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Meurtre de Mark Yeung Shi Yin - Kimsan Yeung Shi Yin : «Je ne peux pas croire que mon frère ait pu faire ça»

Mark Yeung Shi Yin et ses proches.

Mark Yeung Shi Yin a été retrouvé mort dans sa maison incendiée à Baie-du-Tombeau. Son fils aîné, Alan, est soupçonné d’avoir orchestré ce crime pour une sordide affaire d’héritage. Bouleversées, sa fille Kimsan, et sa sœur Marie Noëlle, livrent leurs témoignages.

Depuis le meurtre de Mark Yeung Shi Yin, 74 ans, et propriétaire de Mark’s Aquarium, le jeudi 2 octobre, sa famille est encore sous le choc. Il avait trois enfants : Alan, né de son premier mariage, puis Kimsan, 18 ans, et Hoisan, 16 ans, issus du deuxième. 

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Kimsan, assise dans le salon encore marqué par les flammes, s’est confiée au DéfiPlus. Encore perdue face à ce qui s’est passé, elle relate : « C’est inimaginable… je n’arrive toujours pas à comprendre.... Ce que mon frère a fait dépasse l’entendement. Mon père nous aimait tous pareil, il ne faisait jamais de différence. Il était toujours là, prêt à nous aider, à nous faire plaisir. Ce drame est d’une douleur indescriptible… personne ne devrait vivre ça. Mon cœur est brisé ».

La maison, jadis pleine de chaleur, de mélodies et de souvenirs heureux, est devenue un lieu figé dans la douleur. Elle ajoute : « Je ne peux pas croire que mon papa ne soit plus là… que mon frère ait pu faire ça. Chaque mur, chaque objet me rappelle son sourire, sa bonté, ses blagues, sa générosité ».

Kimsan nous confie que Hoisan demeure un pilier pour elle, malgré toutes les épreuves qu’il a traversées : « Il est fort. C’est une affaire compliquée, mais on la surmonte ensemble. On essaie d’avancer, main dans la main ». En dépit de la douleur, frère et sœur essaient de rester unis. « Papa nous a appris la force. Même dans la souffrance, il faut rester debout », précise-t-elle.

Un père au grand cœur

Son père, nous dit-elle, n’était pas qu’un parent. Il était un héros du quotidien, un modèle d’amour et de simplicité. « Pour nous, le mot papa avait un grand sens. Il nous adorait tous les trois… Il venait nous chercher à l’école et prenait soin de nous. Il était très attentionné envers Alan. Malgré leurs différends, il n’a jamais cessé de l’aimer, espérant que la patience et l’amour l’aideraient à changer », indique Kimsan. 
Au fil de la conversation, d’autres souvenirs lui viennent à l’esprit : « Une fois, j’étais malade et il est resté toute la nuit à mes côtés, veillant sur moi. Il me préparait du thé, me racontait des histoires… C’était mon papa ». Elle se rappelle aussi de sa voix chantant souvent une phrase qui la hante aujourd’hui : « He used to tell me, I am too young and I’ve loved you too much. Ces mots… je les entends encore ».

Outre sa famille, Mark était très serviable envers son entourage, ajoute la jeune fille: « Papa avait un cœur en or. Même après une longue journée, il trouvait du temps pour nous, pour les voisins, pour ses élèves. Il aimait donner, il aimait aider ».

Les racines d’un homme simple 

Né à Maurice de parents d’origine chinoise, Mark a grandi à Rose-Belle, dans une fratrie de neuf enfants. Ses parents, commerçants modestes, avaient ouvert une boutique pour subvenir aux besoins de la famille. Sa sœur, Marie Noëlle Yeung, se souvient : « Nos parents ont fait énormément de sacrifices pour nous. Mark, le deuxième de la fratrie, était le pilier. Toujours fiable, toujours droit, on savait qu’on pouvait lui faire confiance, qu’il serait là, quoi qu’il arrive ».

Marie Noëlle se souvient d’une autre anecdote : « Sa première voiture portait la plaque 1428. Quand il venait me chercher au collège, mes amies en riaient, mais moi j’étais fière de mon grand frère ». Ce dernier, nous dit-elle, n’a jamais recherché le luxe. Ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était le partage et la simplicité : « Il trouvait du bonheur dans les petites choses : un bon repas, un rire, un coucher de soleil ».

Un enseignant qui ouvrait les portes du savoir

Mark était un brillant étudiant. Grâce à une bourse d’études, il a pu poursuivre sa formation au Nigeria. Sa sœur ajoute : « Il disait souvent que l’éducation était la clé de la dignité. Que sans savoir, on ne peut pas se battre dans la vie ». Ce n’était pas des paroles en l’air, puisqu’à son retour, il s’est lancé dans la carrière d’enseignant de chimie, notamment au Collège Royal de Port-Louis et Curepipe, ainsi que le Dupnauth SSS.

« Il adorait enseigner. Il voulait que chaque élève se sente capable. Il disait : ‘Il n’y a pas d’élèves faibles, seulement des enseignants qui n’ont pas trouvé la bonne clé’ », indique Marie Noëlle Yeung. D’ailleurs, ses anciens élèves se souviennent d’un enseignant à la fois exigeant et tendre, toujours prêt à encourager.

Outre l’éducation, le septuagénaire avait une autre passion : les poissons. « Il disait que les poissons lui apportaient la paix, car ils reflétaient la sérénité que tout être humain devait chercher », confie sa fille, Kimsan. En toute logique, il ouvre Mark Aquarium, un magasin spécialisé dans les poissons tropicaux et leurs accessoires. Pour lui, ce commerce était un prolongement de sa philosophie de vie : respect, patience et équilibre.

Un amour inconditionnel

Mark, fait ressortir, Marie Noëlle, refusait d’abandonner son fils. « Il croyait profondément que l’amour pouvait tout réparer, malgré le fait que notre frère l’avait prévenu du danger que représente son fils. Il lui avait dit de faire attention et qu’Alan risquait de mal tourner. Toutefois, Mark disait toujours : ‘Tant qu’il respire, je garde espoir’ », confie-t-elle. Ce père au grand cœur refusait d’abandonner son fils et cet amour inconditionnel l’a malheureusement conduit à sa perte.

Dans le quartier de Baie-du-Tombeau, il était unanimement respecté. Les voisins parlent d’un homme toujours souriant, prêt à aider, discret et bon. Ses anciens élèves, voisins, amis, inconnus, tous ont exprimé leur tristesse. L’un d’eux confie : « Il disait bonjour à tout le monde, même à ceux qu’il ne connaissait pas. Il était d’une humilité rare ». Un voisin ajoute : « C’est un drame qui nous touche tous. Mark était un homme de paix, un exemple ».

Ses funérailles ont réuni des centaines de personnes venues lui rendre hommage. « Tout le monde voulait lui dire au revoir. Il a marqué tant de vies », indique un ancien collègue.

La lumière au bout du tunnel

Aujourd’hui, la famille Yeung Shi Yin avance pas à pas. Marie Noëlle, entre larmes et souvenirs, résume ce que tous ressentent : « Mark n’était pas parfait, mais il était profondément bon. Il croyait en la bonté, en la famille ». Elle fait tout son possible pour soutenir la famille du défunt : « C’est un choc terrible… mais Mark aurait voulu qu’on reste soudés ». Par ailleurs, la sœur de la victime tient à saluer le travail remarquable des forces de l’ordre, et plus particulièrement de la MCIT. 

Kimsan conclut : « Papa nous manque dans chaque geste, chaque moment. Mais son amour nous guide encore ». Bouleversées, mais dignes, ses proches tentent de se reconstruire dans la prière et la solidarité.
L’enquête suit son cours, la justice prendra son temps, mais une certitude demeure : Mark ne sera jamais oublié. Il restera dans la mémoire de sa famille et des Mauriciens comme un homme bon, travailleur, généreux et profondément humain.

Reconstitution des faits : Allan Yeung Shi Yin conduit les enquêteurs dans un pensionnat où le plan aurait été élaboré

Plus d’une semaine après le meurtre atroce de Mark Yeung Shi Yin, 74 ans, à Baie-du-Tombeau, deux des cinq suspects ont participé vendredi à une reconstitution des faits. Ils étaient escortés par les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et des éléments de la Special Supporting Unit (SSU).

Allan Yeung Shi Yin, 40 ans, fils de la victime et principal suspect dans cette affaire, considéré comme le présumé cerveau, ainsi qu’un mineur de 16 ans, sont ceux qui ont pris part à cet exercice entamé dans l’après-midi. Les deux suspects ont d’abord conduit les enquêteurs dans un pensionnat situé à Baie-du-Tombeau. Ils ont expliqué qu’Allan avait loué une chambre dans cet établissement quelques jours avant le meurtre afin d’y peaufiner leur plan.

Une fois sur place, à tour de rôle, le mineur a indiqué aux enquêteurs où lui et les autres suspects se trouvaient, précisant qu’ils attendaient la tombée de la nuit pour se rendre en voiture devant le domicile de Mark Yeung Shi Yin afin de faire un repérage.

Le jour du drame, ils seraient partis directement du pensionnat vers le morcellement Swan pour passer à l’acte. Après cette première étape, les deux suspects ont été conduits au domicile de la victime. L’adolescent a été le premier à être accompagné à l’intérieur de la maison où le meurtre s’est déroulé. Il a expliqué aux policiers par où ils s’étaient introduits et comment, avec ses complices, ils s’en étaient pris à la victime, alors en compagnie de son petit-fils âgé de 16 ans.

À leur sortie, plusieurs habitants du quartier, indignés, ont exprimé leur colère en criant : « Assassin ! »

Allan Yeung Shi Yin, pour sa part, a soutenu qu’il s’était limité à transporter ses complices et qu’il les attendait à l’extérieur, dans la voiture, pendant qu’ils entraient dans la maison de son père. L’exercice s’est ensuite achevé, et les deux suspects ont été reconduits en cellule policière.

Selon nos informations, les autres suspects seront convoqués la semaine prochaine pour participer, à leur tour, à une reconstitution des faits.

 

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