Il a quitté ce monde sur la pointe des pieds. Pourtant, il regardait l’avenir avec beaucoup d’espoir. Yoane Rangasamy, 19 ans et fiancé à Yovana, 20 ans, voulait passer le restant de sa vie et réaliser un voyage avec celle qu’il aime. Malheureusement, le destin en a décidé autrement.
C’est dans son bain, mardi soir, que le jeune Yoane est mort asphyxié. En cause, une émanation de monoxyde de carbone du chauffe-eau à gaz installé la veille. Le drame a été constaté par la famille. Quant à sa fiancé, elle est dévastée. Elle ne cesse de pleurer la mort de celui qu’elle aimait. « Je n’ai plus le courage d’avancer dans la vie sans Yoane », lâche-t-elle désespérément.
Que s’est-il passé au juste durant cette fatidique soirée du 10 juillet ? Toute la famille s’était réunie en ce mardi soir pour regarder le match comptant pour la demi-finale de la Coupe du monde, qui allait opposer la France à la Belgique. Yovana était dans sa chambre, tandis que Yoane était au rez-de-chaussée. « Il m’a dit qu’il allait prendre un bain », se souvient Yovana.
Après de longues minutes, son fiancé n’était toujours pas monté dans la chambre à coucher. « Je suis descendue pour aller voir. J’entendais couler la douche. J’ai appelé Yoane. Il n’a pas répondu. J’ai essayé d’ouvrir la porte, mais elle était verrouillée de l’intérieur. » Inquiète, Yovana a tout de suite informé son neveu.
« Monn soufle dan so labous »
Sans plus tarder, le neveu s’est faufilé par une imposte de la salle de bains et a pu ouvrir la porte. Grande fut la surprise de tous ceux présents de voir Yoane inconscient sous la douche. Une forte odeur de gaz se propageait dans la pièce. « Monn crye li, crye li, li pann leve. Monn soufle dan so labous, li pann leve mem », nous dit Yovana avec peine.
Yoane était un jeune très apprécié dans la localité.
Entre-temps, Jean Claude Rangasamy, le père du jeune homme est alerté. Il se rue auprès de son fils et tente également de le ranimer, sans aucun résultat. La famille conduit alors Yoane à la City Clinic, afin qu’on lui prodigue les premiers soins. La famille était loin de s’attendre au pire. Malheureusement, le personnel soignant a dû faire le triste constat : Yoane avait déjà rendu l’âme.
Jean Claude, son père, n’en revient pas. « Ki fer tonn pran mo garson », pleure-t-il sans arrêt, toujours sous le choc. Lundi, soit la veille du drame, il raconte que père et fils avaient installé ensemble ce maudit chauffe-eau. « Yoane a insisté pour installer cet appareil que nous avions depuis de nombreuses années. Pourtant, il fonctionnait parfaitement », lâche le père. Nul ne pouvait imaginer que le malheur allait frapper. L’autopsie a révélé que Yoane était mort d’une asphyxie due à l’inhalation de monoxyde de carbone.
Les funérailles de la victime ont eu lieu jeudi. « Yoane inn kit tras so lamour lor sa later la », nous dit avec beaucoup de peine Patricia, 41 ans, la sœur aînée de Yoane. Et d’ajouter « qu’il voulait partir en Angleterre avec sa fiancée et mes parents en décembre prochain ». Elle indique que son frère travaillait dur dans le but d’accomplir ce désir.
Rappelons que cela fait déjà cinq ans que Yoane et Yovana se connaissaient. « Je me souviens parfaitement de ce jour, car c’était un 25 décembre. Après le déjeuner familial, j’étais sortie de la maison pour me rendre dans un jardin à quelques mètres de ma maison, à Batterie-Cassée », nous relate-t-elle. Si elle avait déjà croisé Yoane en quelques occasions dans la localité, ce jour-là, l’adolescent, alors encore au collège, est venu l’aborder. « Yoane est venu se mettre à côté de moi. Nous avons fait connaissance. Cela a été le coup de foudre », se souvient-elle. « Yoane était une personne aimable, gentille, toujours à l’écoute. C’est ce qui m’a plu chez lui », dit la jeune femme. Si bien que les tourtereaux ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. « Nou ti toultan ansam. Kot li ale mo pou ale. Nou pa ti kapav sanpas nou kamarad », poursuit-elle.
Un an après leur rencontre, Yovana est venue s’installer chez son amoureux à Sainte-Croix. Yoane a poursuivi ses études. « Il voulait qu’on soit indépendant, afin de faire des progrès à la maison. Li dir nou bizin met marb dan lakaz. » Yoane travaillait et étudiait en parallèle. Il fréquentait une école technique et avait réussi à ses examens pour devenir soudeur. « En septembre prochain, il aurait reçu son diplôme », relate Yovana. Pour continuer leur vie à deux, Yovana raconte qu’elle s’est fait baptiser afin de pouvoir se marier à l’église. Elle avoue n’avoir plus goût à rien, car elle ne conçoit plus la vie sans Yoane.
Idem pour sa sœur Patricia, qui regrette amèrement la mort de son petit frère. « C’est un mauvais coup du destin. Auparavant, mon frère était replié sur lui-même. Il a changé lorsqu’il a connu Yovana et s’est rapproché de la famille. Il était devenu quelqu’un de plus sérieux », nous dit-elle. Ses deux fils, âgés de 17 et 15 ans, formaient avec son frère « un trio inséparable ». « La mort de Yoane les affecte beaucoup », se lamente Patricia.
« Mon frère Yoane était un jeune sans histoire. Il ne fumait pas. Il ne se nourrissait que de rêves et de projets à deux. Sa vie a basculé le temps d’une douche », pleure désespérément sa sœur aînée.
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