Mise à jour December 29, 2025, 7:00 pm

Me Emmanuel Yaell Laval : pour le droit au service des plus vulnérables

ÉCRIT PAR
Kursley Thanay
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Emmanuel Yaell Laval en compagnie de ses proches après la prestation de serment devant la Cour.
Emmanuel Yaell Laval en compagnie de ses proches après la prestation de serment devant la Cour.

Emmanuel Yaell Laval, 26 ans, a prêté serment comme avoué, le 19 décembre 2025 devant la Cour suprême. Parcours d’un jeune homme issu d’un environnement difficile, animé par la conviction que le droit doit être au service des plus vulnérables.
Emmanuel Yaell Laval est né et a grandi à Sainte-Croix. Il a aussi habité pendant un certain temps à Baie-du-Tombeau, avant de revenir dans son quartier d’origine. Son père, Wesley Laval, est maçon, tandis que sa mère, Noelline, travaille comme étiqueteuse chez Mauritius Duty Free Paradise. Sa sœur est encore étudiante. Il vient d’une famille modeste, confrontée aux réalités du quotidien.

C’est justement dans ce contexte qu’est née sa vocation. À l’âge de 18 ans, un différend avec un voisin plus âgé va être déterminant. « À l’époque, je ne connaissais rien au droit. Quand la police a refusé d’enregistrer ma plainte, j’ai compris à quel point on peut se trouver démuni sans protection juridique », confie-t-il. Cette expérience agit comme un déclic : d’abord, chercher un homme de loi pour défendre ses droits, puis devenir lui-même cet homme de loi.

Il a commencé sa scolarité à l’école Notre-Dame-de-la-Paix, avant de se poursuivre au collège La Confiance. Très tôt, les notions de règles, d’ordre et de justice l’interpellent. « Je me demandais comment me défendre et comment défendre les autres, surtout ceux qui n’ont ni les moyens ni la connaissance », explique-t-il.

Après le collège, il s’oriente sans détour vers le droit. Il entame un LLB (Law with Honours) à l’université de Maurice en 2018. Son parcours universitaire est marqué par la pandémie de Covid-19, qu’il traverse non sans difficulté. Il termine ses études en 2022. « Cette période n’a pas été facile, mais j’ai toujours gardé la foi », dit-il simplement.

En 2024, il complète sa formation professionnelle au Council for Vocational Legal Education à Ébène. « Je me souviens qu’il fallait courir pour avoir un autobus après les cours qui se terminaient à 18 heures. Je prenais un premier autobus jusqu’à Résidences Vallijee et j’arrivais là‑bas vers 18 h 40. Puis je prenais un autre autobus à 19 heures pour Sainte‑Croix. Bref, je rentrais aux alentours de 19 h 45 », relate le jeune homme. 

Il commence ensuite sa carrière au State Law Office, au sein de la Law Revision Unit, où il travaille sur la rédaction des lois. En novembre 2024, il entame son pupillage à l’Attorney General’s Office, qu’il effectue pendant une année sous la supervision de Mᵉ Arveena Ghoose, Senior State Attorney. « C’était le meilleur endroit pour faire mon pupillage. J’y ai appris des choses qui, je suis sûr, ne sont enseignées nulle part ailleurs », dit‑il. 

Son parcours est jalonné de rencontres déterminantes. Parmi ses mentors, il cite Mᵉ Richard Toulouse, son ancien enseignant à l’université de Maurice, ainsi que son pupil master. Des figures qui l’ont guidé et encouragé dans ses choix professionnels.

Parallèlement, Mᵉ Emmanuel Yaell Laval est engagé au sein de la Commission justice et paix. Son attachement à l’Église, notamment à la cathédrale Saint-Louis, a profondément façonné sa vision du métier. « Pour moi, le droit n’est pas seulement une profession, c’est une vocation, un appel », avance-t-il. Être avoué, explique-t-il, c’est écouter, accompagner et soutenir humainement des personnes souvent en détresse. À l’instar de son guide spirituel, le bienheureux père Jacques Désiré Laval.   Il tient à clarifier la distinction entre les métiers du droit. L’avoué, explique-t-il, est celui qui prépare et instruit les dossiers : rédaction des plaintes, actes et procédures, suivi du dossier et lien entre le client et l’avocat. L’avocat, lui, plaide devant le tribunal. « J’aime le travail de fond, l’analyse, la préparation. C’est ce rôle-là qui me correspond », confie-t-il.

Aujourd’hui, Mᵉ Emmanuel Yaell Laval exerce depuis son cabinet à Saint James Court, à Port-Louis, aux côtés de Mᵉ Richard Toulouse. En dehors du travail, il trouve son équilibre dans le jogging et la prière, des moments essentiels pour rester centré face aux exigences de la profession.

Son message aux jeunes, il le livre sans détour, en créole, avec l’authenticité de celui qui a vu les ravages de certaines dérives. « Evit bann fleo kouma lalkol ek ladrog. Zot kapav reysi, mem si zot sorti dan enn milie difisil. Mwa mem mo sorti dan site. Pa les zot inflianse. Azordi, ena boukou dimounn ki gagn diplom, me zot tom dan ladrog. Ladrog pa fer diferans ant ris ek pov. »


Il a dit : « Je suis reconnaissant »

Me Emmanuel Yaell Laval a eu le soutien de quelques personnes pour atteindre son objectif de devenir avoué. Il est reconnaissant envers les personnes qui ont contribué à payer ses études. « À l’époque, ma mère avait déjà un emprunt à rembourser et il fallait trouver de l’argent rapidement pour pouvoir payer le Law Practitioners Vocational Course. Heureusement, des ONG et des personnes bienveillantes au sein de l’Église m’ont aidé. Je leur suis reconnaissant. » Il remercie aussi ses parents qui l’ont soutenu.
 

 

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