Me Kailash Trilochun : «Le CP ne doit pas se sentir offensé, au contraire, il doit prendre des actions» 

L’avocat Kailash Trilochun était l’invité de l’émission ‘Vimen Sabapati : La bande sonore explosive’. Lors de son intervention, l’homme de loi estime qu’il y a des « propos extrêmement graves » dans la bande sonore diffusée en première partie de l’émission. 

Me Trilochun a ensuite soulevé « un point très clair ». « Un affidavit est un document très clair où un individu dit ses choses sous serment sous peine d’emprisonnement en cas de mensonge. Valeur du jour, et ce jusqu’à preuve du contraire, Vimen Sabapati a juré son affidavit en connaissance de cause. Ce qui a été écrit noir sur blanc dans le document a une valeur intrinsèque et il y a une présomption de vérité », a-t-il souligné.

Ce qui est « choquant », indique l’avocat, c’est que l’affidavit contient « des insinuations et des allégations directes ». « Des noms sont mentionnés et il y a des précisions. Je pense que le Commissaire de police (CP), Anil Kumar Dip, a dû ‘brief’ le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à propos de ces allégations. Dans un État démocratique, il faut qu’il y ait une perception que de telles allégations ne partent pas dans le vide. La situation demande qu’une enquête indépendante soit initiée. Il semble que les policiers mentionnés dans l’affidavit sont toujours en fonction. Le fait qu’ils soient encore en poste, à la suite de ces allégations, est un élément choquant. Li amenn enn move zimaz », souligne l’homme de loi.

L’intérêt public

Me Trilochun craint ainsi que toute la force policière ne soit pointée du doigt à la suite des agissements de certains éléments. « Nous vivons dans un État démocratique et tout doit se dérouler dans la transparence. Nous n’avons pas encore eu la version des faits des policiers cités dans l’affidavit. Ils ont tous leurs droits de fournir leurs réponses et autres versions. Mais il y a également l’intérêt public qui doit primer. Le CP, en bon père de famille, devra montrer qu’il ne va pas laisser de telles choses s’échapper. Il ne doit pas se sentir offensé, au contraire, il doit prendre des actions », estime-t-il.

Commission d’enquête 

L’homme de loi rappelle que le rapport de l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, à la suite des travaux de la commission d’enquête sur la drogue, avait réclamé le démantèlement de l’Adsu. « Nous devons ramener la perception de l’intégrité. Dans la bande sonore, nous comprenons qu’un policier parle de son informateur à un suspect. Cette pratique est extrêmement grave. On entend ensuite un autre policier en train dire : « Pa blie sa ti kamarad-la’. Pa bizin mont lor pie pou konpran. C’est du moins une perception de corruption. Il faut corriger cette pratique. Si tout ce qui a été dit est vrai, le système est pourri jusqu’à la moelle. Et c’est triste et choquant. Cette affaire doit aller au-delà d’une simple enquête policière. (…) Le problème est systémique. C’est la raison pour laquelle il faut instituer une commission d’enquête approfondie afin de ratisser large », martèle Me Trilochun.

Selon l’avocat, la commission d’enquête doit « opérer en permanence et doit détenir tous les pouvoirs afin de mener les enquêtes en toute indépendance après consultations avec les représentants sociaux ». « Le gouvernement a le devoir de démontrer que ces agissements ne sont pas tolérés. La population doit être rassurée », fait ressortir l’avocat. Me Trilochun indique, par ailleurs, que certains officiers de police vivent au-dessus de leurs moyens. Il a ensuite qualifié le ‘Reward money’ comme étant « un scandale ».

Franklin

Quid de la connexion entre le dénommé Franklin et certains policiers ? « Nous devons avant tout respecter le dénommé Franklin, car il n’a pas été condamné par la cour pour trafic de drogue. Nous présumons qu’il est innocent. Mais ‘SI’ ces propos sont vrais, le terme choquant est faible. Si des hauts gradés de l’Adsu collaborent avec des trafiquants de drogue c’est très grave. L’institution doit être démantelée sans plus tarder. En écoutant la bande sonore, j’ai été frappé par l’aisance avec laquelle les protagonistes sont en train de parler. Il y a des affinités choquantes. Ils sont en train de parler sans réserve », déplore Me Trilochun.