Ils donnent vie aux mots. Ils transmettent des émotions à coups de crayon. Les illustrateurs de livres pour enfants font preuve de créativité et d'imagination. Après le succès du premier festival du livre Jeunesse la semaine dernière, lumière sur ce métier de l'ombre qui se fait rare à Maurice.
Les illustrateurs de livres ne courent pas les rues à Maurice. La petite poignée qui s’adonne à l'illustration n’en font pas tous leur métier. « Nous voulons vraiment donner la chance aux jeunes illustrateurs mauriciens qui souhaitent se lancer », fait ressortir Pascale Siew des éditions Vizavi. Cette dernière ajoute que « nous travaillons régulièrement avec des illustrateurs habituels, mais il faut admettre que nous manquons d'illustrateurs à Maurice. Nous recevons plus fréquemment les dossiers d’illustrateurs étrangers avec lesquels nous travaillons beaucoup ».
L'illustration nécessite créativité, imagination, maîtrise des techniques du dessin et curiosité. Pour Joëlle Betsey Maestracci, l’illustration et la peinture sont des modes de communication, d’échanges qui lui permettent de rêver, de voyager et de s’évader au quotidien. « Illustrer, c’est pouvoir avant tout faire rêver les autres. Je dessine depuis que je tiens un crayon, c’est plus qu’une passion, c’est une respiration. » Illustratrice et imprimeure passionnée, elle avoue « avoir de la chance de faire un métier que j’aime. Cumuler les deux est un vrai bonheur ».
Mettre des images sur des mots n’est pas une difficulté, mais un plaisir pour l’illustratrice qui collabore avec divers magazines féminins et institutionnels. Elle donne sa contribution aussi à trois albums jeunesse dont un quatrième qui paraîtra le mois prochain.
« Chaque nouveau livre me permet de retrouver mon âme d’enfant. Voir un enfant rire et sourire en feuillant mon livre est pour moi un bonheur intense voire une grande bouffée d’émotion. » Joëlle souhaite pouvoir continuer à rêver, imprimer et remplir des tonnes d’étagères de rêves d’enfant.
Passion, création et ambition
Comme pour Joëlle, le dessin est pour Brian Lamoureux un moyen de transmettre des messages sous différentes techniques. Artiste peintre et designer de profession, ce dernier fait partie de la nouvelle génération d'illustrateur. « L'illustration m’est venue naturellement, enfant déjà j’aimais recopier les dessins animés que je regardais à l'époque ». Son cœur l’a ensuite guidé vers cette voie. Illustrer est avant tout une passion pour Brian. Cet ex-étudiant en Fashion Design travaille actuellement sur une exposition avec deux autres artistes sur l’Opéra qui aura lieu à Maurice.
« Illustrer des dessins pour enfants demande d’être plus ludique. Important de respecter l’innocence et la fragilité de l’enfant. La création des personnages aussi est un grand défi, surtout lorsqu’il s’agit de leur donner du caractère. » Cependant, du caractère, ses personnages en ont bel et bien.
Thierry Permal, 37 ans, est dessinateur et illustrateur à plein temps et représente la franchise « Les Classiques africains ». Le dessin a toujours été omniprésent dans sa vie. « Depuis enfant je dessine. Je ne sais pas pourquoi. Je ne me pose, d’ailleurs, plus la question. Je suis souvent débordé d'idées. Grâce au dessin j’arrive à coucher mes idées sur papier ou autres médias, aussi à les concrétiser tout en restant ancré à la réalité. »
Comme il n’y a pas d'écoles spécialisées en illustration et bandes dessinées, Thierry étudie le design et le multimédia à la School of Design d'Ébène. Au fil de ses expériences, il réalise des albums de bandes dessinées, en collectif et en solo, des albums jeunesse, des campagnes de pub, des manuels scolaires et bien d’autres. « Réaliser des illustrations pour les enfants n’est pas une mince affaire. Il faut rester très subtile, avoir une notion de pédagogie, surtout arriver à se mettre à la place de l'enfant et à voir à travers ses yeux. Bref, il faut savoir mettre le dessin au service du texte et non l'inverse ».
Pour sa part, Christine Gufflet, aka Iloë, fait partie de ceux qui ont décidé de se jeter à l’eau. Après une longue carrière dans le stylisme, aujourd’hui elle est illustratrice à plein temps pour petits et grands. Elle trace son petit bonhomme de chemin dans ce domaine. Elle avoue qu’il est encore difficile de gagner sa croûte à Maurice en ne faisant que l’illustration. « Le marché est restreint, car il n’y a pas énormément de possibilités d’être publié. Le métier n’est pas forcément reconnu et rémunéré à sa juste valeur », soutient-elle.
Christine a toujours dessiné des personnages de BD. « J’adore l’univers de l’enfant, je m’achète des albums jeunesse seulement pour les dessins. Je suis aussi fan d’illustration féminine », indique l’illustratrice. Pour elle, illustrer consiste à transmettre l’émotion d’une situation en dessin. « C’est un instantané d’humeur, qui peut être drôle, tragique, ludique, poétique. Et qui touche celui qui regarde, car il traduit avec justesse un ressenti », confie-t-elle.
Illoë a jusqu’ici illustré le blog My Sweet Mauritius, la page web de Cartoon Cake, mais aussi le petit livre des Expressions Créoles, édité par l’Atelier des Nomades. La jeune femme vient de terminer l’illustration de deux livres pour enfants sur des histoires de pirates prévus pour novembre.
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