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Meetings nationaux - Foule : la guerre des chiffres 

Jocelyn Chan Low et Faizal Jeerooburkhan Jocelyn Chan Low et Faizal Jeerooburkhan

Si la bataille des foules a bel et bien eu lieu, nul ne souhaite avancer de chiffre, préférant jouer la carte de la prudence. Seuls les état-majors politiques, trop contents de se vanter d’avoir remporté la bataille, se sont aventurés à en donner. 

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Ni la police ni les services de renseignement ne veut officiellement fournir de chiffres sur la taille de la foule présente à chacun des meetings nationaux du dimanche 3 novembre 2019. Ce sont seulement les états-majors qui ont donné une estimation. 

Celui de l’Alliance Morisien soutient qu’au moins 27 000 personnes ont assisté au meeting national à Vacoas. « Cela démontre que l’Alliance Morisien à lui seul a une avance considérable sur ses adversaires », explique un des organisateurs. 

Sentiment de satisfaction tout aussi palpable du côté de l’Alliance Nationale. Un des dirigeants du comité organisateur affirme que celle-ci a pu convaincre plus de 15 000 personnes qui sont venues écouter les discours du leader et d’autres membres du bloc politique. Selon lui, la pluie battante à Quatre-Bornes a poussé certains activistes à rentrer chez eux ou à se cacher. 

Au niveau du Mouvement militant mauricien, on explique qu’il n’est nullement nécessaire d’avancer de chiffre. « Toute la population peut voir que nous avons attiré la plus grosse foule. Nou finn touf sa 2 sipoze lalians la. Nou pa bizin al lager ek zot. Nou kone kisann la ena soutien bann Mauriciens », explique un dirigeant mauve.

Un observateur politique sur Facebook affirme que les trois partis politiques n’ont réuni que 25 000 personnes. Soit un très faible pourcentage des 941 719 électeurs qui sont appelés à se rendre aux urnes le jeudi 7 novembre. 

Pour l’observateur politique Jocelyn Chan Low, la stratégie de l’Alliance Morisien était d’affaiblir le MMM. Selon lui, c’est pour cette raison qu’ils ont recherché le soutien d’anciens mauves comme Steven Obeegadoo, Francoise Labelle et Alan Ganoo. « Cependant cette stratégie a eu l’effet contraire. Ils ont poussé le MMM à se reconstruire. Ce MMM version 2019 a réussi son pari de faire revenir les militants. L’Alliance Morisien voulait puiser dans l’électorat du MMM pour rivaliser avec l’Alliance Nationale. Mais elle se retrouve finalement en face d’un nouveau challenger », explique Jocelyn Chan Low.

Dans le cas de l’Alliance Nationale, l’observateur politique est d’avis que c’était une foule attendue avec une alliance d’alliés naturels. « À Quatre-Bornes, ce n’est pas le nombre qui était important mais plutôt le message. Il y a eu un message virulent contre le MSM-ML. Navin Ramgoolam a demandé de ne pas donner de vote de sympathie à ses adversaires », explique l’observateur. 

Faizal Jeerooburkhan, de Think Mauritius, est d’avis que les trois blocs ont tous obtenu une « foule honorable » avec un petit avantage pour le MMM qui a démontré plus d’enthousiasme. Il précise néanmoins que le mauvais temps a joué les trouble-fête à Vacoas et  à Quatre-Bornes, là où les deux alliances tenaient respectivement leur meeting national. 

L’observateur concède que chacun a pu mobiliser sa foule. Mais il prévient que c’est loin d’être suffisant pour analyser la situation et jauger qui remportera ces élections. « Ce sont les indécis qui pèseront dans la balance. Ceux qui ont fait le déplacement dimanche sont acquis aux partis politiques. Ceux qui ont déjà décidé de voter pour la formation politique pour laquelle ils se sont déplacés. La masse silencieuse est de 40 % à 45 %.»

Il explique que si nous étions 10 à 15 ans de cela, nous aurions eu une grosse foule. « Aujourd’hui, avec les moyens de communication et les réseaux sociaux, le citoyen lambda ne se sent plus obligé de se déplacer pour écouter les discours des leaders politiques. » Selon lui, une chose est sûre : il y a eu une démonstration de force du MMM. « Il a demontré qu’il n’est pas un figurant mais un vrai challenger dans ces élections. Ce n’est que maintenant que la véritable lutte à trois commence », conclut-il.

La police : «Il appartient aux partis de faire leur estimation»

L’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office précise que la police ne fait plus d’estimation sur le nombre de personnes que les partis attirent aux rassemblements politiques. « Je ne peux vous dire combien de gens les partis respectifs ont réuni car la police ne fait plus cet exercice. Nous laissons le soin aux partis de faire eux-mêmes leur estimation. Il y avait une perception de parti pris quand la police donnait les chiffres autrefois », a fait ressortir l’inspecteur.

 

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