La République de Maurice se retrouve dans une position plus forte. C’est l’avis de Me Robin Mardemootoo, avoué du Groupe Réfugiés Chagos (GRC). Même si le camp mauricien redoutait la puissance du lobbying des adversaires, il était confiant en une victoire.
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« Une honte absolue pour la Grande-Bretagne. Et maintenant, elle a une pression énorme sur elle »
La résolution pour demander au Royaume-Uni de retourner la souveraineté de l’archipel à Maurice a obtenu un plus grand nombre de votes qu’en 2017 devant les Nations unies. Cette victoire est-elle logique ?
Oui, victoire logique pour nous. En 2017, Maurice n’avait qu’une revendication. Aujourd’hui, après l’avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ), ce n’est plus une revendication. La CIJ ayant constaté la violation des droits de Maurice par le Royaume-Uni, Maurice se trouve désormais dans une position différente, beaucoup plus forte.
Est-ce que vous vous attendiez à autant de votes en faveur de Maurice et aussi peu en faveur de la Grande-Bretagne ?
Non. Car je redoutais la puissance du lobbying des États-Unis et du Royaume-Uni.
Que traduit cet échec cuisant sur le plan international pour la Grande-Bretagne et son allié, les États-Unis ?
Une honte absolue pour eux. Et maintenant, elle a une pression énorme sur elle.
À l’époque, 94 pays avaient voté pour, 15 avaient voté contre et 65 s’étaient abstenus. Cette fois, 116 pays ont voté pour, seulement six ont voté contre et 56 se sont abstenus. Qu’est-ce qui explique ce changement ?
Le changement de statut de Maurice intervient après que la CIJ a reconnu qu’elle était une victime du Royaume-Uni.
Les pays scandinaves et nordiques ont voté d’un même accord. En 2017, la totalité s’était abstenue. Mais mercredi, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède ont changé d’avis et voté en faveur de la résolution. Pourquoi ce changement, selon vous ?
Les pays scandinaves et nordiques ont toujours démontré qu’ils avaient plusieurs longueurs d’avance sur les autres en matière de mentalité. Regardez la façon dont ils sont gouvernés. Ce sont des gens extraordinaires.
Quel devrait être la prochaine étape ?
Nous devons augmenter la pression sur les Anglais et les Américains en exploitant l’avis consultatif et la dernière résolution devant toutes les instances nécessaires. Et faire du lobbying ciblé sur le président des États-Unis, Donald Trump.
Est-ce que la com-munauté chagosienne, dont vous êtes l’avoué, compte enclencher d’autres démarches juridiques suite à cette résolution ?
Oui, nous étudions plusieurs initiatives pour définir la marche à suivre.
Comment expliquer que la Grande-Bretagne ne change pas sa position ?
D’abord, elle a été prise de court et il lui faut maintenant du temps pour la suite. Ensuite, il y a la mauvaise foi de ses dirigeants.
La démission de la Première ministre Theresa May aura-t-elle une incidence ?
Je l’espère bien.
Sur la question chagos-sienne, le leader de l’opposition Jeremy Corbyn a une position très favorable à Maurice. Vous pensez qu’il a réellement l’intention de mettre en application la résolution, si le Parti Travailliste accède au pouvoir ?
Jeremy Corbyn a été un ami des Chagossiens et un allié pendant plus de 20 ans. Je ne pense pas qu’il deviendra Premier ministre, mais s’il accède à ce poste, il va sans doute régler le problème.
Est-ce que vous comprenez la position de Maldives qui est l’un des six pays qui a voté contre Maurice ?
Ses dirigeants ont dû, sans doute, recevoir une grosse incitation financière.
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