Métiers : ceux qui risquent leur vie et leur sécurité au travail

Certains métiers sont dangereux, d’autres encore plus… Tous les jours, des milliers de travailleurs  gagnent  leur pain quotidien au péril de leur vie.

Certes, chaque seconde compte pour les démineurs. La moindre erreur peut être fatale. Mais d’autres  travailleurs, tant dans la fonction publique que dans le secteur privé, travaillent au détriment de leur propre santé et sécurité. Cependant, les conséquences et autres séquelles peuvent prendre des années pour se manifester.

Ce qui pousse le président de la Government Services Employees Association, Radhakrishna Sadien, à réclamer une refonte du département ‘Health & Safety’ de la fonction publique dans ses propositions en vue du prochain budget national.

« Alors que l’‘Occupational Safety & Health Act’, de 2005, prévoit  un ‘Health & Safety officer’ pour 100 employés dans le secteur privé, on ne compte qu’une vingtaine pour 50 000 fonctionnaires »,  s’insurge-t-il.  S’il demande un renforcement du personnel, il souhaite aussi que les  ‘Health & Safety Officers’ soient dotés de plus de pouvoir afin de pouvoir prendre des sanctions qui s’avèrent nécessaires. « On ne peut se contenter d’offrir à ces employés une ‘risk allowance’, il faut des mesures pour une meilleure protection, d’autant que toute maladie a un coût économique pour le pays. »

De son côté, Yoosoof Jauhangeer, expert dans le domaine de la santé et la sécurité au travail, lance un appel pour que la télévision nationale passe régulièrement des émissions et  des spots publicitaires  concernant la protection de la santé sur les sites de travail. Il avance que les plus exposés sont ceux qui travaillent dans le secteur informel. Il explique que de par la loi, ces personnes ne sont pas enregistrées au ministère du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation et de ce fait, ils ne reçoivent pas la visite des inspecteurs.

Parmi les métiers les plus risqués de la fonction publique, on trouve les policiers, les pompiers, les épandeurs attachés au ministère de l’Agro-industrie et les radiographes du ministère de la Santé, entre autres. Bien qu’ils soient aguerris, les policiers travaillent chaque jour au risque de leur vie. «  Lors de certaines  descentes, on peut être tué ou s’en sortir gravement blessé », explique un policier de carrière. Il cite notamment l’arrestation des criminels endurcis, les opérations pour traquer des trafiquants de drogue  et d’autres missions qui peuvent paraître, à première vue, anodines. À cet effet, il nous rappelle l’agression mortelle d’un policier, il y a quelques années, alors qu’il tentait de verbaliser un commerçant qui vendait des boissons alcoolisées après les heures ouvrables. 

Risquer sa vie pour celle des autres

Il y a aussi les pompiers qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Comme dit le président de la GSEA Fire Fighters Cadre, Ashraf Buxoo : « Alors que le commun des mortels fuient un foyer d’incendie, les pompiers doivent y pénétrer pour combattre le feu ou sauver des personnes prisonnières des flammes. »  Il ajoute que lors d’un incendie, les sapeurs-pompiers sont exposés à des produits chimiques,  de graves brûlures,  des suffocations et autres problèmes. Les pompiers sont aussi appelés à  des missions de secours lors des inondations  et des opérations de sauvetage.

Risques de radiation

Il y a aussi les radiographes qui font des X-Rays, fait ressortir  Radhakrishna Sadien, car une exposition prolongée à des radiations ou une exposition avec des répits trop courts pour l’organisme, peut être néfaste pour la santé. Il parle de plusieurs cas où des officiers ont ainsi eu des problèmes. Il attire l’attention sur le fait qu’une exposition aux radiations peut provoquer le cancer.

Yoosoof  Jahangeer abonde dans le même sens. Le dirigeant syndical cite aussi les infirmiers qui  sont confrontés aux maladies contagieuses comme le sida, la tuberculose et l’hépatite B. Outre les risques d’infection, il  aborde les risques d’agression venant des membres du public. Parmi les plus exposés, il y a le personnel qui travaille aux urgences et les paramédicaux dont les chauffeurs d’ambulance et de la SAMU.

Travailleurs agricoles

À première vue, il ne comporte aucun danger, mais selon une étude menée par le Bureau International du Travail, le métier de l’agriculteur figure parmi les plus dangereux au monde. Notamment avec l’utilisation des pesticides et des herbicides, qui peuvent se révéler, à long terme, néfastes pour la santé.

À cet effet, Radhakrishna Sadien déplore les conditions des épandeurs d’insecticide dans les centres agricoles.

« Après l’épandage, ils prennent leur déjeuner sur place avec tous les risques que cela comporte et bon nombre sont tombés malades après l’âge de la retraite », souligne-t-il. Il espère que des infrastructures soient mises en place afin de les protéger, dont des salles de bain où ils pourront se laver après leur journée de travail.

Yoosoof Jauhangeer souligne que le même problème se pose chez les particuliers dans le privé. Il explique que le danger est plus présent lorsqu’on mélange les produits chimiques. Il souhaite que les employés soient mieux conscientisés par les autorités sur l’utilisation des pesticides.

L’expert, en matière de santé et de sécurité, explique que plusieurs actions anodines peuvent se révéler néfastes pour la santé. Comme, par exemple, la poussière de ciment. « Elle se dépose sur les bronches et s’y adhère, car c’est un endroit humide et à la longue, elle peut provoquer un cancer du poumon, entre autres graves maladies respiratoires. » Selon lui, les plus exposés sont les travailleurs du secteur informel où il n’y a pas de ‘Health & Safety Officer’.  Il cite les scieurs de béton qui en respirent la poussière, les électriciens, les pêcheurs artisanaux, les chauffeurs, les agents de sécurités et ceux qui travaillent dans la construction surtout en hauteur.