne connaissait pas la rancune. Même quand on lui faisait du tort, il pardonnait. Il disait toujours : “Pa gard nanye dan to leker, sa fer twa mal.” Il avait raison. C’est ce que j’essaie de suivre aujourd’hui. » 

Elle confie trouver du réconfort dans le soutien des Mauriciens : « Des gens que je ne connais même pas m’ont envoyé des messages, des mots doux, des prières. Cela m’a beaucoup touchée. Malgré la douleur, on se rend compte qu’il y a encore de la bonté autour de nous. Mark a laissé une trace dans le cœur des gens. C’est ça qui me console un peu. »

Avant de conclure, elle se souvient, un sourire à travers les larmes : « Mark aimait la vie, la musique, les bons repas. Il me disait toujours qu’il fallait profiter des petits moments, parce que c’est ça, le vrai bonheur. »

Elle ferme les yeux : « Parfois, je le revois. Quand je suis trop triste, j’essaie de penser à sa joie de vivre, et je l’entends me dire : “Ne sois pas triste, je suis en paix.” »

Aujourd’hui, Marie Noëlle veut transformer sa peine en hommage. « Je crois que Dieu voit tout. Il sait que Mark était un homme bon. J’espère qu’il repose en paix, là où il est. » Elle marque une dernière pause avant de murmurer : « Il nous manque énormément, mais son amour ne mourra jamais. Il sera toujours dans nos cœurs. »

 

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