La disparition de Maria Christiana Chéry, 27 ans, laisse un vide immense dans la vie de ses proches. Ses parents, accablés par le chagrin, se rappellent encore le triste soir où leur fille unique leur a dit qu’elle ne sortait que pour quelques instants. Ils étaient loin de se douter qu’elle ne rentrerait jamais…
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« J’arrive dans deux minutes, maman… » C’étaient les dernières paroles que Maria Christiana Chéry, 27 ans, a lancées à sa mère Marlène avant de s’en aller, le jeudi 9 février. La jeune femme était loin de se douter du destin tragique qui l’attendait à ce moment-là. Elle a été tuée à l’arme blanche après une dispute avec Bilall Elahee, un chauffeur de 24 ans. Ce dernier a avoué son forfait. Ce n’est que huit jours plus tard que le corps de Christiana Chéry a été retrouvé dans un champ de canne à Cascavelle.
Berty, le père de la jeune femme, explique que, le jeudi 9 février, Christiana lui a dit qu’elle se rendait dans un bungalow avec son enfant. « Monn dir li pa enn ler pou li sorti avek so tifi. Linn komans ankoler. Linn dir mwa ki li ena pou sorti enn kout ek ki li pou vinn pran so tifi apre », raconte-t-il.
Marlène se souvient encore de cette nuit-là : « Li ti ek mwa lor lili. Linn sorti enn kout brit. Linn dir mwa : ‘J’arrive dans deux minutes, maman’. » À ce moment précis, elle était loin de se douter que c’est la dernière fois qu’elle entendait la voix de Christiana Chéry.
Or, le dimanche suivant, pour le troisième anniversaire de sa fille, Christiana Chéry n’était toujours pas rentrée. Fait inhabituel, selon Marlène, car « pour rien au monde, elle n’aurait raté un jour pareil. Elle a toujours été là pour sa petite ». Elle explique que cela arrivait à la jeune femme de sortir de la maison pour passer quelques jours chez des amis. « Mais elle revenait par la suite. Cette fois, elle n’est jamais réapparu », se désole Marlene, avant d’ajouter : « Nous en avons aussitôt informé la police. »
Le jeudi 16 février, le corps sans vie de Christiana Chéry a été retrouvé dans un champ de canne à Cascavelle. Elle avait la gorge tranchée et une profonde entaille à l’abdomen.
Sa mort laisse un vide immense dans la vie de ses parents adoptifs, qui l’ont recueillie, alors qu’elle n’avait que quatre ans. Née à Rodrigues, c’est à La-Tour-Koënig que la jeune femme a grandi. « C’était une fille très bien », ajoute Marlène.
Il y a trois ans, Christiana Chéry a donné naissance à une petite fille, qui est devenue sa raison d’être. « Malheureusement, cela n’a pas fonctionné entre le père de sa fille et elle », précise Marlène. Elle ajoute que sa fille faisait tout pour que son enfant ne manque de rien.
Au fil du temps, mère et fille ont développé un lien très fort. « Kot li ti ale, li ti amenn so tifi avek li », confie Marlène. D’ailleurs, renchérit une cousine de la jeune femme, « elle portait un tatouage disant que sa fille était un cadeau du ciel ».
Christiana Chéry avait des projets plein la tête. Fiancée à un Réunionnais, elle prévoyait de passer le restant de ses jours aux côtés de cet homme. Elle comptait aller vivre à l’île sœur avec sa fille. « Elle voulait ce qu’il y a de mieux pour son enfant. Elle m’a expliqué que les démarches en vue d’aller vivre à La Réunion étaient achevées. Elle était ravie. C’est à son fiancé réunionnais qu’elle avait confié la garde de la petite. Christiana savait que son enfant serait mieux ainsi. Elle voulait se marier et elle m’avait déjà invité », se souvient Vicky, l’ami d’enfance et le confident de la jeune femme.
Samedi, les proches poursuivaient les démarches pour les funérailles. « C’est horrible. Où qu’elle se trouvait, elle avait toujours un sourire et ne manquait pas de saluer les gens », se remémore un habitant de la région.
Marie Jocelyne François, la mère biologique de la victime : «Mo tansion inn monte»
La mère biologique de Christiana Chéry est dévastée. Originaire de Rodrigues, elle habite désormais à Grand-Baie. « Bien qu’elle ait été adoptée, nous avons toujours gardé contact. Elle venait souvent nous rendre visite. Elle avait dit à sa fille qu’elle avait deux grand-mères », raconte Marie Jocelyne François. Elle confie qu’elle n’a pas fermé l’œil depuis que la disparition de sa fille a été signalée. « Je n’arrive plus à manger ni à trouver le sommeil. Cela a été un choc pour moi. Le dimanche précédant sa disparition, je suis allée la voir. Nous avons passé un bon moment ensemble », se souvient-elle. Huit jours après, le choc a été encore plus grand. « En apprenant sa mort, je me suis évanouie. Depuis, je ne peux plus rien faire. J’ai perdu goût à tout. Mo tansion inn monte. Monn tom san konesans de fwa », explique-t-elle. Claudia, la sœur de Marie Jocelyne François, est très remontée. « Cet homme doit payer pour son crime. Ce qu’il a fait subir à ma nièce est horrible », lâche-t-elle.
Bilall Elahee passe aux aveux
Arrêté dans cette affaire, Muhammud Bilal Elahee, 24 ans, a comparu devant la Bail and Remand Court, le samedi 18 février, sous une accusation provisoire de meurtre. Ce chauffeur de taxi marron, habitant Quinze-Cantons, connaissait la victime depuis quelque temps. C’était lui qui se chargeait d’effectuer des « courses » pour la jeune femme. Il est d’ailleurs la dernière personne à avoir vu Christiana Chéry vivante. Selon des témoins, ils avaient eu une vive dispute le jour de la disparition de la jeune femme. Pressé de questions lors de son interrogatoire mené par la Major Crime and Investigation Team, le suspect a fini par tout avouer, en présence de son homme de loi, Me Hisham Oozeer. « Nous nous sommes rendus à Richelieu. Puis, nous devions nous rendre à Flic-en-Flac. Mais en cours de route, nous nous sommes arrêtés dans un champ de canne à Cascavelle. Monn dir li mo kontan li ek arete ar sa lavi la », a-t-il dit aux enquêteurs. Une dispute aurait alors éclaté entre les deux. Le jeune homme a raconté avoir sorti un cutter. Il a précisé que l’arme est passée accidentellement au niveau de la gorge de Christiana Chéry. « Li mem ti donn mwa sa cutter-la akoz mo fer kours aswar », a souligné Bilal Elahee. Il a déclaré avoir ensuite laissé le corps de la jeune femme sur place, avant de se débarrasser du cutter dans une rivière à Beaux-Songes. Vendredi, des recherches ont été enclenchées par la police afin de retrouver l’arme du crime, mais en vain.
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