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Médicaments subventionnés ou gratuits : quelles implications ?

Ashwin Dookun, président du Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM).

Alors que le gouvernement et l’opposition multiplient les promesses électoralistes, des voix s’élèvent pour dénoncer une surenchère politique dangereuse. 

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«C’est une surenchère politique très dangereuse à laquelle nous assistons. Il y a une véritable compétition entre l’alliance du pouvoir et celle de l’opposition », affirme Faizal Jeerooburkhan, membre de Think Mauritius. Selon lui, ces mesures ont pour objectif de récolter des votes grâce à des promesses électoralistes. « Ces annonces plairont certainement aux bénéficiaires et apporteront un soulagement à ceux dans le besoin. Mais il faut aussi considérer le côté négatif de la situation », ajoute-t-il.

Faizal Jeerooburkhan soulève ainsi de nombreuses interrogations, notamment sur la manière dont le prochain gouvernement financera ces dépenses et sur les répercussions économiques potentielles. « Est-ce que notre économie peut supporter de telles largesses, ou en pâtira-t-elle ? Où le gouvernement trouvera-t-il les fonds nécessaires ? » s’interroge-t-il. Pour lui, il ne fait aucun doute que ces financements proviendront de l’argent des contribuables.

Promesses irréalistes ?

Ashwin Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), rejoint cette critique, qualifiant la proposition de médicaments gratuits pour les patients de « tentative de leurrer la population ». Il reproche à l’opposition et au gouvernement d’avoir fait une telle promesse. « Les médicaments sont déjà disponibles gratuitement dans les hôpitaux publics. Dire qu’ils seront aussi offerts gratuitement dans les pharmacies privées va encore plus grignoter le ‘mark-up’ des officines », explique-t-il.

Impact sur le secteur pharmaceutique

« Certains n’ont pas besoin de ces facilités. Ce n’est pas justifié d’accorder des médicaments à tout le monde sans distinction », soutient Faizal Jeerooburkhan. Selon lui, comme cela a été proposé pour la pension de vieillesse, il serait plus judicieux de cibler les bénéficiaires de ces mesures. Il préconise également cette approche pour d’autres domaines comme l’éducation et les services médicaux, afin de réduire la pression sur les finances publiques.

Stratégie à revoir

De son côté, Ashwin Dookun estime que ces mesures pourraient menacer la viabilité des entreprises, en particulier des pharmacies. « Les pharmacies sont des entreprises qui visent à faire des profits. On ne lance pas une affaire après des années d’études pour faire du social à ce point. Les pharmacies offrent un service, mais elles ne sont pas là pour faire du social », déclare-t-il.

Dr Shafick Osman : «Le PM a mis K.O. l’Alliance du changement»

Le politologue Dr Shafick Osman estime que les mesures de l’Alliance du changement « étaient de bonnes initiatives, mais leur impact n’a duré que 24 heures en raison d’un mauvais timing ». L’annonce avait eu lieu lors de la conférence de presse du 28 septembre.

Avec les élections générales imminentes, cette surenchère politique était attendue. « En période préélectorale, il était inévitable que le chef du gouvernement adopte un discours politique, surtout après les annonces de l’opposition concernant les personnes âgées. Il a politiquement mis K.O. l’Alliance du changement », affirme-t-il.

Ne se considérant pas économiste, le Dr Shafick Osman préfère ne pas se prononcer sur la viabilité des mesures. « J’avais entendu des promesses similaires en 2005 avec le transport scolaire gratuit, et en 2014 avec l’augmentation des pensions. Pourtant, l’économie ne s’est pas effondrée », conclut-il.

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