Interview

Me Siddartha Hawoldar : «La sextorsion a été fatale pour Husein»

Il dit ne pas s’étonner que Husein Abdool Rahim soit revenu sur ses allégations à l’égard de Ravi Yerrigadoo et des autres. La raison ? Me Siddartha Hawoldar est catégorique : accusé de sextorsion par son ex, il s’est senti acculé, perdu et s’est rétracté.

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« Le leadership du PTr n’est aucunement lié à la partielle au no 18 »

Les débats vont bon train quant à savoir si un Mauricien peut parier à travers Bet365. Dites-nous en plus…
Aucun Mauricien ne peut miser à travers Bet365, qui opère en Grande-Bretagne. Seuls les Britanniques (Anglais et Irlandais) ou ceux qui détiennent un passeport britannique peuvent le faire. Un détenteur d’un compte Bet365 peut parier sur les courses au Champ-de-Mars à Maurice.

Husein Abdool Rahim a pourtant affirmé à ses amis qu’il avait un compte chez Bet365 avec quelque deux millions d’Euros. Comment se fait-il ?
Husein Abdool Rahim n’a aucun compte chez Bet365. À moins qu’il n’ait demandé à quelqu’un d’éligible de l’ouvrir à son nom. Les règlements de Bet365 sont clairs à ce sujet. Pas d’étranger, sauf ceux qui y sont éligibles. Point barre.

Pourtant, Husein Abdool Rahim a des lettres et des reçus à l’effet qu’il détient un compte à son nom chez Bet365, avec une forte somme d’argent qui y est créditée…
C’est une escroquerie. Pourquoi ? Tout simplement parce que Bet365 ne va jamais permettre qu’une telle somme, soit environ Rs 80 millions, dorment dans ses tiroirs en attendant que le récipiendaire touche cet argent, même si Bet365 peut payer par millions à un parieur s’il détient un ticket gagnant.

Bet365 peut-elle accepter d’aussi gros paris, au risque de devoir payer cash en cas de gagnants ?
Bet365 n’accepte pas des paris dépassant 2 000 livres sterling, soit Rs 60 000, sauf dans des cas exceptionnels. Normalement, Bet365 passe par un trader, qui accepte des mises allant jusqu’à 500 livres sterling, soit Rs 15 000 par pari.

Et si Husein Abdool Rahim, sur un compte agréé chez Bet365, avait accumulé dans le temps les 2 millions d’euros qu’il dit détenir chez Bet365 ?
Il est facile de vérifier une telle chose. Et c’est impossible. Il ment. Sinon, pourquoi tant de tergiversations de sa part pour aller toucher ses gains ? Il a mené tout son monde en bateau. C’est le propre d’un homme poursuivi pour escroquerie.

Venons-en à l’ex-Attorney General. A-t-il tenté de parier chez Bet365 à travers Husein Abdool Rahim ?
Je suis sûr que Ravi Yerrigadoo n’a pas tenté de parier quoi que ce soit. Cela n’a aucun sens.

Pourquoi une telle certitude ? Parce que vous partagez la même couleur de robe ?
Ce n’est pas parce qu’on est tous deux avocats que je me bats pour notre chapelle. Posons-nous la question : pourquoi un Attorney General se risquerait-il dans un tel processus ? Pourquoi mettre tout le fardeau sur le bureau de l’Attorney General ?

Selon Husein Abdool Rahim, dans son affidavit et dans sa déposition aux policiers, il aurait voyagé pour aller ouvrir des comptes bancaires pour ses amis que sont Ravi Yerrigadoo et Sylvio Sundanum…
Husein Abdool Rahim a bien voyagé, mais aux frais de Sa Majesté. C’est le modus operandi de tout escroc patenté. Il sait qu’il n’a aucun compte chez Bet365, mais il a eu un chameau pour mont da-dac en la personne de Sylvio Sundanum, et il en a profité.

Et les reçus de Bet365 ?
Husein Abdool Rahim les aurait fabriqués. Les ordinateurs existent pour cela.

Husein Abdool Rahim traîne des casseroles d’escroquerie. Quelle crédibilité les divers protagonistes lui ont-ils donnée ?
Husein Abdool Rahim est un metteur en scène. Ravi Yerrigadoo s’est laissé malmener, embêter et duper. Idem pour les autres protagonistes de l’affaire Bet365.

Pourtant, Ravi Yerrigadoo et Dick Kwan Tat sont des hommes en noir…
(Rires) Les deux compères se sont fait avoir comme des gamins et par les belles paroles de Husein Abdool Rahim. La tactique de Husein est identique à celle utilisée par les Nigérians à travers le Net. Ils vous font miroiter des sommes astronomiques qu’ils ne peuvent décaisser de leur pays et vous promettent un énorme pourcentage en retour, si vous le faites pour eux.

« Une commission d’enquête émule le système de juge d’instruction »

Bet365 exige-t-il un certificat de moralité ou alors une lettre authentifiant qu’un gagnant ne traîne aucune casserole juridique avant de le payer ?
Bet365 paie sur présentation du ticket gagnant, peu importe qui le présente au guichet. C’est comme au casino : vous gagnez, vous touchez. Point à la ligne. L’argent n’a ni odeur ni couleur, dit-on.

Un Attorney General peut-il donner une lettre de recommandation à un individu ?
Ravi Yerrigadoo a voulu aider Husein Abdool Rahim à travers son ami Dick Kwan Tat. L’ex-Attorney General aurait dû avoir un devoir de réserve.

Est-ce illégal d’offrir une telle lettre à en-tête du bureau de l’Attorney General ?
La lettre, même à en-tête du bureau de l’Attorney General, n’est pas illégale. Que dit la lettre ? Selon ce que je sais, c’est qu’elle dit à Bet365 qu’il n’y a aucune objection pour qu’on paie ce qui est dû à Husein Abdool Rahim. Ravi Yerrigadoo précise cela : « You may contact me personally ». Donc, il se porte personnellement garant pour Husein Abdool Rahim, pas le bureau de l’Attorney General.

Selon votre lecture des choses, Ravi Yerrigadoo n’a commis aucune entorse ?
Si l’ex-Attorney General a commis une entorse, c’est la même que celle faite par une haute personnalité de l’État. C’est pour cela que je persiste à dire qu’il n’y a aucune entrave juridique. Ce qu’a fait Ravi Yerrigadoo, autant que cette personnalité, n’est pas illégal. Mais, it’s improper. Il faut toujours effectuer le concept KYC (Know Your Client). Ce que n’a pas fait Ravi Yerrigadoo. D’ailleurs, la lettre de recommandation remise à Husein Abdool Rahim n’a jamais été utilisée. Puis, elle n’avait pas sa raison d’être.

Un regard sur la façon dont la presse a géré l’affaire ?
Il y a eu une perte de subjectivité totale, une perte de vue, où commence la responsabilité du journaliste et à quel point il doit se désister. Les repères ont été bafoués. Un vrai journaliste d’investigation a le devoir d’informer et non de traquer ou de préparer un dossier pour le Directeur des poursuites publiques (DPP).

Les journalistes ayant eu un tel scoop pouvaient-ils passer outre ?
Dans un orchestre, chacun a une fonction distincte. Mais, quand un flûtiste joue au banjo, au lieu d’avoir une symphonie, on se retrouve avec une vraie cacophonie. Dans l’affaire Bet365, tous les protagonistes ont joué un rôle qui n’est pas le leur. Chacun a usurpé le rôle de l’autre.

Ce qui a étonné plus d’un, c’est qu’après avoir juré un affidavit clouant au pilori l’ex-Attorney General, Husein Abdool Rahim s’est rétracté pour affirmer le contraire, en entraînant ceux qui ont cru en lui. Quelles explications…
Il faut toujours faire attention avec les témoignages d’un escroc présumé. Il faut les prendre avec une grosse pincée de sel, voire un gros sac si besoin est. La possibilité de fabulation est accentuée, surtout si Husein Abdool Rahim a un agenda. Il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce qui émane de la bouche de Husein. Il y a des risques qu’il refasse volte-face.

Pensez-vous que Husein Abdool Rahim s’est laissé acheter pour revenir sur sa version originale de son affidavit, quitte à se faire pincer par la justice ?
Le genre de personnes comme Husein Abdool Rahim n’est pas fiable. Il a des motivations qui peuvent le conduire à changer de casaque. Il est guidé par un farouche instinct de survie, d’égoïsme. Peut-être qu’il peut se laisser soudoyer pour changer casaque. Un escroc, fut-il présumé, ferait une mise en scène pour toucher le magot. Il est prêt à détourner la vérité pour en dériver des avantages personnels. Il faut se méfier de lui.

Est-ce un Sheik Hossen Revisited ?
Sheik Hossen était plus sophistiqué et raffiné que Husein Abdool Rahim. Il était un psychopathe compliqué. Avec Husein Abdool Rahim, on a affaire à un amateur, pas à un psychopathe avec une facilité aiguë de fabuler et de leurrer ceux qu’il approche.

Quel a été le poids des allegations de sextorsion à l’égard de Husein Abdool Rahim par sa copine Joëlle ?
Ces allégations de sextorsion contre Husein Abdool Rahim ont été le déclencheur poussant le présume accusé à se rétracter. Il y a d’autres catalyseurs, mais les allégations de sextorsion ont été fatales à Husein. Les avocats, la presse et autres ont immédiatement pris leurs distances de cet homme qui les manipulait.

Un autre volet de cet entretien concernera la suggestion du DPP d’introduire le système du juge d’instruction à Maurice. Êtes-vous pour ce concept judiciaire français ?
Un juge d’instruction a les pleins pouvoirs pour enquêter et chercher des preuves par un processus d’interrogation. C’est le modèle inquisitoire. À l’opposé, il y a l’adversial system, soit quand il y a collision entre la défense et la poursuite et c’est de là que jaillit la justice.

Un exemple concret ?
Prenons la Commission sur la drogue, l’ex-juge Paul Lam Shang Leen agit comme un juge d’instruction en parlant directement aux témoins. Une commission d’enquête émule le système de juge d’instruction.

Êtes-vous pour le système de juge d’instruction ?
Personnellement, je suis partisan du système britannique, à l’opposé du système français. Ces deux écoles de pensée proposent différentes approches et méthodologies, et sont à l’opposée l’une de l’autre. L’un est un common law system et l’autre un continental one.

Changeons de cap et dirigeons-nous à Belle-Rose/Quatre-Bornes pour la partielle. Votre lecture ?
Une partielle au no 18 est un exercice inutile et insolite provoqué par un concours de circonstances politiques et qui, malheureusement, a l’allure de devenir un baromètre politique pour indiquer ponctuellement qui seront les grands champions qui joueront la finale aux prochaines législatives.

La démocratie a, toutefois, un prix, vous en conviendrez…
Une partielle est un mal nécessaire pour une démocratie, mais le dénouement aura un effet négligeable, politiquement parlant.Ce sont les contribuables qui devront casquer.

Pensez-vous que le gouver-nement devrait aligner un candidat ?
Vu l’émergence de cette joute, le MSM joue la carte de la sécurité et ne pose pas de question à l’électorat quant à sa performance au gouvernement.

Vous avez un favori, valeur du jour ?
Le favori, as at now, est Arvin Boolell, parce que c’est un homme non-controversé et à l’abri des scandales, un M. Propre, qui quitte ses villages pour charmer les citadins.

Et Roshi Bhadain ?
La candidature de Bhadain est d’humeur « badine ». Il continue sa lutte, comme Don Quichotte qui s’acharne contre des ennemis visibles et invisibles. Il fonce à vive allure, comme le Metro Express, sans savoir où est la prochaine gare.

La question se pose sans cesse sur le leadership du PTr. Est-ce qu’en envoyant Arvin Boolell au no 18 pour la partielle, Navin Ramgoolam ne se débarrasse pas d’un candidat à la tête des rouges ?
Je ne pense pas que Navin Ramgoolam ait le désir de piéger Arvin Boolell. Je suis d’avis qu’il a judicieusement choisi son candidat en évaluant ses chances réelles de gagner. Le leadership du PTr n’est aucunement lié à la partielle au no 18.

À quoi, alors, est-elle liée ?
Cet épineux problème de leadership au PTr devrait être résolu dans d’autres instances. C’est l’électorat travailliste qui devra intervenir pour se prononcer sur l’avenir et le leadership du PTr par un processus démocratique.

 

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