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Mères célibataires : les épreuves à surmonter quand l’amour s’en va

Un quotidien marqué par des difficultés. C’est ainsi que bon nombre de mères célibataires nous parlent de leur vie. Elles ne se retrouvent non seulement seules après le départ de leur conjoint, mais encore très  souvent sans un toit. Nourrir  leurs enfants et les faire grandir dans un encadrement approprié demeurent une lutte acharnée pour ces femmes. Rencontre avec ces mères courages.

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Bhavna : « Je dois mendier pour nourrir mes enfants »

« J’arrive à allumer une ampoule que dans une chambre à l’aide d’une batterie de voiture. Je paie Rs 100 à  mon voisin pour recharger la batterie »

Pour que ses quatre enfants dont un fils de deux ans ne dorment pas le ventre vide, Bhavna Louis s’installe tous les vendredis devant un lieu de culte pour  mendier. Cette habitante de Triolet, âgée de 40 ans, est frêle et maigrichonne de nature. Accroché à son bras, son fils de deux ans. Lorsque nous l’avons rencontré dans un « ashram » où elle vit temporairement, elle avait l’air perdu.

Cette mère de famille, vraisemblablement  désemparée , nourrit ses enfants avec Rs 2 000 qu’elle perçoit comme pension. Elle et ses enfants tombent dans le gouffre de la pauvreté après que son concubin fut incarcéré pour une histoire de drogue. « N’ayant  pu payer son amende de Rs 120 000, mon concubin a été incarcéré. Il est victime d’une histoire de drogue montée de toutes pièces. Il ne me reste que Rs 24 000 pour obtenir sa libération », nous relate Bhavna Louis.

« Je n’avais nulle part où aller suite à l’arrestation de mon concubin. Mon frère refuse de me céder la maison de mes parents. Car, il la loue aux étrangers. Il m’a dit de construire une maison à l’étage de celle de mes parents. Mais, ma situation financière ne me le permet pas. J’ai flâné dans les rues pendant des semaines, avec mon fils dans mes bras », remémore-t-elle.

« Je demandais l’aumône  pour nourrir mon fils. Pire, mes trois filles, nées de ma première union, ont été mises à la porte par leur père. Malgré ma situation difficile, je  les ai pris en charge. Pour la sécurité de mes enfants, un Bon Samaritain m’a légué un « ashram ». Je vis ici, il y a deux mois. Maintenant, je dois vider les lieux. Je dois trouver un toit ailleurs. Mais, je n’ai plus de moyens financiers », pleure la quadragénaire.

Privée d’électricité

Les lieux où vit Bhavna respirent la pauvreté. Elle arrive à peine à  joindre les deux bouts. « La pension que je perçois ne suffit pas pour nourrir mes enfants. J’effectue des tâches ménagères chez les voisins pour avoir de l’argent. Des fois, je frappe à la porte des voisins pour avoir de quoi manger. De plus, mes enfants  ont  peur de vivre dans l’obscurité. J’arrive à allumer une ampoule que dans une chambre à l’aide d’une batterie de voiture. Je paie Rs 100 à  mon voisin pour recharger la batterie », nous raconte Bhavna, avec des sanglots dans la voix.

Les trois filles de Bhavna, âgées entre 12 et 9 ans respectivement, vont à l’école ne touchent aucune prestation sociale. « Je me suis rendue dans différents  bureaux pour solliciter de l’aide mais en vain. Mes enfants vont à l’école le ventre vide. Mon fils, lui, est privé de lait, de couches ainsi que de vêtements », lamente-t-elle.

Bhavna Louis lance un appel au public pour lui venir en aide. Elle ne veut qu’obtenir de quoi pour nourrir ses enfants. « Mes enfants sont trop petits. Ils ne cessent de réclamer de la nourriture. C’est dur de les entendre, ‘mama, mo faim’ », dit-elle. « Je peux rester  le ventre vide mais mes enfants ne méritent pas un tel calvaire. Si je réclame de l’aide, c’est uniquement pour eux », s’exprime-t-elle en retenant à peine ses larmes.

Saroja :« Construire une maison pour sécuriser mes enfants reste ma priorité »

« Je ne peux pas travailler car je suis épileptique. La pension que je reçois m’aide beaucoup à subvenir aux besoins de mes enfants »

À Vuillemin, Quartier-Militaire, dans un virage, on  retrouve une bicoque construite avec des tôles trouées et du bois. C’est là où vivent Saroja Albert et ses cinq enfants. Elle n’a toujours ni eau ni électricité. Cette mère célibataire, âgée de 28 ans, doit faire le va-et-vient jusqu’à la rivière de la région pour puiser de l’eau pour faire la vaisselle et la lessive dans le courant de la journée. Des voisins assez généreux lui donnent un peu d’eau potable qu’elle met dans des bouteilles en plastique pour faire cuire à manger et pour boire. Et, le soir, elle donne de la lumière à  la petite maison léguée par un Bon Samaritain à l’aide des bougies. Mais, lors de grosses averses, la famille Albert passe une nuit des plus éprouvantes.  Car, le toit de la maison fuit comme une passoire.

« Je ne peux pas travailler car je suis épileptique. La pension que je reçois m’aide beaucoup à subvenir aux besoins de mes enfants. Ma demande pour avoir un terrain « crown-land » a  reçu un avis favorable. Mais les démarches pour avoir les matériaux de construction se font toujours attendre », nous relate la jeune femme. Selon les dires  l’endroit où elle habite n’est pas sécurisé.

« À la tombée de la nuit, mes enfants sont contraints de rester à l’intérieur. Car, il y a des gens, profitant de ma situation, viennent frapper à la porte. Je crains pour la sécurité de mes enfants, surtout mes filles. De plus, mes enfants sont désespérés de vivre sans eau ni électricité », lamente la jeune mère. C’est pour cette raison qu’elle supplie le public de lui fournir des matériaux pour qu’elle puisse construire une maison pour abriter ses enfants.

Sheila Pakeeree :« Je ne peux pas abandonner mes enfants »

« À chaque étape de ma vie, j’ai rencontré des hommes qui ont abusé de moi  avant de me laisser à mon sort »

Âgée de 39 ans, Sheila Pakeeree est mère de cinq enfants. Elle vit dans un vieux garage légué par son propriétaire. La pension qu’elle reçoit  l’aide à subvenir aux besoins de ses enfants. Face à la vie chère elle a pris de l’emploi comme bonne chez les gens.

La pauvreté, Sheila,  la connaît depuis son enfance. Sa situation financière ne lui permet pas de penser à l’avenir. Elle dit vivre au jour le jour. Mais, elle ne compte pas baisser les bras. Elle essaie à tout prix de donner un meilleur avenir à ses enfants. « J’ai dû me laisser exploiter sexuellement pour nourrir mes enfants. À chaque étape de ma vie, j’ai rencontré des hommes qui ont abusé de moi  avant de me laisser à mon sort. Mais, je n’ai pas abandonné mes enfants. Je fais tout mon possible, pour leur assurer un meilleur avenir. Ils sont des innocents », souligne-t-elle.

« L’assistance que je reçois pour la scolarisation de mes  enfants  m’aide à arrondir, tant bien que mal  les fins du mois. Lorsqu’il me manque de ressources, je fais des petits boulots chez des personnes pour trouver quelque chose à manger pour mes enfants », souligne Sheila, qui semble perdue face à ses problèmes quotidiens. Tantôt elle se réveille aux petites heures du matin pour  recueillir du fourrage pour les éleveurs du village pour une somme de Rs 250 tantôt elle nettoie la cour des autres pour Rs 50 à Rs 100.

Christine Delphine : « Qu’allons-nous manger ce soir? »

Christina Delphine, 28 ans et mère de deux enfants âgés d’un an et de trois ans respectivement ,vit au jour le jour depuis plus de trois semaines. Elle est enceinte de sept mois et demi. Elle s’est retrouvée seule du jour au lendemain quand son mari a été arrêté par la police.  Depuis, elle ne sait  à quel saint se vouer  pour s’occuper de sa famille. Elle loue une maison à Flacq  avec un loyer mensuel de Rs 4000. « J’ai été squatteur pendant plus de cinq ans et on a fait beaucoup d’efforts pour trouver un endroit décent pour habiter.

Tout allait bien et aujourd’hui, je me retrouve seule. Je ne sais pas quoi donner à manger à mes enfants. Le propriétaire nous est venu en aide  en nous offrant le dîner mais je ne sais toujours pas comment je vais faire ce soir. Mon frère m’aidait financièrement mais il a dû  cesser  car il s’ est  blessé. Je ne peux pas travailler car j’ai une grossesse difficile. Mes enfants ne méritent pas cela. Je sais très bien comment la vie est dure quand on n’a pas un toit ».

Elle ne sait toujours pas quand son mari sera libéré. Elle affirme que son amour maternel n’est pas suffisant pour s’occuper de sa famille comme il le faut. « Mes enfants ont des besoins, le premier est de se remplir l’estomac. J’ai frappé la porte de plusieurs institutions mais on a refusé de m’aider. Je n’ai même pas  l’argent pour payer  le transport pour entamer des démarches. Comment je vais faire pour payer le loyer le mois prochain ? Je suis impuissante et seule ».

Medha : « Enn xtra souffrance sa »

« Mo mem poto sa famille la, si mo tomber, zot tou tomber… », témoigne Medha, 32 ans et mère de cinq enfants âgés de 15 ans, 14 ans, 12 ans, 11 ans et 3 ans respectivement. Chaque jour, cette receveuse d’autobus a un nouveau défi à relever. Subvenir aux besoins de sa famille est un combat acharné pour notre interlocutrice. Elle a été exclue de toute assistance  de l’État car elle travaille. Elle nous confie que son salaire n’est pas suffisant pour s’occuper de sa famille. Pis, elle a  l’impression que la société  lui en veut.

« Il me faut beaucoup de courage pour ne pas abandonner. Mon premier compagnon, qui est le père de mes quatre premiers enfants est en prison. J’ai eu un quatrième enfant, il y a trois ans. J’ai eu un cinquième enfant, il y a trois ans. Mon concubin a décidé de nous abandonner quand j’étais enceinte de deux mois. Aujourd’hui, je dois m’occuper d’eux, de leur scolarité entre autres. Avec les coûts pour la nourriture, les factures et le loyer à payer il ne me reste rien.»

Son parcours est perpétuellement semé d’embûches. Elle a enclenché des procédures pour avoir une maison mais elle est toujours  dans l’attente. « J’ai aussi fait une requête aux autorités pour avoir du matériel scolaire et des uniformes mais on m’a fait comprendre qu’il faut que je touche moins de Rs 9000 pour être éligibles  Avec. Rs 4000 pour le loyer, environ Rs 6000 pour les frais scolaires et la crèche, Rs 3000 pour les leçons particulières et plus de Rs 7000 pour la nourriture, le total excède largement  mon salaire mensuel.

Donc, il nous arrive souvent  de ne pas avoir de quoi manger. Je ne peux pas demander à ma mère car elle a des contraintes financières et je ne veux plus aller vers mes proches, mes amis ou des ONGs pour demander de l’aide. Je n’ai jamais pu m’acheter des trucs avec mon bonus car je débourse la somme entière pour acheter du matériel scolaire pour mes enfants. »

Quand  les relations d’un couple  sont  rompues, c’est souvent la femme qui se retrouve seule avec toutes les responsabilités. Medha est d’avis qu’il est grand temps que les autorités   songent à  revoir les législations concernant les mères célibataires. « enn xtra souffrance sa.  J’ai de la peine pour mon dernier enfant car son père est là, en bonne santé et il travaille mais il n’a jamais pris la peine de venir voir  son enfant. Il a même dit que son enfant n’était pas le sien.

Maintenant, il est marié et a eu d’autres enfants. Pourtant, il m’avait fait de belles promesses et aujourd’hui, il mène une autre vie. C’est trop facile pour eux d’agir ainsi. Je pense qu’il aurait dû avoir une loi pour ces hommes. Nous, les mères célibataires, on doit se battre pour  nourrir, éduquer,  élever nos enfants et surtout  pendant leur crise d’adolescence ».

7 000 familles monoparentales

Elles sont 7000 familles monoparentales du côté des femmes  à bénéficier d’une aide sociale à Maurice. C’est ce que nous confirme, Thacoorparsad Bhoyroo, assistant-commissaire à la Sécurité Sociale. Elles sont des filles-mères, des femmes qui vivaient en concubinage ou des femmes qui étaient mariées civilement mais avec l’abandon du  mari qui a déserté le toit conjugal. Elles sont éligibles pour  recevoir une aide sociale après une enquête effectuée par les cadres du ministère.

Il faut voir la situation financière  du père qui a déclaré l’enfant/des enfants. C’est-à-dire,s’il  est capable financièrement  d’aider sa famille. Souvent, on découvre que le père est un drogué ou est chômeur. Plusieurs de ces femmes sont hébergées par leurs parents. Une mère qui se retrouve seule avec deux enfants peut recevoir une allocation mensuelle de Rs 3500 et celle avec quatre enfants Rs 4,500 dépendant  de l’âge des enfants.

 

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