Economie

Mesures budgétaires - Détaxe des produits textiles importés : les prix de vente inchangés

Malgré la décision du gouvernement de supprimer les droits de douane sur les produits textiles importés, le prix de ceux-ci a peu changé. Certains commerçants expliquent que leurs articles avaient été importés avant la décision budgétaire. Il sera très difficile de vérifier si les commerçants appliquent la détaxe.

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Dans une grande galerie commerçante des Plaines-Wilhems, des jeans d’une marque américaine sont frappés de trois différents prix. Explications du vendeur : ils sont fabriqués dans trois pays : Afrique du Sud, Bangladesh et Maurice. Ce sont les jeans fabriqués localement qui sont les plus chers. L’année dernière, ces mêmes jeans, cette fois en provenance de la Turquie, étaient proposés en  soldes à environ Rs 5 000 pièce. En temps normal, leur prix était de Rs 8 000. À la dernière visite dans ce magasin, les jeans étaient vendus à moins de Rs 4 000 pièce.

Interrogé sur le retrait de taxes sur ces jeans, un vendeur nous a indiqué qu’il ignorait si les prix de ces pantalons avaient été révisés à la baisse. Par ailleurs, d’autres commerçants expliquent qu’ils ont maintenu leur prix parce que leurs articles ont été importés avant le Budget 2016-2017. « Je vais appliquer les nouveaux tarifs à la réception de nouveaux arrivages », fait valoir un commerçant installé dans la galerie commerciale Evershine, à Rose-Hill.

Le secteur forain ne tient nullement compte de cette décision contenue dans le budget. Aux quatre coins du pays, que ce soit dans les grandes foires de Goodlands ou de Centre-de-Flacq, le retrait des droits de douane sur les produits textiles importés n’a pas influé sur le prix de vente au détail. « Dans la pratique, il sera très difficile de vérifier si les commerçants mettent en œuvre cette mesure contenue dans le Budget. Normalement, une telle mesure aurait due être accompagnée de moyens adéquats pour sa mise en œuvre », indique Mossadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP). 

Suttyudeo Tengur, directeur de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), énonce trois facteurs qui ont conduit à l’échec de cette décision.

« D’abord, je suis convaincu que le ministère des Finances était convaincu de la faisabilité de cette mesure, mais il appartenait au ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Protection des consommateurs de mettre en place des mécanismes pour permettre sa réalisation. Sur le plan légal, il fallait mettre sur pied une Consumer Court pour traquer les commerçants malhonnêtes, comme cela a été le cas en Inde, où une cour semblable a condamné une grande clinique pour négligence médicale. Puis nous constatons que la Consumer Protection Unit ne sert pas à grand-chose pour protéger les droits des consommateurs. C’est un éléphant blanc, inefficace. Le troisième facteur est l’absence d’une structure de prix, qui aurait dû être établie par le ministre. S’il ne l’a pas encore fait, c’est par absence de volonté », dit-il

À la Mauritius Revenue Authority (MRA), on précise que cette mesure est en vigueur depuis le 30 juillet 2016 et tout contrôle sur les produits textiles importés relève du ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Protection des consommateurs. La MRA se charge, elle, des taxes à être appliquées, en  évaluant les produits importés à la lumière des documents et des déclarations en douane.

 

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