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Metro Express : des habitants de Rose-Hill contestent l’acquisition obligatoire de leur maison

Des habitants de la rue Selmour Ahnee ne comprennent pas pourquoi les autorités veulent faire l’acquisition obligatoire de leur maison alors que le gros des travaux pour l’extension de la ligne du métro de Rose-Hill à Ébène est presque complété.

Plusieurs habitants de Rose-Hill protestent contre l’acquisition obligatoire de leur maison par le ministère du Logement dans le cadre de l’implémentation d’un « traffic scheme ». 

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Des habitants de la rue Selmour Ahnee, à proximité des locaux du Central Electricity Board (CEB) de Rose-Hill, ne savent plus à quel saint se vouer. S’ils sont bien résolus à « tolérer » tous les inconvénients que l’extension de ligne du Metro Express de Rose-Hill à Ébène ont engendré, ils ne digèrent par contre pas l’acquisition obligatoire que l’État envisage de faire sur leur terrain. 
Les seules explications qu’ils ont eues c’était quand les travaux ont débuté pour leur affirmer que tout a été fait pour que l’alignement du chemin de fer n’empiète pas sur leur terrain.

Conscients des inconvénients que ces travaux d’envergure allaient engendrer, les constructeurs leur ont demandé d’être conciliants et patients, car le projet du Metro Express est dans l’intérêt national. L’assurance leur a même été donnée qu’ils allaient conserver leurs biens et qu’il n’y aurait pas d’acquisition obligatoire de leur maison. Mais plusieurs mois après, alors que les travaux sont dans la phase finale, les voilà confronter à une demande de céder leur terrain. « Nous avons le sentiment d’avoir été leurrés », déplorent-ils. 

Ils soutiennent qu’ils occupent depuis de nombreuses années leur terre sur laquelle ils ont bâti leur maison au prix d’énormes sacrifices. Ils espéraient y passer leur vie et y vieillir en toute quiétude. Tout a cependant basculé depuis la lettre qu’ils ont reçue au début du mois de juillet dernier, faisant état de la demande du gouvernement pour l’acquisition de leur terre pour l’« implementation of a traffic scheme ». Le montant proposé pour l’acquisition de leur maison les révolte également du fait qu’il est bien en dessous de sa valeur. Ajouté à cela, la valeur sentimentale. Tout ce qu’ils ont bâti depuis des années n’a pas de prix, font-ils savoir. 

D’un commun accord, ils ont décidé de rejeter la proposition du gouvernement et ils ont fait comprendre qu’ils allaient demander une réévaluation de leur terrain et maison par des particuliers. Depuis, c’est le silence radio de la part des autorités. De leur côté, ils tentent le tout pour le tout pour conserver leurs biens. Ils sont pour cela épaulés par leur homme de loi. Estimant que le gouvernement a agi de manière « arbitraire », ils ont aussi averti une dizaine d’instances internationales, dont Amnesty international et l’United Nations Human Rights. « Nous n’allons pas céder aussi longtemps que nous n’obtenons pas de compensation juste », lancent-ils. Cela, en s’appuyant sur les dispositions de la Land Acquisition Act 1973 ainsi qu’un document de l’United Nations Human Rights sur les « Forced evictions ».

Témoignages

« Ce sera douloureux de devoir quitter cette maison »

Habitant la localité depuis plus de 20 ans, une sexagénaire explique qu’elle a hérité de la maison de son défunt époux. Ce dernier a pris 10 ans pour bâtir ce logement en y investissant toutes ses économies. « C’est tout ce qui nous reste de lui et cela reflète l’amour, la patience et tous les efforts qu’il a fournis pour sa construction. Ce sera douloureux de devoir quitter cette maison », confie-t-elle.    

Sa fille ajoute que c’est injuste. « Nous sommes révoltées. Ma mère est déprimée. Nous avons du mal à dormir car nous ne savons pas ce qui nous attend », avance-t-elle. La proposition des autorités ne reflète pas la valeur de leur maison et ne sera pas suffisante pour en construire une autre avec le même confort, explique la fille.

« Ma mère est déchirée »

Cela fait plus de 50 ans qu’une septuagénaire habite la rue Selmour Ahnee qui autrefois était très paisible. Sa maison est un héritage familial qui a vu naître plusieurs générations.  « Nous sommes restés tranquilles quand on a construit une route pour rallier Ébène. On n’a rien dit quand le projet du métro est arrivé, mais on refuse qu’on nous prenne notre maison », fait comprendre sa fille. Elle ajoute que durant tout le temps des travaux, elles ont dû subir d’énormes inconvénients.  « Ma mère est déchirée », souligne-t-elle. 

Steven Obeegadoo : « Le GM agira conformément à la loi »

« Le gouvernement agira conformément à la loi », a assuré le Deputy Prime Minister Steven Obeegadoo. Il trouve légitime la désapprobation des habitants. « Quand l’État réalise des projets de développement dans une région, que ce soit pour la construction d’une route ou d’une école, il est tout à fait normal que les propriétaires dont les terrains feront l’objet d’une acquisition obligatoire ne soient pas contents », a-t-il déclaré lorsqu’il a été sollicité à ce sujet. 

Il a ajouté que d’un point de vue humain, il comprend parfaitement les sentiments des uns et des autres. « C’est tout à fait compréhensible que cela ne fasse pas plaisir à ceux qui ont construit une maison dans laquelle ils ont grandi et vécu de voir l’État leur dire, un beau jour, qu’il prend leur terrain. »

Cependant, il a indiqué que c’est inévitable vu que Maurice est un petit territoire et quand il y a un développement, l’État se retrouve contraint de procéder à l’acquisition obligatoire de terrains souvent déjà occupés. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a de grands travaux infrastructurels qui se font dans le centre de Rose-Hill dans le cadre du projet Metro Express. C’est un ‘train-oriented development’ visant à réaménager le paysage urbain », a souligné Steven Obeegadoo. 

En ce qui concerne les terrains de la rue Selmour Ahnee, il a expliqué que le problème d’embouteillage à la rue Vandermeersch aux heures de pointe doit être résolu pour que le centre-ville puisse être conceptualisé. L’État se propose ainsi de construire une route afin de fluidifier le trafic sur cet axe routier et faciliter l’accès à Ébène dans la foulée. 

 

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