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Mesure budgétaire - Service de «childcare» au travail : déjà une réalité dans certaines entreprises 

Les employés d’ENL et les locataires d’Oficea, filiale du groupe ENL bénéficient d’une primeur sur les inscriptions à la crèche.

Les entreprises ayant plus de 250 employés doivent obligatoirement fournir un service de « child care ». Une annonce du ministre des Finances lors du Budget 2023/24 qu'accueille favorablement la communauté des affaires. Comment cette mesure encouragera-t-elle la participation active des parents dans le monde du travail ? Quels seront les défis à relever pour réaliser ce projet ?  Existe-t-il déjà des garderies au sein des entreprises ?  Tour d’horizon. 

C’est en janvier 2016 que ENL a ouvert les portes de Ti Pouce, à Vivéa Business Park, à Moka et a accueilli ses premiers jeunes pensionnaires. Sa capacité d’accueil à l’ouverture était de 35 enfants, âgés de trois mois à trois ans. « Ti Pouce est une crèche ouverte au public, mais les employés d’ENL et les locataires d’Oficea, filiale du groupe ENL, bénéficient d’une primeur sur les inscriptions », explique Christelle D’Avrincourt, Group HR Operations Manager chez ENL. Elle ajoute que les employés des différentes filiales du groupe ENL, dont leurs enfants sont inscrits à Ti Pouce, bénéficient d’une subvention à hauteur de 50 % des frais mensuels et d’enregistrement. 

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ENL a mis une crèche d’entreprise à la disposition de ses collaborateurs en janvier 2016 dans le cadre de « 100 engagements pour demain ». « C’est l’équipe d’Oficea, filiale d’ENL Property, qui a repris la gestion de Ti Pouce l’année dernière, dans le but d’offrir une facilité de garde d’enfant pour ses locataires de bureaux à Moka », précise, pour sa part, Stéphanie Ceffis, Workspitality Manager – ENL Property.  Cette dernière affirme qu’avec les projets d’expansion dans la Smart City de Moka, une extension de Ti Pouce est prévue à l’avenir. 

Eclosia : le premier projet de crèche d’entreprise démarré depuis un mois 

Du côté d’Eclosia, cela fait des mois que la direction travaille sur un premier projet de crèche d’entreprise. «  Ce projet cadre parfaitement avec nos valeurs », dit-on.  En effet, le groupe a un partenariat avec des professionnels du secteur sur ce projet. « En plus d’aider les parents à trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, cette crèche se veut un espace de vie et de développement bienveillant pour les petits citoyens de demain », soutient la direction. Tout est prêt du côté de l’entreprise. « Nous sommes en attente de permis pour avancer et espérons que la situation se débloque rapidement », affirme la direction.  

Pour Eclosia, tout projet visant à permettre aux familles de revenir dans le monde du travail sereinement est positif pour le pays.  « Il faut maintenant que toutes les parties prenantes se mettent autour d’une table pour voir comment cela peut fonctionner dans la pratique, car les entreprises n’ont pour la plupart ni l’espace ni les fonds, ni les compétences pour mettre en place un tel projet », soutient-on. 

Un service pas vraiment gratuit pour les parents 

Le service de  « child care » au sein des entreprises ne sera pas gratuit.  En effet, les parents devront payer pour les frais. « Cependant, à la discrétion des entreprises, les employés peuvent bénéficier d’un tarif préférentiel », explique-t-on au niveau du ministère des Finances.   À savoir que le ministère de l'égalité des Genres, le ministère du Travail,  le Registrar of Companies travaillent sur les modalités pour rendre la mesure budgétaire obligatoire.

Ces défis à relever 

Coût financier et l’espace physique 

Selon nos interlocuteurs, la mise en place d’une garderie au sein d’une entreprise n’est pas un projet qui peut être réalisé du jour au lendemain. Cela demande d’abord une étude suivie par une planification.  «  Il y a premièrement un coût financier non négligeable et certaines entreprises peuvent être aussi confrontées à des limitations d'espace physique pour établir ces espaces de garde d’enfants en interne », fait comprendre Jenny Chan. Areff Salauroo abonde dans le même sens.  «  Le coût est la première question à aborder », dit-il. Par ailleurs, il affirme que la gestion de la crèche d’entreprise viendra s’ajouter aux défis auxquels les entreprises ont à faire face.

Trouver de la main-d’œuvre qualifiée 

Les entreprises se demandent si, à l'échelle nationale, il y aura suffisamment de main-d'œuvre qualifiée pour travailler dans toutes les potentielles garderies en entreprise. Selon Jenny Chan, il est important de s'assurer que le personnel soit formé pour répondre aux besoins des enfants et qu'il dispose des compétences nécessaires en matière de soins et d'éducation des jeunes enfants. Areff Salauroo affirme que dans le passé, la direction avait essayé de mettre en place une crèche au sein de l’entreprise. «  Cela a été très difficile et compliqué. Prendre soin des enfants est très bien, mais il faut avoir les moyens et le personnel qualifié pour le faire », fait ressortir notre interlocuteur. 


Ils ont dit …

Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius 

« Une des priorités de Business Mauritius en matière de capital social a longtemps été et reste encore la participation active des parents, surtout des mères, dans le monde du travail. Avec des consultations public-privé et une implémentation raisonnée impliquant les entreprises et les autorités, la mesure concernant un service de child-care pourrait effectivement changer la donne pour beaucoup de working parents ».  

Jenny Chan, présidente de l'Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius (OTAM)

« Suite à la récente pandémie, les employés dans le secteur des TIC sont de plus en plus nombreux à travailler en mode hybride, donc en partie en télétravail, chez soi. En prenant en considération ce contexte de travail spécifique, il est essentiel d'évaluer dans un premier temps, la demande et le besoin en matière de garderies sur le lieu de travail lorsqu'il s'agit du secteur des TIC et d’en déduire la pertinence et la faisabilité de cette mesure pour ce secteur ». 

Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius (MAHRP)

« L’idée est bonne, mais cela demandera plus de clarification en termes d’âge minimum et maximum. Cela aidera certainement les femmes avec des enfants et même les hommes qui ont la charge des enfants à être plus présents au travail, physiquement et mentalement.  Il augmentera la productivité et également la motivation. Aussi, il offrira une possibilité de conciliation entre vie professionnelle et vie privée tout en dégageant un sentiment de sérénité et de bien-être ».

Sebastian La Hausse de Lalouvière, Chief People Officer & Group Legal Counsel du Groupe Beachcomber 

« Le service de garde d'enfant à proximité du lieu de travail facilite la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Les employés peuvent ainsi bénéficier d'une solution pratique et fiable, tout en permettant aux entreprises de favoriser un environnement de travail équilibré. Cet investissement dans le bien-être des employés renforce la satisfaction au travail et peut contribuer à attirer et retenir les talents ».

Un soutien de l’État sollicité  

Toutes les entreprises ne sont pas en mesure de fournir des installations de garde d'enfants en raison de contraintes financières, d'espace ou d'autres limitations logistiques. C’est ce que fait comprendre Jenny Chan. D’où, estime-t-elle, le soutien du gouvernement est nécessaire. «  Les entreprises devront aussi être accompagnées au niveau administratif et de l’implémentation afin que leurs garderies soient conformes aux réglementations et aux normes en vigueur en matière de sécurité, de santé et d'hygiène, entre autres », explique notre interlocutrice. 

Un avis que partage Areff Salauroo. Il avance que le soutien du gouvernement aidera énormément dans cette initiative. « Mais peut-être qu’il faudra penser, non pas aux crèches d’entreprises, mais plutôt à des crèches interentreprises. Une crèche pour plusieurs entreprises avec un nombre d’enfants prédéterminé afin de bénéficier de l’Economies of Scale », propose-t-il.  Pour sa part, Sebastian La Hausse de Lalouvière affirme que bien qu’il n’y a pas encore toutes les informations détaillées sur les modalités de cette mesure, il dit être convaincu que les autorités apporteront leur soutien aux entreprises dans cette démarche.

  • defimoteur

     

 

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