Meurtre de la petite Enaelle Jolicoeur, 18 mois - Victime d’abus, bourreau de son enfant : le destin tragique d’Eloise, 22 ans

Marquée par un passé douloureux, Eloise Raffin se retrouve plongée dans une nouvelle tragédie. Après avoir perdu sa fille aînée en septembre dernier, elle se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux pour le meurtre de sa seconde fille âgée de 18 mois.

Rowena (Eloise) Raffin, âgée de 22 ans, semble prisonnière d’un cercle vicieux de violence. Profondément marquée par les abus sexuels subis durant son enfance, cette jeune Rodriguaise se retrouve aujourd’hui face à une nouvelle tragédie. Elle est accusée du meurtre de sa propre fille, Enaelle Jolicoeur, âgée de 18 mois.

Les faits se sont déroulés dans la soirée du lundi 25 novembre dernier, au domicile du frère d’Eloise, à Roche-Bois. Mère et fille se trouvaient à Maurice depuis le 6 novembre, afin que le nourrisson, souffrant d’épilepsie, puisse bénéficier de traitements médicaux. Alors qu’Eloise était au téléphone avec un proche à Rodrigues, la petite s’est mise à pleurer. Ne parvenant pas à la calmer et à bout de patience, elle a frappé sa fille. Ce geste s’est révélé fatal. 

Le frère de la jeune femme évoque une situation difficile. Nul n’aurait pu présager un tel drame, d’autant que sa sœur a traversé de nombreuses épreuves, confie-t-il. « Ma sœur a perdu sa fille aînée, âgée de trois ans, en septembre dernier. Cela a été très dur pour elle. Il y a aussi le fait que lorsqu’elle était plus jeune, elle a été victime d’abus sexuels de la part d’un pasteur à Rodrigues. À l’époque, cette affaire avait fait grand bruit, même à Maurice », raconte-t-il. 

C’est en 2021 qu’Eloise avait porté plainte. Elle était âgée de 18 ans. Dans son récit à la police de Port-Mathurin, elle avait expliqué avec force détails les sévices qu’elle aurait subis en plusieurs occasions de la part du religieux, en qui sa famille avait toute confiance, depuis 2013, alors qu’elle était âgée de 11 ans. Le dernier abus remonterait à 2019. 

La peur de représailles l’avait empêchée d’en parler plus tôt à son entourage, d’autant qu’à chaque fois, elle subissait des menaces de la part du pasteur. Une seconde victime avait aussi porté plainte contre lui. Le pasteur avait été arrêté avant d’être libéré sous caution. Il avait rejeté les accusations portées contre lui et affirmé avoir été la cible d’un complot. Une période sombre dans la vie d’Eloise, qui l’a profondément marquée, selon son frère. « Des fois, elle n’a pas toute sa tête », ajoute-t-il. 

Lundi, la jeune femme était seule avec la petite dans la chambre lorsque ce drame a eu lieu. Après le coup que lui a infligé sa mère, l’enfant ne s’est plus réveillée. En constatant peu après que sa fille ne bougeait plus, Eloise l’a emmenée d’urgence à l’hôpital Dr. A. G. Jeetoo pour des soins. Mais une fois sur place, le médecin a confirmé le décès de la petite Enaelle.

La police a été alertée. Lors d’un premier entretien avec les policiers, Eloise a initialement expliqué qu’elle avait donné à boire à sa fille avant de la coucher. C’est par la suite qu’elle s’est rendu compte que celle-ci ne bougeait plus. 

Cependant, l’autopsie pratiquée a révélé que l’enfant est décédée des suites d’une hémorragie intracrânienne causée par un coup. À la lumière de ces éléments déterminants, Eloise a une fois de plus été interrogée. Elle a fini par craquer, avouant avoir frappé la petite à la tête dans un accès de colère. Elle aurait soutenu qu’elle ne s’attendait pas à ce que la petite y laisse la vie. Elle a comparu en cour de Port-Louis, mardi, sous une accusation provisoire de meurtre. Le corps de la petite Enaelle a été rapatriée à Rodrigues pour les obsèques. 

La jeune femme a retenu les services de l’avocat Erickson Mooneeanpillay. « Ma cliente bénéficie de circonstances atténuantes. Jeune, elle avait subi de multiples abus de la part d’un pasteur. Elle s’est retrouvée livrée à elle-même sans aucune aide morale ou sociale. Ce qu’il faut pour elle, c’est des soins et non la prison », précise l’homme de loi. 

Décès de la fille aînée d’Eloise en septembre dernier - Le père : « Je demande à la police d’enquêter »

La famille Cupidon est tout aussi bouleversée par ce drame. Jokunson Cupidon est l’ancien compagnon d’Eloise. Le jeune couple avait eu une fille, Elliana. Toutefois, leur relation n’a pas duré. « Ma fille avait deux ans, lorsque je me suis séparé de sa maman. Je suis venu vivre à Maurice et elles sont restées à Rodrigues. Je parlais régulièrement à ma petite fille. Elle était en bonne santé. »

Le 19 septembre dernier, Jokunson Cupidon explique avoir reçu un appel de son ancienne compagne. « Elle m’a dit que notre fille était tombée, et puis, qu’elle est morte. Eloise n’a pas souhaité qu’une autopsie soit effectuée. Je me suis rendu à Rodrigues pour l’enterrement », relate-t-il.

Mais depuis l’arrestation d’Eloise pour le meurtre de la petite Enaelle, lundi soir, Jokunson Cupidon dit avoir des doutes sur les circonstances de la mort d’Elliana. « Je crois fermement qu’elle y est pour quelque chose dans la mort de notre petite Elliana. Je demande à la police d’enquêter sur sa mort. Ils doivent exhumer son corps à Rodrigues », déclare-t-il, le cœur lourd.

La sœur de Jokunson Cupidon demande, elle aussi, des éclaircissements sur le décès d’Elliana. « Si elle est morte de causes naturelles, Eloise n’a pas à s’inquiéter, mais si jamais elle a fait quelque chose à ma nièce, nous n’allons pas rester les bras croisés », tonne-t-elle avec révolte.