Tout récemment, certains analystes craignaient que le cours du baril de pétrole Brent n’atteigne 200 dollars. Cependant, il était à 107 dollars le jeudi 14 avril et était même redescendu en dessous de 100 dollars en début de semaine. Quelle est votre analyse de cette évolution ?
C’est une tendance baissière qui se dessine. À vrai dire, c’est un phénomène normal. Le prix du pétrole à l’international est arrivé à un point où il s’auto-corrige. Une baisse de la demande cause ce rééquilibrage. Une partie de la consommation, et donc de la demande, a disparu en raison du niveau élevé du prix, qui avait atteint un pic récemment. L’expérience que nous avons vécue dans le passé se traduit ainsi : arrivé à un seuil où, d’un côté, la consommation se rétracte et, de l’autre, la production marginale est relancée, le prix du pétrole se stabilisera autour d’une nouvelle médiane, légèrement en dessous du prix moyen d’avant. Ce sont les fondamentaux de l’offre et de la demande qui seront déterminants. Des phénomènes externes comme la guerre entre deux pays peuvent avoir une influence temporaire.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a revu ses prévisions de demande mondiale de pétrole à la baisse pour 2022. Est-ce un facteur qui pourrait influencer le prix ?
Cela va certainement influencer le prix. Les projections sont basées sur les prévisions de la demande, qui dépend de l’activité industrielle utilisant le pétrole. Les prévisionnistes utilisent différents indicateurs pour faire des estimations, mais il est difficile de prédire l’évolution avec certitude. Il y a eu tellement de changements. La situation est dynamique et il n’y a rien de plus volatile que le cours du pétrole.
Parlons de la situation locale. Est-ce au ministère du Commerce que revient la responsabilité d’éviter que la State Trading Corporation (STC) n’augmente à nouveau les prix des carburants à Maurice ?
La STC est un « collecting agent » pour le gouvernement et la Mauritius Revenue Authority. C’est l’État qui décide de la taxation des produits pétroliers vendus dans le pays. On va simplement jouer sur le montant des taxes imposées sur les carburants qui, faut-il le rappeler, sont très lourdement taxés. Dans l’éventualité que la décision soit prise de maintenir ou de baisser les prix des carburants à Maurice, il suffit simplement de tourner le bouton. La STC a une bonne marge de manœuvre et est crédible auprès des banques en tant qu’organisme public. Selon la loi, le ministre du Commerce a le pouvoir de décision sur la STC. C’est lui qui approuve son budget et la nomination de son CEO.
Dans quelle mesure est-ce qu’un montant de Rs 4 milliards, avancé ces jours-ci, pourrait permettre d’absorber toute hausse des prix des carburants sur le marché local ?
Le bruit qui court sur le montant de Rs 4 milliards est une mascarade. Les prix des carburants peuvent être ajustés à n’importe quel moment et être décrétés par le ministre du Commerce. Ce n’est pas de la magie. Il existe un « cover approval » pour le montant de crédit à découvert qui peut être utilisé. Le « pricing mechanism » prévoit également un « price stabilization fund » alimenté par les excédents de recette. La formule existe. Il faut juste déclencher le mécanisme.
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