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Me Siddhartha Hawoldar : «le Gentlemen’s Agreement laisse présager que quelque chose n’est pas clair»

La révocation de Vikram Hurdoyal reste d’actualité. Ayant suscité de nombreuses spéculations, alors que le Premier ministre a affirmé qu’il n’y aurait pas de commentaires suite à un accord mutuel entre les deux hommes. Est-ce acceptable dans une démocratie ? C’est le thème abordé par Prem Sewpaul et ses invités dans l’émission Au Cœur de l’Info, sur Radio Plus jeudi.

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Le Premier ministre a-t-il un devoir de transparence ? Me Siddhartha Hawoldar explique qu’en tant qu’un Premier ministre et un ministre occupant un portefeuille important, il ne peut y avoir d’accord pour ne pas divulguer les raisons lorsqu’il y a une révocation qui est quelque chose d’hors norme et qui nécessite une explication.

«Je ne comprends pas cette affaire de gentlemen’s agreement. Cela présage que quelque chose n’est pas clair. Quel est le trade-off qu’ont fait les deux? Cela peut être perçu que Vikram Hurdoyal a des révélations sérieuses contre le gouvernement et le Premier ministre, dispose aussi des informations sur lui. C’est un peu comme ‘to pa sali moi, mo pa sali toi’», déclare l’avocat, faisant allusion au cas de Sherry Singh où il n’y a pas eu d’accord avec pour conséquences  des attaques mutuelles. 

Transparence

Il fait aussi référence au fait que le Premier ministre n’a aucun devoir de venir expliquer les raisons qui ont motivé la révocation de son ministre. Toutefois, il estime que ce silence n’est pas sans conséquence, tant sur le plan politique, qu’au niveau de l’opinion publique et même des médias. Il est d’avis que «le synonyme de la démocratie, c’est la transparence».

Plaidant pour la transparence, il estime que le Premier ministre a voulu envoyer un signal fort à l’aube des élections générales. «Le PM a voulu marquer un point. Il a voulu donner un avertissement qu’il est fort et qu’il prendra des décisions», estime Me Siddhartha Hawoldar, en évoquant le fait que même si Vikram Hurdoyal est le «golden boy» du No 10, il  a quand même été révoqué.

Me Parvèz Dookhy, docteur en droit, revient sur la question de la prérogative du Premier ministre. «Le PM a des pouvoirs. Lui seul prend des décisions. Prérogative ne veut pas dire arbitraire. C’est discrétionnaire. Certes, il y a un vide juridique mais dans le principe démocratique, le PM et le gouvernement sont redevables devant le Parlement et le peuple», souligne-t-il.

Il pense, par ailleurs, que la marge de manœuvre de Pravind Jugnauth est réduite sur le plan politique. Me Parvèz Dookhy avance que le mandat du gouvernement expire en novembre 2024 et que le gouvernement dispose de 240 jours pour la tenue des élections partielles.

«C’est risqué d’organiser des élections partielles. Rien n’est gagné d’avance en politique comme en football. Ce n’est pas dans son intérêt et celui des trois partis de l’opposition de donner des partielles. Peut-être qu’ils tomberont sur un accord pour basculer vers des élections générales. Cela réduira le temps de Pravind Jugnauth», présume notre interlocuteur.

Me Sunil Bheeroo affirme, pour sa part,  que c’est la prérogative du Premier ministre de ne pas donner les raisons de la révocation. «Le PM dans sa sagesse l’a rencontré. Ils sont tombés sur un accord. Cela montre le respect entre les deux hommes», avance ce dernier en précisant que le chef du gouvernement n’a pu prendre une décision « à la légère».

Selon lui, Vikram Hurdoyal semble «saturé et avoir le ras-le-bol» et a envie de se concentrer sur sa famille. Il croit aussi que Pravind Jugnauth a affirmé son «leadership». «Il a pris une décision et l’assume. S’il y a des élections partielles, il y aura un candidat du MSM pour montrer sa force», est d’avis Me Sunil Bheeroo. 

Victime collatérale

À ses dires, c’est le leader des rouges Navin Ramgoolam qui peut être «une victime collatérale». «Il a tout à perdre. Il y a une démission dans la circonscription où il n’a pu se faire élire à deux reprises. Il a une obligation d’être candidat. Sauf qu’il n’a pas de circonscription sûre. S’il change de circonscription, ce sera un signe de faiblesse et un mauvais signal», soutient-il.

Les partis traditionnels

Selon Me Sunil Bheeroo, «les personnes sont toujours attachées aux partis traditionnels». «Les partis traditionnels vont s’affronter lors des prochaines élections. Les autres ont leur place et militent d’après leurs convictions mais la réalité à Maurice est autre», dit-il.
 

 

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