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Mesure budgétaire annoncée dans l’Annexe : le coup de pouce fiscal promis aux 18-28 ans se mue en attente 

Selon les experts, ce recul sur la promesse d’exemption fiscale soulève des questions sur la transparence et la cohérence des mesures annoncées dans le Budget.

Le gouvernement fait-il marche arrière sur sa promesse d’exonération fiscale pour les jeunes de 18 à 28 ans ? C’est la perception que suscite le fait que cette mesure, bien qu’annoncée dans le Budget 2025-26, n’ait pas encore été « gazetted ». Résultat : les jeunes concernés restent assujettis à l’impôt. Ce retard suscite critiques et inquiétudes. 

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Le coup de pouce fiscal tant espéré par les jeunes de 18 à 28 ans restera-t-il une promesse non tenue ? C’est ce que redoutent les jeunes concernés alors que le gouvernement avait promis, lors de son discours dans le cadre de la présentation du Budget 2025-26, de les exempter de l’impôt sur le revenu. Cette mesure figurait dans l’Annexe et s’inscrivait dans le cadre plus large de la promesse électorale de l’Alliance du Changement de supprimer l’impôt sur le revenu pour les ménages dont les revenus annuels sont inférieurs à Rs 1 million.  

Or, malgré l’annonce officielle et sa large diffusion dans les médias, les jeunes concernés continuent à être assujettis à l’impôt. Plus inquiétant encore, cette mesure semble avoir été retirée du Finance Bill, qui prévaut légalement.

Au ministère des Finances, un porte-parole confirme que techniquement, les jeunes entre 18 et 28 ans seront taxables. « Mais comme 80 % des Mauriciens ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu et que les 18-28 ans ont, pour la plupart, des salaires de départ en dessous du seuil d’un million de roupies par an, il est peu probable que l’un d’eux soit imposable. » 

Puis il ajoute : « C’est donc peu probable qu’un jeune de 18 à 28 ans soit sujet à l’Income Tax, mais la possibilité existe. » Pour Raffeek Sufurhally, président de la Mauritius Tax Payers Association, cette situation est préoccupante : « Le Budget annonçait clairement que les 18-28 ans ne paieraient pas la taxe, mais cette mesure n’a pas été Gazetted. Nous demandons des explications au gouvernement. »

Selon lui, ce recul pourrait nuire au pouvoir d’achat des jeunes : « Avec la hausse du coût de la vie, si un jeune de 18 ans commence à travailler, il devra payer la taxe. C’est presque impossible pour lui de construire une maison. Il risque d’être découragé. » 

Lettre de protestation 

Il rappelle que les coûts des terrains, matériaux et main-d’œuvre sont déjà très élevés, rendant cette exonération d’autant plus nécessaire. « Donc, il fallait les exempter. C’est un peu malhonnête de la part du gouvernement d’annoncer une mesure dans le Budget et de ne pas la Gazette », déplore-t-il. L’association prévoit d’adresser une lettre de protestation au Premier ministre et d’organiser une réunion pour sensibiliser ses membres. 

Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), partage son mécontentement : « La population a voté pour un vrai changement. Les promesses faites durant la campagne électorale doivent être respectées, mais nous constatons le contraire. La situation semble se dégrader, au lieu de s’améliorer. » 

Il souligne l’impact du retard dans la mise à exécution de cette mesure sur l’émigration des jeunes qualifiés : « Beaucoup quittent déjà le pays pour trouver des emplois adaptés à leurs diplômes et attentes salariales. Une exonération fiscale aurait pu les encourager à rester travailler à Maurice. Ne pas concrétiser cette mesure dans le Finance Bill crée frustration et amertume », prévient-il.   

Haniff Peerun appelle le gouvernement à faire preuve de plus de prudence : « Il ne faut pas jouer avec les attentes des jeunes. Cela pourrait provoquer des tensions sociales. Ce sont les grandes entreprises qui doivent être davantage taxées, pas les jeunes qui débutent leur carrière. »

Sentiment d’injustice 

Le recul sur la mesure révèle une incohérence entre les annonces budgétaires et le texte légal final. Nos interlocuteurs craignent que ces divergences ne minent la confiance dans les politiques publiques et génèrent un sentiment d’injustice chez les jeunes. Ils insistent sur l’importance d’un dialogue transparent avec le gouvernement pour clarifier la situation et, si possible, rectifier cette promesse non tenue. 

En attendant, les jeunes Mauriciens devront continuer à payer l’impôt sur le revenu, même si la majorité ne dépasse probablement pas le seuil de Rs 1 million par an. Mais pour beaucoup, cette incertitude alimente les interrogations sur la cohérence et la sincérité des mesures annoncées dans le Budget.

Quelques promesses phares non tenues jusqu’à présent 

• Baisse du prix de l’essence et du diesel 
• Transport public gratuit pour tous 
• Baisse des prix des médicaments et bons d’achat 
• Amélioration de l’approvisionnement en eau dans toutes les régions 

Beelal Baichoo, expert-comptable et consultant en conformité : « Les autorités doivent expliquer pourquoi elles font marche arrière » 

Beelal Baichoo, expert-comptable et consultant en conformité, questionne la volte-face du gouvernement sur cette mesure fiscale touchant les jeunes. « Au nom de la comptabilité et de la transparence, les autorités devraient expliquer pourquoi elles ont fait marche arrière sur cette mesure, si tel est le cas… Les questions touchant aux finances des citoyens sont particulièrement sensibles et les autorités ne devraient pas créer d’incertitudes inutiles ou de facteurs de mécontentement », déclare-t-il. 

Selon lui, l’objectif initial de la mesure mérite d’être clarifié. Était-elle destinée à freiner la fuite des cerveaux ? « Les jeunes ont surtout migré en raison de problèmes de gouvernance, car ils n’étaient pas certains d’avoir un avenir prometteur au pays. Quelques milliers de roupies supplémentaires ne suffisent pas à empêcher un jeune de quitter Maurice. C’est plutôt le climat politique, social et économique dans son ensemble qui doit être amélioré », explique Beelal Baichoo. 

L’expert met également en garde contre les risques de frustration. « Une personne serait pénalisée uniquement en raison de son âge si elle avait plus de 28 ans, tandis qu’une autre serait favorisée en ayant moins de 28 ans, alors qu’il aurait été possible que cette dernière ait une plus grande capacité de génération de revenus », souligne-t-il. Pour lui, une approche plus globale et équitable reste indispensable. 

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