
Avec 1 600 dossiers actifs, la Financial Crimes Commission fait face à un « monstre à plusieurs têtes ». Me Richard Rault, un des commissaires commissaire de l’instance qui était vendredi sur le plateau d’Au Cœur de l’Info, a détaillé saisies record, pratiques de blanchiment et failles institutionnelles qui compliquent la traque des crimes financiers.
Pas moins de 1 600 dossiers actifs. Alors que la Financial Crimes Commission (FCC) remonte et neutralise certains réseaux, d’autres surgissent aussitôt, selon l’un de ses commissaires. Me Richard Rault s’exprimait, vendredi, sur Radio Plus, lors de l’émission « Au Cœur de l’Info », animée par Ashna Nuckcheddy Rabot, aux côtés de l’ex juge Vinod Boolell. L’ancien président de la Mauritius Information & Technology Industry Association, Dev Sunnasy et l’avocat Rama Valayden sont également intervenus. Le débat portait sur la question suivante : la FCC dispose-t-elle des moyens nécessaires pour lutter contre les crimes financiers et le blanchiment d’argent ?
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Pour Me Rault, la criminalité financière « est un monstre à plusieurs têtes ». « À mesure que nous avançons dans les enquêtes, on découvre d’autres aspects », a-t-il expliqué, soulignant l’ampleur et la complexité du phénomène.
Le commissaire avance que, toutes actions confondues, les montants saisis atteindraient déjà plusieurs centaines de millions. « 750 millions ont été saisis », a-t-il affirmé. Cela sans compter le Reward Money et les centaines de millions de roupies récupérées grâce aux saisies de biens. Il estime par ailleurs que la somme allouée au Reward Money pourrait dépasser les Rs 250 millions, « car à mesure que nous approfondissons les enquêtes, d’autres éléments apparaissent ».
Me Rault a aussi souligné les limites opérationnelles de la FCC : l’absence d’accords de coopération (Mutual Legal Assistance) avec certains pays complique la traçabilité des fonds et rend la tâche de la commission plus ardue pour suivre le « money trail ».
Mécanismes de blanchiment
Le commissaire a détaillé une pratique connue : certains, pour blanchir leur argent sale, acceptent de « perdre » une part pour réintroduire le reste dans le circuit légal. « Ils acceptent de perdre Rs 400 000 sur Rs 1 million, mais parviennent à blanchir les Rs 600 000 restantes. Ils gagnent à tous les coups », a t il expliqué.
L’ex juge Vinod Boolell a soulevé des questions concernant les contrôles bancaires et les procédures de paiement. « Comment la Banque de Maurice n’a t elle pas déclenché de signaux d’alerte pour des retraits de l’ordre d’un million de roupies par jour liés au Reward Money ? Et si c’est le ministère des Finances qui ordonne ces paiements, comment l’ex Commissaire de police peut il prétendre ne pas être informé des transactions alors qu’il est censé les signer ? Signer sans savoir, est ce acceptable ? » s’est-il interrogé.
Me Rama Valayden a, lui, dénoncé la mise en scène médiatique autour de certaines opérations. « Il faut agir comme en Italie : arrêter tous ceux qui sont mêlés en même temps, sans leur laisser le temps de réagir. C’est du cinéma. Bientôt, on aura chez nous une prison hi tech avec télé, jacuzzi et bons repas — on va devenir Maulywood », a t il lancé.
Inter connexion institutionnelle
Pour Dev Sunnasy, l’enjeu majeur est l’inter connexion entre institutions: « Si la Banque de Maurice, la Mauritius Revenue Authority, la police, le Passport and Immigration Office et la FCC travaillaient de façon pleinement coordonnée, il serait plus facile de retracer l’origine et la destination des fonds », est-il avis.

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