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Meurtre de Garcon Muttowsingh - Ouma : «Il était plus qu’un frère, il était notre père»

Il était apprécié pour son sens de la débrouillardise. La victime et son épouse.

Garçon Muttowsingh, âgé de 60 ans, laisse un grand vide au sein de sa famille. Il a été un époux exemplaire, un père formidable et un frère protecteur. Nul ne pouvait présager qu’il connaîtrait une fin aussi tragique. 

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Le chagrin se lit sur son visage. Dans ses yeux, la douleur. Garçon Muttowsingh, 60 ans, n’était pas seulement son frère aîné. « Il était notre père », confie avec émotion Ouma, âgée de 53 ans, l’une de ses deux sœurs.

Travaillant dans le domaine de la sécurité, cet habitant de Beaux-Songes, qui effectuait son service dans un bâtiment à La Preneuse, Rivière-Noire, s’est retrouvé face à un intrus le dimanche 20 août. Le suspect, venu pour commettre un vol, l’a agressé à la tête, l’abandonnant dans une mare de sang. Après deux jours passés en soins intensifs, Garçon Muttowsingh, aussi appelé Rajen, a succombé à ses blessures. Le suspect, Cédric Jordan Fineau, âgé de 26 ans, a été placé en état d’arrestation. Aux enquêteurs, il a avoué son crime.

C’est avec une immense tristesse qu’Ouma parle de ce frère aîné qu’elle adorait. « Nous avons grandi à Berthaud, Quatre-Bornes. Rajen était notre frère aîné. Grâce à lui, j’ai appris beaucoup de choses », explique-t-elle.

La famille n’a pas eu une vie facile. « Nous avons traversé de nombreuses difficultés. Nous étions encore enfants quand notre mère est tombée malade. Elle a été atteinte d’un cancer. J’avais huit ans et notre petite sœur avait quatre ans. Notre père n’est pas resté avec nous, c’est Rajen qui s’est occupé de nous », confie-t-elle.

À l’époque, dit Ouma, son frère n’était lui-même qu’un enfant. « Mais il se sentait responsable de nous. Il aidait notre mère à prendre son bain et à cuisiner. Cette épreuve a forgé son caractère. Tout ce qu’il apprenait, il nous l’enseignait. C’est d’ailleurs lui qui m’a appris à éplucher les légumes pour préparer à manger… »

À 13 ans, il avait déjà fait ses premiers pas dans le monde du travail. « Il a commencé dans la maçonnerie. Il n’a pas fait de grandes études, mais c’était une personne très intelligente et instruite. Il est devenu un ouvrier hors pair et avait également développé des compétences en plomberie. Il savait tout faire. Et une fois de plus, tout ce qu’il apprenait, il nous l’enseignait. Gras a li, mo konn bat beton », raconte-t-elle avec fierté. 

Nous étions encore enfants quand notre mère e a été atteinte d’un cancer. Notre père n’est pas resté avec nous, c’est Rajen qui s’est occupé de nous»

Lorsque leur mère a malheureusement perdu son combat contre la maladie, les deux sœurs sont parties vivre chez une tante et Rajen a vécu chez un autre proche. Malgré cette séparation, il n’a jamais perdu le contact avec ses sœurs. « Il s’est marié et a fondé sa propre famille. Ils se sont installés à Beaux-Songes. Il a toujours été un soutien indéfectible et d’une grande aide. Je me suis mariée et je vis à Holyrood. Une fois de plus, mon frère nous a aidés à construire notre maison. Il venait travailler pendant la semaine et les week-ends, je lui donnais un coup de main dans la préparation du béton. Ce qu’il nous a enseigné nous a permis de devenir indépendantes », ajoute Ouma.

Indira, la veuve de Rajen, abonde dans le même sens. « Trouver un homme comme lui est rare », lâche-t-elle, le cœur lourd. Il faisait en sorte que sa famille ne manque de rien. « Il a lui-même construit notre maison et depuis quelque temps il procédait à des travaux d’agrandissement », 
révèle Indira. 

Le sexagénaire s’occupait de tout dans la maison. « Il aimait prendre soin de moi. Il cuisinait, faisait le ménage, entre autres. Ces qualités, il les a transmises à nos trois fils. Ils sont tout aussi débrouillards que leur père à présent. »

Il travaillait très dur. Même après sa retraite, Rajen est resté actif. Il avait trouvé un emploi comme vigile. « Il travaillait à Bambous, Ébène et depuis quelque temps, à Rivière-Noire », explique sa sœur Ouma. « Rajen était une personne qui n’était jamais malade. Il ne souffrait d’aucune maladie et ne suivait aucun traitement spécifique. Il était costaud », assure-t-elle. 

Le vendredi 18 août a été la dernière fois qu’elle a vu Rajen vivant. « J’avais pris l’habitude de l’appeler pendant ma pause-déjeuner à midi. Vendredi, je l’ai appelé sur WhatsApp. Il était occupé avec les travaux d’agrandissement de la maison. Il plaisantait. Je lui ai dit d’aller déjeuner. Je lui ai dit ‘bye dada, mo fer flying kiss’ », se souvient sa sœur. Elle ne pouvait pas se douter que c’était leur dernière conversation.

Samedi soir, Rajen a pris son service. Dimanche, il n’est pas rentré. Quand ses proches sont allés le voir dans l’après-midi, il était introuvable. Ils ont alors demandé à un superviseur de vérifier où il se trouvait. C’est ainsi qu’il a été retrouvé en sang au premier étage du bâtiment. Grièvement blessé, il n’a pas survécu. 

Sa mort bouleverse profondément ses proches. « Si son meurtrier était venu pour un affrontement en face à face, mon frère l’aurait mis à terre. Mais il s’est servi d’un objet pour l’agresser », déplore Ouma. Sa disparition soudaine est une perte immense pour sa famille. Ses proches gardent de lui le souvenir d’un époux exemplaire, d’un père formidable et d’un frère protecteur.

 

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