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Ménopause : parlons-en, enfin !

La ménopause est une étape naturelle dans la vie d’une femme.
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Ce dimanche se tient le premier Meno Talk, un événement, comme son nom l’indique, dédié à la ménopause. Une initiative portée par MenoWISE, fondée par Sabrina Quirin-Lecellier. Force est de constater que, bien qu’elle soit une étape naturelle dans la vie d’une femme, la ménopause reste entourée d’un silence assourdissant. Or, en parler permet de sensibiliser les femmes et de leur donner les clés pour mieux vivre cette transition. Témoignages et explications.

«À48 ans, j’ai découvert que j’entrais en ménopause. Étonnamment, cette réalisation ne m’a pas perturbée. Ma pratique régulière du yoga et du sport a probablement contribué à atténuer les effets que d’autres femmes ressentent plus intensément », confie Sash (prénom d’emprunt). L’arrêt de ses règles constituait le seul indice tangible de cette transition. « Pour moi, c’était tout. Sans symptômes marquants, je n’y accordais guère d’importance », ajoute-t-elle. 

Tout a basculé en 2022 à la suite d’un traumatisme. À 49 ans, Sash chute gravement et se blesse au bras. « Cette blessure m’a non seulement infligé une douleur intense, mais a engendré des complications nécessitant un traitement en Inde. Un véritable séisme dans ma vie », témoigne-t-elle. À la suite de cet accident, divers symptômes ont émergé, brouillant les pistes entre les séquelles du traumatisme et les effets de la ménopause. C’est dans cette confusion qu’un ami lui parle de Sabrina Quirin-Lecellier. fondatrice de MenoWISE (Menopause Wellness Insight Support and Empowerment) (voirplus loin). « Il m’a conseillé de la consulter, étant donné ses recherches sur le sujet », explique-t-elle.

La rencontre avec la fondatrice de MenoWISE a constitué une véritable révélation pour Sash. « Son approche franche et directe tranchait avec celle de certains médecins qui prescrivent des tests superflus. Elle m’a décrit la ménopause simplement, avec des exemples concrets auxquels toutes les femmes peuvent s’identifier », souligne-t-elle. Ce type d’échange surpasse largement, selon elle, les informations dispensées dans les cabinets médicaux.

Cela a provoqué en elle une véritable prise de conscience. « D’emblée, elle m’a révélé que certaines sensations, comme ma bouche sèche, constituaient en réalité des symptômes classiques de la ménopause dont j’ignorais l’existence. Elle m’a ouvert les yeux sur des signes que je n’avais jamais identifiés », raconte Sash, stupéfaite de découvrir leur lien avec la ménopause. « Avant cela, l’absence de symptômes flagrants m’avait dispensée de m’interroger sur leur origine », admet-elle.

Sash reconnaît n’avoir jamais anticipé cette étape. « Je savais pertinemment que chaque femme y fait face, sauf en cas d’hystérectomie, mais ce sujet restait absent de mes conversations, même avec ma mère ou mes tantes », confie-t-elle. 

Il est temps d’en parler ouvertement, sans tabou, pour le bien-être collectif des femmes»

Même plongée en pleine périménopause, elle n’avait pas jugé nécessaire de s’informer sur ce qui l’attendait. « En l’absence de symptômes graves, hormis des cycles menstruels irréguliers, je n’y prêtais pas attention. C’est seulement après mon accident que j’ai entrepris des recherches », explique-t-elle. Cette démarche lui a permis de comprendre que les nombreuses transformations de son corps étaient intrinsèquement liées à cette phase de sa vie.

Grâce à Sabrina Quirin-Lecellier, Sash a développé une meilleure compréhension de son expérience. « Elle m’a offert une écoute attentive et m’a guidée avec une bienveillance sincère tout au long de ce processus. » Elle estime que pouvoir partager son vécu transforme radicalement l’expérience : « Au-delà des conseils médicaux, c’est avant tout un soutien émotionnel, un espace où exprimer ses craintes et ses doutes sans craindre le jugement. Cela m’a été infiniment précieux. »

Sash considère comme primordial d’éduquer et de sensibiliser non seulement les femmes, mais la société tout entière à la ménopause. Elle déplore la persistance d’un tabou majeur autour de ce sujet à Maurice. Cette situation laisse les femmes dans l’incertitude face à ce qui les attend, particulièrement les jeunes filles qui manquent cruellement d’informations. C’est pourquoi elle juge les recherches de Sabrina Quirin-Lecellier non seulement pertinentes, mais essentielles. « Elle partage son savoir avec une générosité rare, veillant à combattre l’ignorance des femmes », souligne-t-elle.

Sash plaide pour une éducation à la ménopause dès l’adolescence, intégrée aux programmes scolaires et destinée tant aux filles qu’aux garçons. Car comprendre le corps humain dans toutes ses étapes s’avère crucial et contribuera à briser les tabous entourant la sexualité et la santé féminine. « En tant qu’adultes, nous devons prendre conscience de l’impact de ces changements sur tous les aspects de la vie quotidienne – professionnels, familiaux ou relationnels. Une femme qui traverse sereinement sa ménopause s’épanouit pleinement, et l’information constitue la clé de cette sérénité », affirme-t-elle avec conviction.

Elle révèle que son couple a traversé des périodes difficiles. « Mon mari connaissait peu la ménopause et, initialement, ne saisissait pas ce que je vivais. Après ma consultation avec Sabrina Quirin-Lecellier et une meilleure compréhension de ma situation, j’ai pu lui expliquer mes émotions et mes symptômes », raconte-t-elle. « Bien qu’il ne vive pas directement cette expérience, il manifeste désormais plus d’empathie et d’attention à mes besoins. Je ne peux prétendre qu’il me soutient pleinement, chacun faisant face à son propre quotidien et ses préoccupations. Cela exige un effort permanent de ma part, mais sa prise de conscience a opéré un changement significatif », insiste Sash.

Dans sa sphère professionnelle, elle avoue affronter plusieurs défis : « J’ai observé des collègues plus âgées aux prises avec les difficultés liées à la ménopause, et j’estime que ce sujet mérite une considération accrue dans l’univers professionnel. » Sash ajoute que les femmes traversant cette période peuvent souffrir de fatigue, de stress et d’une baisse de performance, affectant leurs relations professionnelles et leur efficacité. « Sensibiliser employeurs et collègues s’avère crucial. Aborder ce sujet avec respect et compréhension peut nettement améliorer l’environnement de travail pour toutes les femmes vivant cette transition », fait-elle remarquer.

Forte de son expérience, Sash exhorte toutes les femmes confrontées à la ménopause à rester attentives aux signaux de leur corps. « Apprenez à décrypter les signes et les transformations qui s’opèrent en vous. Ne cédez ni à la peur ni à l’ignorance. Informez-vous, échangez et n’hésitez jamais à poser des questions », conseille-t-elle. Elle insiste sur le fait que la ménopause ne représente pas une fin, mais l’ouverture d’un nouveau chapitre : « Vous pouvez apprendre à cohabiter avec elle, à l’accepter et à l’intégrer positivement. Vous n’êtes pas seules dans cette expérience, et il est temps d’en parler ouvertement, sans tabou, pour le bien-être collectif des femmes. »

Sash milite ainsi pour une priorité absolue : l’éducation et la sensibilisation des femmes à la ménopause. « L’heure est venue de briser les tabous pour libérer la parole. Car, comme je l’ai découvert, comprendre ce qui se passe permet de mieux l’accepter et de mieux le gérer », conclut-elle avec détermination.

Le combat de Joséphine contre l’incompréhension

Joséphine
« C’était un soulagement de mettre enfin un nom sur ce que je vivais », dit Joséphine.

Il y a près de huit ans, Joséphine, 54 ans, commence à ressentir des « symptômes étranges ». Elle consulte plusieurs gynécologues, sans jamais obtenir de diagnostic précis. « J’ai fait d’innombrables allers-retours chez différents médecins, sans réponse concrète. Personne ne savait ce que j’avais », raconte-t-elle. 

N’ayant pas été préparée à cette transition, elle ne comprend pas ce qui lui arrive : « Ma mère n’a pas vécu la ménopause de cette manière. Je pensais que ce serait pareil pour moi, que ce serait un passage sans difficultés. » Migraines persistantes, sensation de vide, absences soudaines en pleine conversation... « J’étais loin d’imaginer l’ampleur des symptômes. Je pouvais être en train de parler à quelqu’un et, la seconde suivante, oublier totalement ce que je disais. J’avais aussi des moments où je voyais les lèvres des gens bouger, mais je n’entendais rien. Comme si j’étais ailleurs », confie-t-elle.

Cette errance a été démoralisante. « Les médecins me disaient que je n’étais pas malade, mais je savais que quelque chose n’allait pas. » Finalement, après une énième consultation, un gynécologue lui confirme qu’elle était en pleine période de ménopause. « C’était un soulagement de mettre enfin un nom sur ce que je vivais. J’ai compris que chaque femme traverse cette étape différemment. »

Cette épreuve n’a pas seulement affecté Joséphine. Son conjoint a également vécu une période de doute. « Il voulait m’aider, mais ne comprenait pas ce que je traversais. Lorsqu’un médecin lui a confirmé que j’étais en préménopause, cela a été un soulagement pour lui. Son regard sur moi a changé. Il m’a toujours soutenue, mais après cela, il a été encore plus compréhensif », fait comprendre Joséphine.

Sur son lieu de travail, elle a eu la chance de compter sur une collègue qui partageait la même expérience. « Sans elle, cela aurait été plus difficile. Il faudrait sensibiliser les employeurs et les collègues aux symptômes de la ménopause, car cela peut impacter le quotidien professionnel », dit-elle reconnaissante.

C’est grâce à Sabrina Quirin-Lecellier qu’elle a découvert l’association MenoWISE. « Quand elle m’a parlé de son projet, j’ai immédiatement ressenti le besoin de m’impliquer. Pour la première fois, quelqu’un comprenait ce que je vivais. Cela a été une véritable libération. J’ai compris que je n’étais ni folle ni fragile, mais simplement en train de traverser une étape normale de la vie », souligne Joséphine. Depuis qu’elle a rejoint l’association, elle se sent mieux accompagnée. « MenoWISE m’a guidée, conseillée et aidée à mieux gérer cette phase », dit-elle. 

Les médecins me disaient que je n’étais pas malade, mais je savais que quelque chose n’allait pas.»

Contrairement aux idées reçues, elle n’a pas eu de bouffées de chaleur intenses. « Juste un peu chaud le soir, mais rien qui nécessitait un ventilateur en permanence. » Cette variabilité des symptômes est mal connue, et c’est là que réside le problème. Joséphine estime que la ménopause reste un sujet tabou. « Beaucoup de femmes n’osent pas en parler. Elles prétendent ne rien ressentir, ce qui empêche la transmission du savoir d’une génération à l’autre. » Ce silence favorise une méconnaissance des symptômes et renforce l’isolement des femmes qui en souffrent. 

Aujourd’hui, Joséphine veut encourager les femmes à s’exprimer. « Si on cache ce qu’on vit, la prochaine génération ne sera pas informée. Il faut en parler aux filles, aux amies, aux collègues. Plus on partage nos expériences, mieux on comprendra cette phase de la vie », fait-elle comprendre.

Elle plaide pour une meilleure sensibilisation. « Pourquoi ne pas intégrer des informations sur la ménopause dans les programmes d’éducation sexuelle à l’école ? Il faut aussi en parler lors de conférences et d’ateliers pour que les femmes puissent être préparées », suggère-t-elle. 

Elle espère que la société deviendra plus inclusive et à l’écoute des femmes ménopausées. « La sensibilisation doit toucher tout le monde, hommes et femmes. La ménopause n’est pas juste une affaire de femmes, c’est un enjeu de société. » En partageant son expérience, Joséphine espère briser les tabous et ouvrir la voie à une meilleure reconnaissance de cette période souvent mal comprise.

 

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