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Me Oosman Abbasakoor : à 85 ans, il n’a pas dit son dernier mot !

Me Oosman Noormahomed Abbasakoor, Senior Attorney.

À 85 ans, Me Oosman Noormahomed Abbasakoor, Senior Attorney, continue d’exercer avec la même passion. Loin de songer à la retraite, il affirme, avec humour, pouvoir rempiler pour encore 100 ans !

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Le 4 novembre 2024, Me Oosman Noormahomed Abbasakoor a marqué un tournant dans sa carrière : 60 ans au service de la justice. À 85 ans, ce Senior Attorney, toujours aussi dynamique, ne compte pas raccrocher sa robe. 

C’est à son étude, située à la rue Sir Virgil Naz, à Port-Louis, que nous l’avons rencontré. Nous remontons le fil de son histoire. Le 3 mai 1939, Oosman Noormahomed Abbasakoo voit le jour à Port-Louis. Troisième d’une fratrie de cinq enfants, il raconte que son père était commerçant de la capitale et sa mère, femme au foyer. Malheureusement, elle décède alors qu’il n’a que cinq ans.

Il fréquente l’école primaire Sunee Surtee avant de rejoindre la Grammar School. Après avoir complété ses études secondaires, il travaille dans le magasin de son père à la rue Royale pendant deux ans, avant de prendre de l’emploi comme clerc à l’étude de feu Me Bhoopal Beeharry-Panray, avoué, pendant quatre ans.

Quand et pourquoi a-t-il décidé de devenir avoué ? « Après mes études secondaires, je pensais partir en Allemagne pour devenir ingénieur naval. Mais mes parents devaient déjà financer les études de mes frères et sœurs. Mon frère aîné avait fait des études de droit, le deuxième, de comptabilité. Un autre avait opté pour la médecine. Mon père m’a alors conseillé de choisir la filière d’avoué, puisque mon grand frère avait choisi d’être avocat. »

Il entame, par ses propres moyens, des études de droit. À l’époque, dit-il, les choses étaient différentes. « Il fallait d’abord compléter ses études de droit, puis déposer une demande auprès du bureau du chef juge de la Cour suprême. La demande devait être accompagnée d’une attestation d’études signée par un membre de la profession légale. Le chef juge constituait alors un panel composé de juges, d’avocats et d’avoués. Le candidat était soumis à une série de questions pour tester son aptitude à devenir avoué. Mais à la suite d’un changement des règlements, une épreuve écrite a été introduite, et j’ai choisi cette option. » 

Après avoir réussi les examens d’avoué, Me Oosman Noormahomed Abbasakoor est admis au barreau le 4 novembre 1964. « À l’époque, les avoués plaidaient leurs affaires en Cour. Je me souviens de mon deuxième cas. Cela concernait un litige foncier devant le tribunal de Flacq. Je me suis retrouvé face à feu sir Marc David, King’s Counsel. Après les plaidoiries, il est venu vers moi pour me féliciter, en disant qu’il prévoyait que je gagnerais cette affaire. Cela a effectivement été le cas », se remémore Me Oosman Noormahomed Abbasakoor.

À ses débuts, poursuit-il, ses honoraires variaient entre Rs 2 et Rs 15. « Je me rendais au bureau à 4 heures du matin. Il fallait rédiger ses notes à la machine à écrire. Comme il n’y avait pas encore de photocopieuses, il fallait parfois rédiger plusieurs fois les mêmes notes pour les juges et les adversaires. » 

Plus tard, sa profession l’a amené à côtoyer feu sir Anerood Jugnauth, qu’il décrit comme faisant partie de la « crème » de la profession. Il a également été nommé conseil légal de plusieurs banques du pays. Après avoir travaillé avec le père, il a aussi été amené à côtoyer Pravind Jugnauth.

Me Oosman Noormahomed Abbasakoor révèle qu’il a envisagé une carrière politique sous l’ère de sir Seewoosagur Ramgoolam, mais il a préféré rester dans sa profession car il gagnait bien sa vie. Il a été inspiré par plusieurs avocats de renom, notamment feu sir Yousuf Mohamed, Senior Counsel, et sir Hamid Moollan, King’s Counsel.

En 1995, Me Oosman Noormahomed Abbasakoor a été élevé au rang de Senior Attorney, un titre honorifique qu’il considère comme une reconnaissance, mais qui, selon lui, ne le rend pas « plus grand ». Comment perçoit-il l’évolution de la profession à Maurice ? Pour lui, il est désolant qu’une poignée d’avoués réclament des honoraires excessifs. « C’est une pratique qui ne fait pas honneur à la profession, mais rassurez-vous, cela ne concerne que quelques-uns, et ils sont connus. » Il déplore également le grand nombre de cas « frivoles » en Cour, estimant qu’ils représentent 50 % des affaires.

Il souligne également que les juges sont surchargés de travail. « Il faut au moins six juges supplémentaires à la Cour suprême », déclare-t-il.

Père de trois enfants, tous engagés dans des carrières professionnelles, Me Oosman Noormahomed Abbasakoor ne semble pas prêt à quitter le barreau. Bien qu’il ait envisagé une retraite pour ses 86 ans, sa passion pour le droit demeure intacte. Il affirme d’ailleurs pouvoir continuer pour encore… 100 ans !

La controverse « Sale by Levy »

Bien que son nom ait été cité dans le cadre du scandale « Sale by Levy », Me Oosman Noormahomed Abbasakoor a toujours catégoriquement nié toute implication dans des agissements répréhensibles. En tant que conseil légal de plusieurs établissements bancaires, il était naturellement amené à intervenir dans des procédures de vente à la barre. Les enquêtes menées par la commission d’enquête et les forces de l’ordre dans les années 2000 n’ont pas permis de retenir la moindre charge à son encontre.

 

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