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Menace à la liberté d’expression : mise en garde des dirigeants politiques et syndicaux

La classe politique et syndicale s’élève contre les amendements à l’Independent Broadcasting Authority (IBA) Act que le gouvernement compte introduire en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi 23 novembre 2021. Ceux-ci visent notamment à renforcer l’arsenal légal de l’IBA contre les radios privées.

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Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition : « C’est dangereux »

xavier« C’est criminel. Nous protesterons avec véhémence. Ces amendements ne sont pas à prendre de manière isolée mais dans un contexte général. Ils ont tenté de museler Facebook. Ils ont fait la Cybersecurity and Cybercrime Act et maintenant ils s’attaquent aux radios privées à travers l’IBA. C’est une tentative de museler la presse libre. Le but est de s’assurer une mainmise totale sur l’information. C’est très dangereux ! On y reviendra avec plus de détails. »


Reza Uteem, leader adjoint du MMM : «le gouvernement veut museler les radios»

reza« Alors que le pays traverse une crise sanitaire et que des gens meurent, le gouvernement tente de museler les radios privées. Déjà qu’il a fait adopter le Cybersecurity and Cybercrime Bill vendredi dernier, dont certaines provisions sont, selon moi, anticonstitutionnelles. Si ou pa le gagn kritik, aret fane. Au lieu d’essayer d’étouffer les critiques, il ferait mieux de mettre des gens compétents aux postes à responsabilités. Beaucoup d’aspects de ce texte de loi posent problème. Parmi : l’Indendent Broadcasting Review Panel composé de trois personnes nommées par le Premier ministre. Vu la manière dont se comportent les nominés politiques, personne ne fera confiance à une instance qui jouit d’un grand pouvoir. Il y a un réel danger. Les pénalités administratives constituent un autre arsenal mis à la disposition de l’IBA pour museler les radios, tout comme les licences de diffusions renouvelables chaque année. Au MMM, nous condamnons fermement ces amendements. »


Shakeel Mohamed, député du PTr : «C’est un abus de pouvoir»

shakeel«  Ces amendements me font penser au Newspapers & Periodicals Bill que sir Anerood Jugnauth avait proposé et contre lequel le père Souchon et d’autres personnalités s’étaient insurgés. Le sujet central reste la liberté de la presse et la volonté intrinsèque de vouloir dicter ce qui peut être dit et ce qui ne doit pas être dit. On continue à conférer de plus en plus de pouvoir au Premier ministre (PM) . La composition de l’Independent Broadcasting Review Panel sera décidée par lui. Les membres seront dépendants de lui pour continuer à y siéger et décider de la survie ou non d’une radio privée. Toute décision prise par le panel ou l’IBA pourra être exécutée même si l’opérateur fait appel de cette sanction en cour. C’est une violation du principe sacrosaint qui est de donner le temps au juge de décider si une sanction est justifiée ou non. De plus, ceci est connecté au renouvellement ou non d’un permis de diffusion. Le but est de faire marcher les radios privées sur la fine ligne tracée par le PM. C’est un abus de pouvoir. »


Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service Unions : «On étouffe la liberté d’expression»

narendranath« Ici, la décision d’infliger une sanction et de sa nature dépendra de l’humeur de l’IBA. Il est question d’amendes pouvant aller jusqu’à Rs 500 000. Cela ne peut pas dépendre de l’humeur de l’autorité. C’est une façon d’étouffer la liberté d’expression. Veut-on devenir le pays autocrate de l’océan Indien ? Les radios privées devront-elles s’aligner sur la MBC ? Le gouvernement doit accepter les critiques. Quand les gens s’expriment sur les radios, ils ne parlent pas pour rien. S’il n’y avait pas de liberté d’expression et de presse libre, comment aurions-nous su les transactions qui ont eu lieu durant le premier confinement ? Je vois aussi que l’IBA pourra imposer une pénalité à tout opérateur refusant de donner des informations confidentielles. Donc, si une information ne plaît pas au pouvoir, l’IBA pourra exiger que la radio divulgue ses sources. Mais où va-t-on ? »  


Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien :  «On verrouille l’espace audiovisuel»

nando« On verrouille l’espace audiovisuel en donnant à l’IBA  un arsenal juridique pour réglementer le fonctionnement des radios libres. L’audiovisuel joue un rôle extrêmement puissant aujourd’hui, car les radios libres sont devenues la voix du peuple par rapport aux grands enjeux démocratiques. La priorité, selon moi, est de libéraliser les ondes avec l’avènement des télés privées. Dans les  amendements dangereux, je vois aussi que l’IBA pourra mettre en place des codes d’éthique, de pratique, un Code of Advertising Practice et tout autre code qu’il souhaite. L’opérateur sera obligé de s’y plier. Demain, il peut donc imposer un temps de publicité par heure et empêcher de la publicité durant certaines heures ou émissions. Quand on réglemente les revenus possibles d’une radio, cela risque de l’étouffer. Cela va très loin. Cela touche à l’existence même des radios. »


Ashok Subron, de Rezistans ek Alternativ : «On impose l’autoritarisme»

ashok« Donner le pouvoir de sanction à une institution, dont les membres sont nommés de manière douteuse et très partisane, au lieu de passer par une cour de justice est une ligne qu’il ne faut pas franchir. Ce n’est pas le rôle de l’IBA. Le gouvernement veut étendre ses pouvoirs, surtout en ce moment où la liberté d’expression est menacée sur tous les fronts. Cela entre dans un contexte de réflexe autoritaire qui se développe ces derniers temps par ce régime. Ce n’est pas quelque chose d’isolé. Au lieu de s’attaquer à la racine des problèmes sociaux, il impose l’autoritarisme. »


Radhakrishna Sadien, président de la State & Other Employees Federation : «Une grave menace à la démocratie» 

radhakrishna« Ces amendements constituent une grave menace à la démocratie. La licence des radios passera de trois ans à un an. Ce n’est pas correct, car c’est une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Les radios privées sont essentielles à la démocratie. Sans elles, beaucoup d’informations ne sortiraient pas. L’IBA pourra décider seule des sanctions et de leur montant jusqu’à Rs 500 000, alors que son Board n’est pas indépendant. Il suffit de voir comment la MBC se comporte pour comprendre. Avec ces amendements, on met des outils entre les mains des politiques pour jouer avec la démocratie. Ce n’est pas à l’IBA de décider de sanctionner mais à la cour. La variété du paysage audiovisuel nous permet d’avoir des opinions réfléchies. » 

 

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