Monde

Mère Teresa, icône de la charité, sera canonisée dimanche

Le pape François s'apprête à canoniser dimanche mère Teresa de Calcutta, la religieuse au sari blanc bordé de bleu devenue une icône mondiale, et controversée, de l'engagement en faveur des plus pauvres.

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Prix Nobel de la paix en 1979, cette femme tenace et pragmatique, d'une immense tendresse envers les rejetés, s'était aussi faite l'avocate obstinée de la morale de l'Eglise, tout en souffrant dans sa foi la majeure partie de sa vie.

« Rendons hommage à cette petite femme amoureuse de Dieu, humble messager de l'Evangile et infatigable bienfaitrice de l'humanité », avait lancé Jean Paul II lors de sa béatification en 2003.

La cérémonie, dernier rendez-vous de ces deux monstres sacrés du XXe siècle, avait attiré 300.000 fidèles à Rome. Mais l'extrême rapidité de la procédure avait suscité des réserves au sein de l'Eglise.

Ralenti sous Benoît XVI, le dossier a été relancé sous François, qui voit dans Mère Teresa une incarnation de son idéal d'une « Eglise pauvre pour les pauvres »... même s'il a déclaré qu'il aurait eu « peur » si cette petite femme tenace, déterminée et empreinte d'absolu avait été sa supérieure.

La cérémonie sera un temps fort du Jubilé de la miséricorde voulu par le pape argentin. Une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement, peut-être 100.000 fidèles sur la place Saint-Pierre... et 3.000 policiers et militaires mobilisés pour la sécurité.

Une canonisation constitue la déclaration officielle qu'une personne décédée est au paradis. Pour cela, le futur saint doit avoir obtenu deux miracles, l'un pour la béatification, l'autre pour la canonisation, signes de sa proximité avec Dieu.

Dans le cas de Mère Teresa, il s'est agi de la guérison en 1998 d'une Indienne qui souffrait d'un cancer, puis celle en 2008 d'un Brésilien atteint de tumeurs au cerveau. Même si pour les membres de sa congrégation, elle était déjà sainte depuis le jour de sa mort le 5 septembre 1997.

« Pour nous, la canonisation ne change pas grand-chose. Ce que nous faisions avant, nous allons continuer de le faire. Mais c'est une occasion de renouveler notre engagement », explique à l'AFP Brian Kolodiejchuk, membre des pères missionnaires de la Charité et avocat de la cause en canonisation.

Sainte des ténèbres

Née en 1910 dans une famille albanaise à Skopje, alors dans l'empire ottoman et aujourd'hui en Macédoine, Gonxhe Agnes Bojaxhiu est entrée dans les ordres à 18 ans, choisissant son nom de religion en hommage à Thérèse de Lisieux, avant d'être envoyée à Calcutta pour enseigner.

En 1950, elle fonde les missionnaires de la Charité, qui comptent aujourd'hui 5.000 religieuses consacrant leur vie, dans une austérité radicale, "aux plus pauvres d'entre les pauvres" à travers le monde.

« Elle n'était pas une personne extraordinaire, elle était comme nous, mais elle était différente en cela qu'elle était en permanence en communion avec Dieu, quoi qu'elle fasse », raconte à l'AFP Soeur Martin de Porres, missionnaire de la Charité depuis 50 ans.

Cependant à mesure que sa notoriété augmentait, sa ferme opposition à la contraception et à l'avortement, ses méthodes rudimentaires ou ses sources de financement lui ont valu des critiques et parfois même des attaques acerbes.

Surtout, contrairement au pape François, elle ne cherchait pas à s'attaquer aux racines de la pauvreté, regrette Mary Johnson, une Américaine qui a été missionnaire de la Charité pendant 20 ans.

« Elle avait le capital politique, la bonne volonté de tant de gens à travers le monde, l'oreille des présidents, l'argent... Elle aurait pu user de son influence pour chercher des solutions plus durables », explique-t-elle.

Son objectif « n'était pas d'éliminer la pauvreté mais de sauver des âmes », répond Sr Martin de Porres.

Et même si elle-même, comme l'ont révélé des écrits poignants publiés après sa mort, s'est sentie rejetée par Dieu pendant la majeure partie de sa vie, allant jusqu'à douter de son existence, Mère Teresa entendait bien continuer ce travail dans l'au-delà.

« Si jamais je deviens une sainte, ce sera sûrement une des ténèbres. Je serais en permanence absente du paradis, afin d'aller allumer une torche pour ceux plongés dans les ténèbres sur terre », écrivait-elle en 1959.

 

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