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Meurtre de Janice Farman à Albion : un suspect joue au chat et à la souris avec la MCIT

L’enquête sur le meurtre de Janice Farman avance à petits pas. À samedi soir, la MCIT était sur les traces d’un suspect qui semble se jouer des autorités policières. L’Écossaise de 47 ans avait été tuée à son domicile à Albion, jeudi soir, lors d’un vol qui a mal tourné.

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Deux jours après le meurtre atroce de Janice Farman, perpétré à son domicile à Albion, la Major Crime Investigation Team (MCIT) est sur la piste d’un suspect. Cependant, l’individu joue au chat et à la souris avec les enquêteurs.

Entre-temps, la police scientifique a prélevé des empreintes sur la scène du crime à des fins d’analyses. Il ressort que le suspect ferait partie d’un gang des Plaine-Wilhems, mené par un homme qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. Aussi, la MCIT a fait une demande pour obtenir un ordre du juge afin de pouvoir décortiquer le relevé téléphonique de Janice Farman. Les enquêteurs pensent que le suspect aurait pu avoir été en contact avec l’Écossaise.

Janice Farman a été étouffée avec un oreiller par l’un des voleurs, alors que ses complices vidaient les tiroirs. Ils repartiront dans la voiture de location de leur victime avec une télé, une console de jeux, des bijoux et de l’argent. L’ex-époux et le propriétaire de la voiture ont été entendus par les limiers vendredi.

Au-delà du meurtre

Rien ne peut justifier un meurtre, certes… Mais ce qui est arrivé à Janice Farman, une femme sans défense, froidement assassinée, jeudi soir, par trois cambrioleurs, a choqué Albion, vendredi matin. Ceux et celles qui l’ont côtoyée peinent à croire qu’on ait pu lui ôter la vie de façon aussi brutale. « Janice était une mère exemplaire », laisse entendre une ancienne femme de ménage. Pour d’autres, c’était « une femme exceptionnelle ». L’affaire émeut et indigne aussi le pays, car ce meurtre horrible a été commis en présence du fils de la victime.
Jason a 10 ans et souffre d’autisme. Il a tout vu, tout entendu. Il expliquera aux policiers que les trois malfrats portaient des cagoules, étaient armés et avaient frappé sa mère jusqu’au sang.

Enfant non désiré, Jason est né d’une mère qui n’avait que 11 ans. Marie, une fillette abusée sexuellement par son père, voulait poursuivre ses études et souhaitait confier son enfant à une autre femme. Et Janice, touchée par cette histoire, fera tout pour avoir le bébé. Ses efforts seront récompensés quand la jeune mère biologique décidera de lui confier le nourrisson. Elle s’était assurée que l’Écossaise ferait tout pour que Jason ne manque de rien. Ce récit avait du reste fait la couverture de L’Hebdo en août 2007.

Une mère aux petits soins 

Janice voulait tellement que Jason ne manque de rien. Elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Aussi voulait-elle rentrer dans son Écosse natale pour offrir le meilleur à l’enfant. Mais le destin en a décidé autrement pour cette femme de 47 ans, tombée amoureuse de Maurice en 1999 lors d’une première visite. Elle laissera tout tomber pour venir y vivre en 2002. Et elle se fera plein d’amis et gagnera la confiance et l’estime de tous ceux qui la côtoyaient. « Janice était une mère  formidable. Li ti gat so garson », laisse-t-on entendre. On n’a que des bons mots pour Janice.

C’est son envie d’avoir un enfant qui la mettra sur la route de Marie en 2007. Janice, alors cadre chez Rogers Outsourcing Ltd, et son époux Peter Hansen, un Danois, veulent avoir un enfant. Après de vaines tentatives, alors que tout espoir semblait s’être envolé, ils prennent connaissance de l’histoire de la jeune fille qui cherche à faire adopter son nourrisson. L’Écossaise entamera alors les démarches pour avoir la garde de cet enfant qu’elle désirait tant.

Après avoir accueilli le petit, Janice se sépare de son époux. Elle rencontre Jean-Baptiste Moutou, un jeune vigile. « Un soir, à Tamarin, il y a eu une bagarre. Je me suis interposé et j’ai rencontré Janice. Après cinq jours, elle est venue s’installer avec moi à Rivière-Noire avec son fils », dit-il. Forte de son expérience chez Rogers, Janice Farman prend le poste de Managing Director de la branche mauricienne de PECS, spécialisée dans la collecte d’information, à Quatre-Bornes. « Nous avons créé une compagnie engagée dans les services de sécurité et de construction. Le Janice Groupe a ainsi vu le jour », ajoute Jean-Baptiste Moutou.

Il y a quelques années, Janice apprend que son fils est atteint d’autisme, trouble caractérisé par des difficultés d’interaction sociale et de communication.  Commence alors un autre combat pour cette mère et son fils. L’enfant intégrera un centre spécialisé à Rose-Hill. « Elle était toujours aux petits soins pour le petit », nous relate Priya, ancienne femme de ménage chez  l’écossaise. En 2010, Janice épouse son compagnon. après six ans toutefois, le couple bat de l’aile et se sépare. Elle restera pour un temps à Rivière-Noire, avant d’aller s’installer à l’avenue Bricks Empire, Albion, en mars de cette année.

« Nous sommes restés en contact. Elle est allée à Albion, car elle disait adorer la région », poursuit Jean-Baptiste Moutou, qui a, entre-temps, refait sa vie. Janice vivait, elle, avec Théo, un Camerounais, qui était en voyage à l’étranger. Selon l’ex-époux, Janice aurait émis le souhait de regagner l’Écosse. « Elle me l’a dit, il y a quelques jours. Elle m’a demandé si je pouvais enclencher les démarches  pour elle », ajoute-t-il. Janice aurait alors quitté le pays, emmenant avec elle son fils pour un avenir meilleur.

Mais au soir du 6 juillet, tout a basculé pour le petit et pour celle qu’il appelait Maman.


Albion monte au créneau

Les habitants ont alerté le commissaire de police, Mario Nobin, par le biais d’une correspondance. « L’insécurité règne à Albion. Ce n’était pas le cas avant. Depuis quelque temps, des fauteurs de troubles, venus d’autres régions, viennent piller les maisons dans les morcellements non loin. Ce cas est un cas de trop. Les autorités doivent réagir », dit Sada Rajiah, un habitant de Camp-Créole.

Ce village de l’Ouest, rendu tristement célèbre après l’affaire Dantier en 2003, se niche entre l’océan et les champs de canne à sucre de la propriété de Médine. Le dernier morcellement a été baptisé Terre d’Albion. Deux éléments retiennent l’attention dans ce village : la tranquillité absolue et les mesures de sécurité dont disposent les maisons. Mais ces dispositifs de sécurité ne semblent pas freiner les délits de vol et d’agression.

« Le nombre d’habitants a considérablement augmenté à Albion, certes, mais pas l’effectif des forces de police. Les policiers ne sont pas aussi nombreux et n’ont pas assez de temps pour effectuer des patrouilles. De plus, il y a beaucoup de terrains en friche. Les morcellements sont visités, de jour comme de nuit, par des jeunes », dit Tony Ah Yu, le président de Neighbourhood Watch de la région.

Une correspondance a été adressée au bureau du commissaire de police par le Neighbourhood Watch, vendredi. Elle dénonce ce qui se passe dans la région et, en même temps, alerte la police de l’Environnement concernant ces terrains en friche laissés à l’abandon.

Sollicité, le commissaire de police est resté injoignable samedi soir. « Je ne suis au courant d’aucune correspondance destinée au CP. Laissez-moi prendre connaissance de la lettre et on va voir… » dira l’inspecteur Shiva Coothen, de la cellule de presse de la police.

 

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