Mesure budgétaire - formation de 2 000 Mauriciens : une réponse au manque de main-d’œuvre?

Divers secteurs opéreraient en sous effectif. Leurs représentants ont, chacun, fait des propositions lors des consultations pré-budgétaires pour s’attaquer au manque de main-d’œuvre. Une des mesures du Budget 2023-24 concerne la formation des Mauriciens dans différents domaines. 

2000 personnes seront formées dans des domaines tels que l’agro-industrie, la construction, les TIC/BPO, la santé et l’aide sociale et les énergies renouvelables, entre autres. L’annonce a été faite par le ministre des Finances lors de la présentation du Budget. Ravin Bara de Recruitment Leaders Ltd, fait comprendre que ce sont des secteurs qui recrutent. « Le secteur de la construction à lui-seul nécessitera probablement plusieurs employés supplémentaires ».  

Compte tenu de l’évolution du secteur de la construction - qui est dynamique et complexe -, et de l’architecture des nouveaux bâtiments, la formation est, selon Kentish Moorghen, primordiale. « La formation joue un rôle important. Le secteur de la construction dispose comme d’autres d’une chaîne d’approvisionnement. Il faut des employés formés pour gérer les projets sans négliger les aspects du temps, du coût et de la qualité », indique le CEO de Prime Pillar Group.   

À quelle fin ?

Les opérateurs sont unanimes quant à l’importance de la formation. Cependant, on s’interroge sur le contenu de ces formations. Poussés par la technologie, plusieurs secteurs connaissent un développement. Ravin Bara est de ce fait d’avis que les formations qui seront dispensées devront prendre en considération la technologie moderne. « Voyez l’évolution dans le secteur de l’agro-industrie au Japon ou en Israël. Il faudrait une étude pour déterminer le profil recherché par les entreprises. Il est tout aussi important de savoir si les entrepreneurs s’alignent aux nouveaux développements avec la technologie de pointe », argue Ravin Bara.  

519 600 personnes composaient la main-d’œuvre totale en 2022, tandis que le pays enregistrait 43 200 chômeurs, dont 15 500 jeunes. Selon les chiffres publiés par Statistics Mauritius, la proportion de personnes ayant un School Certificate (SC) était de 20 % et celle ayant un Higher School Certificate (HSC) était de 13 %. Les chômeurs ayant étudié jusqu’au niveau tertiaire étaient au nombre de 7 000 et représentaient 16 % du total des chômeurs. Et pour Ravin Bara, la formation ne garantit pas l’obtention d’un emploi par la suite. Cela dépendra de la demande du marché du travail. Pour sa part, Kentish Moorghen souligne qu’il est nécessaire qu’une condition soit rattachée à cette mesure de formation afin que les personnes formées puissent décrocher un poste. 

Par ailleurs, un opérateur sous le couvert de l’anonymat se pose des questions quant à l’ampleur du manque de main-d’œuvre dans le pays. « A-t-on créé un manque artificiel de main-d’œuvre ? Va-t-on recruter des milliers de Bangladeshis à la veille des élections pour leur permettre de voter ? Y a-t-il une étude qui démontre si Maurice fait face à un manque qualitatif ou quantitatif, par exemple, dans le secteur de la construction ? », demande-t-il.