Mendicité - Arrêtée avec son bébé de 5 mois : «Nous étions trois mères dans le besoin»

Cristelle (prénom fictif), 27 ans, croyait pouvoir récolter de l'argent pour son bébé, âgé à peine cinq mois. À cet effet, elle a pris le nourrisson dans ses bras pour demander l'aumône dans l'enceinte de Super U de Centre-de-Flacq. Elle n'était pas la seule. Dénoncée par des membres du public, la jeune femme a été arrêtée par la brigade des mineurs le lundi 15 mai.

Le bébé a été placé sous la garde de la Child Development Unit ( CDU). Cette mère célibataire dit regretter amèrement son geste. « J'ai quitté la maison de mes parents à 20 ans pour venir vivre avec mon compagnon à Centre-de-Flacq » nous explique Cristelle, originaire de Baie-du-Tombeau. Ses parents n'étant pas d'accord avec sa décision, ils ont coupé tout contact avec la jeune femme. Le couple a eu deux enfants. 

« Alors que j'étais enceinte de notre troisième enfant, mon concubin a été arrêté par la police. Je me suis retrouvée seule. Cette troisième grossesse a été pénible pour moi. Mes deux autres enfants sont allés vivre chez les parents de mon compagnon », souligne la jeune femme. Ne pouvant compter que sur elle-même, Cristelle dit avoir travaillé dans une plantation. « Je recevais Rs 200 pour une heure de travail », dit-elle.

Après l'accouchement le 23 janvier dernier, elle a abandonné le travail. « Je suis allée vivre chez un ami. Il fallait trouver très vite de l'argent pour le petit ». En début de février alors qu'elle était avec son petit à Flacq, elle a croisé le chemin d'une autre mère. « Cette jeune femme m'a approchée avec son enfant de deux ans pour me demander de l'argent. Monn dir li mo même mo pena. Pas conner ki pou fer. Mo finn raconte li mo problème », se souvient-elle.

C'est ainsi, dit-elle, que l'inconnue l'a initié à la mendicité avec son enfant. « Linn dire moi, li osi li pena nanier li pe demane laide. Li propoz mwa pou fer coma li ». Depuis, elles se rencontraient régulièrement. « Nous nous sommes rendues à Super U pour faire demander l’aumône. Une autre jeune maman est venue nous rejoindre. Elle avait également un enfant de deux ans. Nous étions toutes dans le besoins ». À trois elles mendiaient dans le complexe. « Saken ti dans enn plas ».

Elle a récolté Rs 500

« Nous venions dans l'après midi. Une fois j'ai pu récolter jusqu'à Rs 500, somme suffisante pour le dîner et le bébé. L'argent me sert pour l’achat de ses couches et autres provisions », nous dit Cristelle. Au bout de trois mois, la police a mis un terme aux agissements de la jeune maman au cours d'une opération lundi. Les policiers ont retrouvé une somme de Rs 50 sur elle. Les autres mères sont également recherchées pour s'expliquer.

Le bébé est actuellement admis à l'hôpital de Centre-de-Flacq sous observation. La maman a été relâchée sur parole. Mardi, Cristelle a comparu devant le tribunal de Centre-de-Flacq. Elle a écopé d'une amende pour « idle and disorderly ». « Je voulais juste acheter des couches pour mon fils », soutient-elle en pleurs. « Je regrette ce que j'ai fait. Mon enfant m'a été arraché alors que je l’allaite encore. J'ai déjà trouvé un emploi de femme de ménage et je vais bientôt commencer à travailler. Je veux revoir mon enfant ».

« Il est strictement interdit de mendier. Cela constitue un délit punissable par la loi. Dans ce cas précis, la mère s'est servie de l'enfant », indique l'inspecteur Shiva Coothen de la cellule de communication de la police. Selon la loi en vigueur, toute personne, trouvée coupable de ce délit, est passible d'une amende ne dépassant pas Rs 50 000  et d’un terme d'emprisonnement n’excédant pas un an.