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Météo : une pluviométrie toujours déficitaire

Nos réservoirs seront à sec d'ici à la fin de mai, estime Vassen Kauppaymuthoo.

Malgré des averses localisées, les réserves d’eau sont insuffisantes. Avec la fin de l’été et de la saison cyclonique dans les semaines à venir, l’espoir d’un retournement de situation s’amenuise. Explications des Mauritius Meteorological Services sur les raisons de la sécheresse persistante.

En dépit des averses localisées, parfois modérées dans certaines régions, les réservoirs du pays ont du mal à se remplir. Avec la fin de l’été et de la saison cyclonique, une inversion de la tendance de la pluviométrie déficitaire est peu probable.

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Les pluies localisées que le pays a enregistrées durant ces dernières semaines n’ont pas été suffisantes pour remplir les réservoirs et les nappes phréatiques du pays. Mais elles ont été bénéfiques à certaines plantations. Depuis janvier, la pluviométrie est déficitaire et il est possible que la tendance pour mars soit le même.

Selon le rapport mensuel  des Mauritius Meteorological Services (MMS), la moyenne de pluie en janvier a été  l'une des plus sèches de ces vingt-cinq dernières années. La pluviométrie était de 85 mm, soit 30 % de la moyenne à long terme. Les précipitations enregistrées à travers l’île ont été de 25 % à 40 % de cette moyenne. La situation n’a pas été meilleure en février. Une pluviométrie bien inférieure à la normale a été enregistrée, avec un total de 190 mm, soit 59 % de la moyenne à long terme.

Si, avant le passage du cyclone tropical intense Garance, février était classé comme le plus sec depuis 1999, les précipitations associées au cyclone, du 26 au 28 février, ont apporté 100 mm supplémentaires. Ce qui a ainsi contribué à une hausse du cumul mensuel. Par conséquent, février 2025 est désormais classé comme le sixième mois de février le plus sec depuis 1999.

Le rapport pour la première quinzaine de mars indique que cette période a été dominée par des conditions sèches sur le pays, avec une pluviométrie de 57 mm, soit 37 % de la moyenne à long terme. Le nord a enregistré la plus faible quantité de pluie avec 22 mm, tandis que l’est a affiché le plus bas pourcentage : 20 % de la moyenne à long terme. Cependant, avec les averses localisées enregistrées durant ces derniers jours, le cumul enregistré devrait légèrement augmenter.

Météo capricieuse 

À bien voir, le pays a joué de beaucoup de « malchance » durant ces derniers mois. Des systèmes cycloniques et des nuages sont passés trop loin de nos côtes pour nous apporter la quantité de pluie nécessaire au remplissage de nos réservoirs et de nos nappes d’eau souterraines. Des veilles de fortes pluies ont été émises à différentes occasions sans qu'elles  soient  suivies de fortes averses. À ce propos, les MMS expliquent qu’une veille de fortes pluies signifie qu’il est probable d’avoir des averses de forte intensité dans les prochaines heures. 

Cependant, « bien que des veilles de fortes pluies aient été émises, de réelles fortes pluies dépendent de multiples facteurs. La disponibilité de l’humidité, la configuration des vents et l’instabilité atmosphérique en font partie », expliquent les services météorologiques de Vacoas. C’est l’humidité persistante qui crée des conditions favorables à l’activité convective, susceptible de provoquer des averses localisées, ajoutent les MMS.

La dispersion des lignes d’instabilité avant d’atteindre l’île Maurice peut être attribuée à plusieurs facteurs météorologiques, expliquent les MMS. Parmi eux, il y a le cisaillement du vent, c’est-à-dire de forts vents en altitude qui peuvent perturber la formation des nuages. Ce qui empêche le développement complet des systèmes pluviométriques. De plus, il peut y avoir l’intrusion d’air sec. 

« La présence d’air sec dans la moyenne ou la haute atmosphère peut limiter le développement des nuages convectifs, provoquant leur dissipation avant d’atteindre l’île », font ressortir les services météorologiques de Vacoas. Mais il y a aussi d’autres situations qui font que le pays ne reçoit pas les averses escomptées. Il y a les interactions océan-atmosphère au sein desquelles l’océan environnant joue un rôle clé dans l’influence des systèmes météorologiques. La variabilité des températures de surface de la mer peut affecter la convection et la répartition des précipitations.

L’absence d’averses s’explique également par les influences topographiques. « Les caractéristiques géographiques de Maurice peuvent parfois influencer le mouvement et le développement des systèmes météorologiques, entraînant des variations dans la répartition des précipitations », soulignent les MMS. Ce qui explique pourquoi il peut pleuvoir abondamment dans une région, mais moins dans une autre. 

« Le risque d’inondation dépend de l’intensité et de la durée des précipitations ainsi que des conditions du sol. Si certaines régions peuvent connaître de fortes averses, la probabilité d’inondations généralisées reste faible, sauf en cas de fortes pluies prolongées et répandues », font ressortir les MMS. De ce fait, une surveillance permanente des conditions atmosphériques est exercée afin de pouvoir émettre des alertes si nécessaire pour informer le public de tout risque d’inondation important.

Il est utile de faire observer que les services météorologiques ne peuvent pas déterminer précisément quand il va pleuvoir. Cette situation dépend de divers facteurs qui sont en dehors de leur contrôle. Il faut espérer que Dame nature sera plus clémente et que nous recevrons suffisamment de pluie pour atténuer la situation difficile dans laquelle se trouvent les réservoirs et les nappes phréatiques du pays.

315 000 m³/jour pompés quotidiennement des réservoirs

Les sources d’approvisionnement en eau domestique sont estimées comme suit :
• Eaux souterraines : 50 %
• Réservoirs : 30 %
• Rivières : 20 %

En temps normal, la quantité totale d’eau prélevée dans les sept principaux réservoirs est d’environ 430 000 m³/jour. Pendant la saison sèche, cette quantité est réduite à approximativement 315 000 m³/jour. Selon Vassen Kauppaymuthoo, nos réservoirs risquent d’être vides d'ici à la fin de mai s’il ne pleut pas abondamment d’ici là.

Température légèrement supérieure à la moyenne

Les températures élevées, pouvant atteindre 34 °C, combinées à une forte humidité, sont causées par les conditions météorologiques saisonnières et les conditions atmosphériques. De tels épisodes de chaleur sont fréquents pendant l’été, lorsque des vents faibles et un ensoleillement prolongé contribuent au réchauffement. Selon les MMS, ces conditions devraient persister encore quelques jours, en fonction de l’évolution de la dynamique atmosphérique. Cependant, tout changement significatif des conditions météorologiques, comme une couverture nuageuse ou une intensification des vents, pourrait apporter un certain soulagement, font ressortir les services météorologiques de Vacoas.

Nos réservoirs à sec d’ici fin mai ?

Si le pays reste déficitaire en pluie, la situation risque d’être encore plus difficile dans les mois à venir. C’est ce que craint Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement.

« Au rythme auquel l’eau est pompée de nos réservoirs et compte tenu de la faible pluviométrie que nous enregistrons, nos réservoirs seront vides d'ici à la fin de mai », estime Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement. Il explique que le pays est approvisionné en eau domestique à moitié par l’eau de surface et à moitié par les nappes phréatiques. Mais avec la faible pluviométrie que connaît le pays depuis plusieurs mois, nos réservoirs de surface et souterrains sont mis à rude épreuve. Et comme il n’est pas possible de pomper toute l’eau des nappes phréatiques et  des réservoirs, la situation sera catastrophique dans les semaines à venir s’il ne pleut pas, avance Vassen Kauppaymuthoo.

Selon lui, c’est le dipôle de l’océan Indien qui explique que nous ayons des eaux plus ou moins froides dans la région de Maurice. Ce qui fait que même les cyclones sont « déviés » et ne viennent pas sur le pays.

« Souvent, on regarde l’océan Indien sans prendre en considération l’Antarctique », indique notre interlocuteur. Il explique que le courant qui tourne autour de l’Antarctique ralentit sous l’effet du changement climatique. Ce qui crée des vortex et des bouleversements qui modifient les conditions océanographiques et atmosphériques.

Toutes ces situations combinées font que nous risquons d’avoir un hiver assez froid et très sec. Il pourrait commencer tôt avec l’influence des anticyclones qui commencent à se manifester. Par conséquent, nous risquons de manquer la saison des pluies, dit Vassen Kauppaymuthoo. « Si on veut vraiment penser à notre approvisionnement en eau, il faut un minimum d’un an de stockage dans nos réservoirs et non quelques semaines. » Pour lui, il est indispensable d’augmenter la capacité de stockage d'eau du pays afin de pouvoir faire face à un événement comme celui que nous vivons actuellement. Celui-ci risque de devenir plus fréquent à l’avenir.

Vassen Kauppaymuthoo est d’avis qu’il faut envisager le dessalement de l’eau de mer en dernier recours. Selon lui, c’est la solution la plus simple et la plus pratique à mettre en place dans les régions côtières. Il estime que l’augmentation de la capacité de stockage ne changera rien à court terme, car la saison des pluies touche à sa fin. 

De ce fait, la collecte de l’eau de pluie risque de ne pas être aussi efficace pour le moment. Si rien n’est fait, le pays pourrait se trouver dans une situation très difficile dans les semaines à venir. « La seule solution reste le dessalement de l’eau de mer, qui pourrait nous soulager », indique-t-il.

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