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Me Akil Bissessur : «Plusieurs subterfuges pour me piéger…»

Me Akil Bissessur

L’avocat Akil Bissessur crie à la vendetta. C’était lors de sa comparution devant le tribunal de Mahébourg le mercredi 21 juin 2023. Sa compagne Doomila Devi Moheeputh et son frère Avinash Bissessur, également arrêtés, se sont présentés devant l’instance. Ils sont provisoirement inculpés de trafic de drogue. Leurs hommes de loi ont réclamé leur remise en liberté sous caution. La motion sera débattue le 26 juin 2023.

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La police a objecté à la remise en liberté des frères Akil et Avinash Bissessur et de Doomila Devi Moheeputh, la compagne du premier nommé. Trois points d’objection ont été avancés : interférence avec des témoins ; manipulation de preuves et risque de récidive. Un ordre d’interdiction de voyager a été déposé contre les trois devant la magistrate Doorgeshnee Dinya-Mooloo. Ils sont maintenus en cellule policière.

« Je crains pour ma sécurité et pour mon avenir en tant qu’avocat. J’ai des appréhensions que plusieurs ruses ont été mises en place pour essayer de me piéger et me mettre derrière les barreaux. J’ai été détenu incommunicado jusqu’à 17 h 15, le 20 juin 2023. Jusqu’à présent, aucune déposition n’a été consignée », a affirmé Me Bissessur en Cour, le mercredi 21 juin 2023.

L’homme de loi a débuté son récit en évoquant qu’en trois ans, pas moins de quatre accusations provisoires retenues contre lui ont été rayées, comprenant celle de trafic de drogue devant le tribunal de Bambous. Me Akil Bissessur est revenu sur les faits survenus le mardi 20 juin 2023. Il dit avoir reçu un appel sur son portable de l’agent de sécurité affecté au portail de son bloc d’appartement à Quatre-Bornes. L’homme lui a dit : « Ena enn parsel pou ou ek ena fakter inn vini, desann ».

L’avocat dira avoir répondu qu’il n’a jamais commandé quoi que ce soit. Il a dit avoir eu la présence d’esprit d’enregistrer sur son téléphone portable, en live, son refus de prendre possession du colis. Me Bissessur a déclaré avoir interrogé le facteur sur ce colis, mais ce dernier n’a pu lui répondre. Et c’est là, dit-il, qu’il a su qu’il a été piégé.

C’est alors qu’il a vu des officiers de la Special Striking Team (SST) se diriger vers lui et l’assistant-surintendant de police (ASP) Ashik Jagai lui indiquant que c’était un exercice de « controlled delivery ».

Son appartement a ensuite été perquisitionné. Me Bissessur dit avoir été surpris d’apprendre qu’un téléphone portable a été retrouvé dans un tiroir dans une chambre. Car, un peu plus tôt, quand les officiers ont fouillé le tiroir en sa présence, ils n’avaient rien trouvé d’incriminant. Les policiers ont saisi des « ti-papier » dans un plumier. Or, l’avocat maintient qu’il n’y avait pas ces papiers à rouler dans ce plumier.

Aussi Me Bissessur a soutenu que sa belle-mère a vu comment cet appareil a été « planté ». L’avocat a soutenu n’avoir jamais utilisé ce téléphone portable ni avoir été en possession de ces « ti-papier ». Il a maintenu qu’il a été piégé, car il est un opposant au régime actuel.

Ce qui est reproché aux protagonistes

Me Akil Bissessur, âgé de 41 ans, sa compagne Doomila Devi Moheeputh, âgée de 48 ans, et son frère, Avinash Bissessur, âgé de 35 ans, font chacun face à une accusation provisoire de « Conspiracy to import dangerous drug » devant le tribunal de Mahébourg.

Selon l’acte d’accusation, ils auraient ourdi un complot, en mai 2023, pour importer 1 022 comprimés soupçonnés d’être une drogue dangereuse. Un colis de drogue qui a atterri, le 16 juin 2023, à Maurice.

La drogue, qui provenait du vol BA 2065 d’Allemagne, a été interceptée par des officiers de la compagnie Plaisance Air Transport Services et la police à l’aéroport international de Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) à Plaine-Magnien. Le colis serait au nom d’Avinash Bissessur à l’adresse de l’avocat, soit BK A 9, Dreamton Park, avenue des Tulipes, Quatre-Bornes.

Article interdit

Hormis cette accusation, l’homme de loi fait également face à deux autres accusations provisoires, notamment « attempt to possess dangerous drug for the purpose of distribution with an averment of trafficking » et « possession of prohibited goods ».

Selon le libellé de l’accusation provisoire, Me Bissessur aurait tenté de prendre possession du colis qui lui aurait été livré par un policier se faisant passer pour un facteur. Au même moment, il aurait été alerté par sa compagne, Doomila Devi Moheeputh, de la présence de la police. Il est également accusé d’être en possession de trois feuillets de papier à rouler. Ces délits auraient été commis le 20 juin 2023 à Quatre-Bornes.

Complicité

Quant à sa compagne Doomila Moheeputh, elle est poursuivie pour complicité (Aiding and abetting in the commission of a crime). Il lui est reproché d’avoir empêché Me Bissessur de prendre possession du colis livré, par un policier qui se faisait passer pour un facteur. Cela en alertant l’avocat de la présence de la police. Un délit commis le 20 juin 2023 à Quatre-Bornes.

Drogue dangereuse pour la revente

Avinash Bissessur, quant à lui, fait l’objet d’une deuxième accusation provisoire : possession de drogue dangereuse pour la revente. Il serait en possession de 34 comprimés de « Intas » qui sont soupçonnés d’être une drogue dangereuse. Un délit commis le 20 juin 2023, à Quatre-Bornes.

Les motions de la défense

  • Des plaintes seront consignées à la Commission des droits humains et au Bar Council
  • Elle déplore n’avoir pas eu accès à ses clients
  • Les avocats souhaitent bénéficier d’une protection
  • L’enquête doit être menée par une équipe autre que la SST
  • Les hommes de loi se réservent le droit de loger des plaintes au civil contre l’ASP Ashik Jagai et les officiers de la SST
  • Ils disent avoir des raisons de croire que le téléphone saisi chez Me Akil Bissessur s’agit d’un téléphone cloné
  • Les pièces à conviction et le téléphone portable saisis doivent être préservés dans une pièce sous caméra 24/7 et non à la SST
  • Le « tracking number » du colis de drogue doit être communiqué à la défense afin qu’il soit vérifié par des confrères en Allemagne
  • Que l’emballage du colis original soit conservé.
  • Qu’une photo avec le nom du destinataire et de l’expéditeur soit communiquée dans le plus bref délai. Les avocats disent savoir que le nom d’Akil Bissessur n’apparaît nulle part sur les emballages du colis
  • Un prélèvement ADN effectué sur le téléphone portable et les « ti-papier » saisis
  • Que les images de l’enregistrement effectué par un officier de SST leur soient remises. Selon la défense, cela démontrera que Me Bissessur n’était pas présent près du tiroir ou du plumier quand le téléphone portable et les « ti-papier » avaient été saisis
  • Toutes les informations concernant le colis (manifeste, poids du colis, reçu, coût d’assurance du fret) soient communiquées.
  • Une copie du mandat de perquisition
  • Des images CCTV de la zone où le colis a été intercepté, ouvert et remplacé par un faux… Quels sont les officiers qui étaient présents et si cela a été effectué à l’aéroport
  • La défense souhaite obtenir le rapport d’un expert ayant analysé le colis
  • Les avocats veulent avoir un relevé des appels effectués et reçus par les officiers de la SST provenant d’Allemagne
  • L’avocat de Doomila Moheeputh a réclamé à ce que sa cliente puisse prendre son médicament
 

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